Hamza Namira: le rossignol de la révolution égyptienne Hamza Namira: le rossignol de la révolution égyptienne Hamza Namira: le rossignol de la révolution égyptienne
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Hamza Namira: le rossignol de la révolution égyptienne

Publié le 20 janvier 2014,
par VisionsMag.
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Lorsqu’en janvier 2011 éclate la révolution égyptienne, Hamza Namira est un chanteur au succès bien installé. Ses textes sont repris en chœur par une jeunesse qui aspire à un autre monde. La révolution va donner au chanteur une nouvelle dimension en faisant de lui une icône dont la voix porte tous les espoirs d’un pays.

Lorsque le 7 février 2011 Wael Ghonim, cyberdissident égyptien est libéré, il livre à la télévision un témoignage poignant sur ses conditions de détention dans les locaux de la sécurité d’Etat. Alors que la révolution se cherche un second souffle, ses larmes lorsqu’il apprend le nombre de personnes décédées au cours des manifestations, touchent tout un pays au cœur.

Cette émotion partagée par un peuple en effervescence, va donner un nouvel élan à la contestation. Dès lors, la révolution ne s’arrêtera plus avant le départ du pouvoir de Moubarak, le 11 février 2011. Au cours de son interview, Wael Ghonim, révélera qu’il a réussi à ne pas perdre espoir en ânonnant silencieusement dans sa geôle les paroles d’une chanson. Cette balade a pour titre « Ehlam Ma’aya » (Rêve avec moi), son interprète est un jeune talent de la scène « pop » égyptienne, Le mythe d’Hamza Namira vient de naître. Le jeune chanteur va devenir le poète de tout un peuple.

Le rossignol de la chanson égyptienne

Hamza Namira, a commencé à se faire entendre dès avant le printemps arabe. Sa voix chaude, ses mélodies qui mêlent tradition orientale et modernisme, son humanisme qui le rapproche d’un John Lennon, lui vaudront un rapide succès. La jeunesse égyptienne qui aspire à un autre avenir, se retrouve dans sa poésie. Il gagne très vite le surnom de rossignol de la chanson égyptienne.

C’est en Arabie Saoudite, en novembre 1980, que nait Hamza Namira. Dans ce pays, il fait très jeune l’expérience du dogmatisme religieux. Cette confrontation avec l’orthodoxie la plus sévère va, semble-t-il, marquer durablement son engagement en lui inspirant une philosophie humaniste. Dès lors, il ne cessera de se dresser face à tous les obscurantismes et à chanter un monde dont la juste mesure serait l’aspiration des hommes au bonheur.

Lorsqu’à douze ans, il gagne l’Egypte, le pays de ses parents… son pays, rien ne le prédestine à une carrière de chanteur. Si son père, médecin et musicien amateur, tente de lui inculquer quelques rudiments de cet art, il y reste cependant plutôt imperméable. Son enfance est celle des plus banales, d’un jeune garçon de la classe aisée, qui s’ennuie à l’école, se passionne pour le football et se prépare sans enthousiasme à des études de comptabilité.

« Imagine »

C’est à l’adolescence qu’il revient à la musique. Il apprend le clavier, la guitare et l’oud (instrument de musique à cordes pincées très répandu dans les pays arabes). Hamza Namira écrit alors ses premières chansons. Il a un don, une voix douce et moderne, et un talent, sa poésie.

Le public trouve dans ses chansons une fraîcheur qui dénote dans une scène musicale arabe bien sclérosée. La jeunesse adhère rapidement à ses textes qui parlent de la vie contemporaine du monde arabe, de paix et de liberté. Chantre d’une fraternité proche de celle que célèbrent en France, les chansons d’Enrico Macias, Hamza Namira rêve d’une « Utopia », d’un monde de paix et d’espoirs, qui préfigure les revendications des contestataires de la place Tahrir.

Hamza Namira: le rossignol de la révolution égyptienne
Hamza Namira, chanteur égyptien à succès, dont la révolution a fait une icône et la voix de tous les espoirs d’un pays.

Des chansons reprises comme des hymnes

Lorsque le 25 janvier 2011, la foule se masse pour la première manifestation du printemps égyptien, Hamza Namira est déjà un chanteur à la notoriété bien établie. La révolution va lui donner une nouvelle stature. A l’instar de ce qu’a pu être Bob Dylan pour la jeunesse contestataire américaine des années soixante. Et plus encore, à l’exemple, d’un Vladimir Vyttosky, chanteur russe dont les cassettes pirates circulaient sous le manteau malgré l’interdiction du régime soviétique de Brejnev. Hamzira Namira devient plus qu’un chanteur.

Sa popularité dépasse le simple succès musical. Ses chansons sont reprises comme des hymnes par un pays qui rêve tout haut d’une nouvelle société. Sa voix porte les espoirs et les douleurs de tout un peuple qui le reconnaît dès lors comme une icone. On le compare, à un autre poète symbole de l’Egypte, le chanteur Sayed Darwich, père de la musique populaire égyptienne et créateur de l’hymne national.

L’histoire ne s’arrête jamais. Il y bien longtemps que les grands soirs ont déserté la place Tahrir. La révolution est passée ? L’Egypte semble toujours engluée dans ses contradictions. Loin d’être gagné par l’amertume, Hamza Namira continue de chanter l’espoir d’un monde de respect et d’amour. Le rossignol ne se tait pas et ses chansons portent toujours les beaux rêves des hommes.