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Biographie

Badinter, le Maître des convictions

Publié le 14 mai 2013,
par VisionsMag.
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Pour dessiner le portrait d’un abolitionniste, un militant, un avocat décapant, un ministre entreprenant : prenez une bonne dose de convictions, beaucoup d’obstination, une touche d’éloquence, une pointe d’humour, fournissez un travail acharné et pointilleux… Vous obtiendrez certainement les traits d’un homme singulier.

Robert Badinter, né à Paris le 30 mars 1928, n’a que 15 ans lorsque son père, juif originaire de Russie, est arrêté par les Allemands, déporté et décède dans un camp en Pologne. Grandir avec une mère illettrée ne l’a pas empêché de nourrir une passion pour les lettres, les arts et le Droit. Le petit Robert a le sens des mots justes et déjà l’expérience des maux durs.

« Plaider c’est bander, convaincre c’est jouir » Robert Badinter

Alors que le droit chemin tire par la robe ses compagnons, futurs juges et avocats, Badinter se rêve maître de Droit. Attiré par les amphithéâtres et le monde de la scène, Badinter badine avec l’amour. Par le fruit du hasard, la certitude du juriste fait soudain place au revirement, il troque la théorie pour la toge et devient avocat. Mariant le droit à la philosophie, la robe noire à la blanche robe, il épouse Elisabeth et avec elle, le féminisme, et l’amour des causes justes.

Inscrit au Barreau de Paris en 1951, c’est auprès de son mentor Henri Torrès, maître d’éloquence et non grandiloquent, qu’il connait ses premiers combats. Captivé par la tragédie judiciaire, il se plaît à humer la justice et flairer les grandes affaires. Il prêtera à Torrès sa conception du Barreau « plaider c’est bander, convaincre c’est jouir ». Associé à Jean-Denis Bredin, Badinter devient ténor, maitre de conférences, maîtrise l’agrégation et mérite le titre de Professeur.

Badinter défenseur de Roger Bontems, le tournant

En 1972 une affaire va bouleverser sa vie et propulser sa carrière. Défenseur de Roger Bontems, il lutte hardiment à la Cour d’Assises, mais s’effondre aux pieds de l’échafaud à la Cour de la Santé. L’impitoyable verdict tombe, le glaive tranchant, emportant avec lui l’illusion d’une Justice. Le souvenir de cet échec révoltant hante Robert Badinter, à cet instant « le seul procès qui convenait était celui de la peine de mort ».

En 1977, il représente Patrick Henry dans un nouveau duel avec la veuve rouge. Cette fois, les mots se font échos dans le prétoire et Badinter emporte sa première victoire sur la justice qui tue. Alors que l’avocat affirmait encore avec passion qu’ « Il n’est point d’homme en cette terre dont la culpabilité soit totale », l’homme politiquement engagé part à la conquête de l’Assemblée, lieu où l’opinion se fait publique et au nom du public.

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Une victoire sur la justice qui tue

En 1981, Robert Badinter, maître au palais de la Cité, devient ministre de la justice au palais de Bourvallais. Nommé garde des sceaux, sous la présidence de François Mitterrand, il ouvre à la France la porte des droits de l’Homme, et à l’Assemblée la boîte de Pandore. « Parce qu’elle pose question à toute conscience humaine » il signe l’arrêt de mort de la peine capitale 1981. Vaillant défenseur des libertés publiques, il se fait l’avocat d’une justice plus équitable : suppression des juridictions d’exception, accès des justiciables à la Cour Européenne des Droits de l’Homme, protection des droits des détenus et des victimes, égalité de tous devant la loi.

Pour cet homme engagé, « la justice est multiple et partout, à la fois en France mais elle a aussi une dimension universelle », le combat contre la peine de mort et pour les droits de l’Homme ne se borne pas aux frontières établies.
Missionnaire d’une justice pénale internationale et pour l’abolition universelle de la peine de mort, Badinter exporte sa vision du Droit. Sous ses différents titres (Président du Conseil Constitutionnel, membre de la Commission d’arbitrage de la Conférence pour la paix en ex-Yougoslavie, promoteur de la création de l’OSCE, Sénateur…) il poursuit toujours le même objectif : une justice plus humaine.

Robert Badinter, né à Paris le 30 mars 1928, n’a que 15 ans lorsque son père, juif originaire de Russie, est arrêté par les Allemands, déporté et décède dans un camp en Pologne.

Badinter : une conviction et une résistance

Ses ambitions et projets ne diminuent pas avec le temps. Deux vertus demeurent vibrantes en lui, une conviction absolue dans la cause qu’il défend ainsi que sa résistance à l’impopularité. Regardant avec recul ses combats, Badinter confesse: « je suis une vieille valise avec bien des étiquettes de toutes mes activités, mais c’est enseigner que j’ai préféré ».

A 83 ans, Robert Badinter reprend les activités judiciaires, il crée un cabinet de conseil virtuel sur Internet, avec de jeunes juristes qui veulent résoudre des points de droit complexes. Le ténor du barreau inaugure un opéra et écrit de nombreux livres. Modèle des nouvelles générations, il est nommé parrain de la promotion 2013 de l’EFB, une aubaine pour enseigner l’art de plaider avec convictions !