Un an de controverse autour du directeur du FBI Un an de controverse autour du directeur du FBI Un an de controverse autour du directeur du FBI
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Un an de controverse autour du directeur du FBI

Publié le 10 mai 2017,
par Reuters.
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WASHINGTON (Reuters) – Donald Trump a déclenché une tempête politique en limogeant mardi le directeur du FBI James Comey, qui dirigeait l’enquête sur les soupçons d’ingérence de la Russie dans la campagne présidentielle américaine de 2016 avec l’éventuelle complicité de l’équipe de campagne du futur président.

Le renvoi de James Comey est le dernier développement en date des turbulences que traverse le Bureau fédéral d’enquête depuis près d’un an sur fond de campagne électorale.

 

5 JUILLET 2016

Quelques semaines avant l’investiture d’Hillary Clinton lors de la convention démocrate de Philadelphie, le FBI estime que l’ex-secrétaire d’Etat a fait preuve de « négligence extrême » en utilisant un serveur de messagerie privé lorsqu’elle dirigeait la diplomatie américaine sous le premier mandat de Barack Obama (2009-2013) mais recommande qu’elle ne soit pas poursuivie.

« Bien qu’il incombe au département de la Justice de rendre la décision finale sur des sujets de ce genre, nous disons à la justice qu’à nos yeux, aucune poursuite n’est appropriée dans ce cas », déclare James Comey à la presse à Washington.

Le directeur du FBI explique que les agents fédéraux n’ont pas établi que Clinton ou son entourage aient intentionnellement voulu violer la loi. Rien ne prouve, ajoute-t-il, que quiconque ait piraté les communications de l’ancienne secrétaire d’Etat.

Donald Trump, qui estime que l’affaire devrait disqualifier sa rivale dans la course à la Maison blanche, réagit à l’annonce du FBI en dénonçant un « système truqué ». « Très, très injuste! Comme d’habitude, erreur de jugement », écrit-il sur Twitter. « Le directeur du FBI a déclaré qu’Hillary la véreuse (« Crooked Hillary ») avait compromis notre sécurité nationale. Et pas de poursuites. Wouah! »

 

28 OCTOBRE

A onze jours de l’élection présidentielle, le directeur du FBI annonce dans une lettre adressée à des parlementaires que l’agence fédérale va ouvrir un complément d’enquête après avoir découvert, dans le cadre d’une affaire sans aucun lien, de nouveaux courriels envoyés par Clinton depuis sa messagerie personnelle.

« Je ne peux pas prédire le temps qu’il nous faudra pour effectuer ce travail complémentaire », écrit Comey.

En campagne dans le New Hampshire, Trump s’empresse de partager la nouvelle avec ses partisans. « J’ai un grand respect pour le fait que le FBI et le département de la Justice soient désormais disposés à avoir le courage de rectifier l’horrible erreur qu’ils ont commises », dit-il.

Dans le camp démocrate, c’est la stupeur.

 

22 JANVIER 2017

Deux jours après son investiture, Trump aperçoit Comey lors d’une réception à la Maison blanche. Il l’invite à le rejoindre et les deux hommes se serrent chaleureusement la main et se donnent une brève accolade. « Il est devenu plus célèbre que moi », plaisante le 45e président des Etats-Unis.

 

13 FEVRIER

Vingt-quatre jours après son entrée en fonction, Trump pousse à la démission son conseiller à la sécurité nationale, Michael Flynn, à la suite de révélations sur une conversation de que l’ancien général a eue avec l’ambassadeur russe à Washington avant l’investiture. Il apparaît que Flynn a caché au vice-président Mike Pence une partie du contenu de cette discussion.

Flynn apparaît dès lors comme une figure centrale dans les enquêtes sur les accusations d’ingérence de la Russie pendant la campagne électorale 2016 et sur une collusion éventuelle entre l’équipe de campagne de Donald Trump et Moscou.

 

20 MARS

Devant la commission du Renseignement de la Chambre des représentants, James Comey confirme qu’une enquête est en cours au FBI pour établir si le gouvernement russe a effectivement tenté de manoeuvrer et si l’équipe de Donald Trump a entretenu des contacts avec Moscou.

Il note en parallèle qu’il n’existe aucune preuve que Trump ait été écouté pendant sa campagne sur ordre du président Obama, contrairement à ce qu’a affirmé le nouveau président dans une série de tweets publiés quelques jours plus tôt.

 

2 MAI

Hillary Clinton, qui s’exprime lors d’une conférence sur les femmes à New York, impute sa défaite électorale à l’intervention tardive du directeur du FBI dans la campagne et à la publication par WikiLeaks de courriels du président de son équipe de campagne, John Podesta.

« Si cette élection avait eu lieu le 27 octobre, je serais votre présidente », affirme-t-elle.

Dans la soirée, Trump réplique à coup de tweets. « Le directeur du FBI Comey est la meilleure chose qui soit arrivée à Hillary Clinton car il lui a fourni un laisser-passer pour ses si nombreuses mauvaises actions », écrit-il.

Interrogé le lendemain sur ce tweet, Sean Spicer, le porte-parole de la Maison blanche, indique que « le directeur (du FBI) a la confiance du président ».

 

3 MAI

Comey est entendu devant la commission sénatoriale des affaires judiciaires.

Il confesse se sentir « légèrement nauséeux » à l’idée que sa décision du 28 octobre a pu avoir un impact sur l’élection mais ajoute ne pas avoir eu le choix après avoir découvert qu’une assistante de la candidate démocrate, Huma Abedin, avait transféré des emails classifiés à son mari.

« Garder le silence aurait constitué à mes yeux un acte de dissimulation. La dissimulation aurait été de mon point de vue catastrophique », se justifie-t-il.

 

8 MAI

Le site ProPublica fait état de potentielles inexactitudes dans les déclarations de Comey concernant Huma Abedin. Il ajoute que le FBI préparerait une rectification mais que le dossier est suspendu, le bureau hésitant sur ce qu’il a à faire.

 

9 MAI

En milieu d’après-midi, dans la salle de presse de la Maison blanche, Sean Spicer est une nouvelle fois interrogé. Trump fait-il toujours confiance à Comey ? Cette fois, le porte-parole élude. « Je ne veux pas parler au nom du président sans lui en avoir d’abord parler », dit-il.

Vers 17h30, Spicer revient devant la presse accréditée et annonce que Trump a décidé de limoger Comey sur recommandation de l’Attorney General (ministre de la Justice) Jeff Sessions et de l’Attorney General adjoint Rod Rosenstein.

Dans une lettre diffusée auprès des médias, ce dernier évoque explicitement la gestion de l’enquête sur les courriels de Clinton.

Selon le New York Times, Comey, qui s’adresse au même moment à des agents du FBI à Los Angeles, apprend son limogeage en voyant une incrustation sur un écran de télé au fond de la pièce.

 

(Steve Holland et Jeff Mason; édité par Henri-Pierre André)