La femme, nouvel étendard du Kurdistan de Syrie La femme, nouvel étendard du Kurdistan de Syrie La femme, nouvel étendard du Kurdistan de Syrie
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La femme, nouvel étendard du Kurdistan de Syrie

Publié le 20 avril 2015,
par VisionsMag.
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La Syrie, théâtre d’un conflit qui s’enlise depuis près de 5 ans, un long tunnel sans échappatoire où la mort est devenue quotidienne, pour ne pas dire banale. Dans cette Syrie déchirée par une guerre sans fin, les Kurdes font partis des principaux acteurs et s’affirment comme le principal barrage à l’avancée des mercenaires de l’Etat islamique. Le YPG, branche armée du principal parti kurde en Syrie, le PYD, est sur tous les fronts. Il vient notamment de remporter une bataille historique le 26 janvier 2015 en reprenant Kobane, ville kurde collée à la frontière turque. Parmi les combattants kurdes, près de 40% étaient des femmes.

A Kobane, il aura fallu quatre mois pour repousser définitivement les assauts des hommes à barbe de l’Etat islamique (EI), quatre mois de combats intenses où la situation, au début quasiment désespérée, s’est renversée en faveur des forces kurdes. Kobane aura été le symbole d’une résistance acharnée des combattants kurdes face à la barbarie d’individus aux idéaux d’un autre temps. Toutefois, ce qui a principalement retenu l’attention de la communauté internationale aura été le rôle déterminant de la femme. En effet, elle ne figurait pas à l’arrière à s’occuper des blessés, préparer la logistique ou à organiser le ravitaillement des troupes au front. Non, car la femme était justement au front, kalachnikov à la main, sur le terrain de la guerre, domaine jadis réservé à la gente masculine.

Cependant ce n’est pas par manque d’effectif masculin que la femme s’est illustrée au combat mais bien par idéologie. Une idéologie fondée sur une égalité parfaite entre homme et femme. Dans une société kurde à l’origine féodale, conservatrice et traditionaliste, cette évolution des mœurs ne fut pas sans peine. Le féminisme, l’égalité entre les sexes, la lutte contre les discriminations envers les femmes ont été le fruit de plusieurs décennies de sensibilisation du PKK (parti pro kurde en Turquie). La femme n’est plus uniquement la ‘’colombe de la maison’’ comme le dit un célèbre proverbe kurde ni ’’ la fierté d’une famille’’, elle est désormais l’emblème d’un peuple.

Mais la femme kurde n’est pas seulement une combattante perdue dans la désolation de la guerre, elle est partie prenante à la fois au commandement des troupes de combat mais aussi à la politique d’administration des territoires kurdes.

Pas nouveau pour le Pkk

Pour preuve, le commandement du YPG à Kobane était organisé selon une direction paritaire, d’une part Mahmoud Barkhodan de l’autre Narine Afrine. Un homme, une femme à la tête de millier de combattants, la situation aurait pu paraître inédite, elle est désormais devenue ordinaire même logique sur tous les fronts du Kurdistan de Syrie. Ce mode d’organisation n’est pas novateur dans le sens qu’il existe depuis la création du PKK en 1984.
 En effet, Sakine Cansiz, une des trois femmes assassinées en plein Paris le 9 janvier 2013 n’était autre qu’une des fondatrices et dirigeantes du PKK …

En outre, le conflit a entraîné une situation de désordre généralisée en Syrie. L’une des premières conséquences aura été l’affaiblissement notoire de l’autorité étatique dans les régions kurdes du nord pour même disparaître dans certains territoires. Profitant de ce vide administratif et militaire, les Kurdes ont très vite su saisir l’opportunité qu’il leur a été offerte de mettre en place des structures institutionnelles visant à réaliser ce doux rêve d’autonomie, à défaut d’indépendance. Ainsi, ont été créés trois cantons correspondant aux trois régions du ‘’Rojava’’, le Kurdistan de Syrie. Chaque canton étant composé d’entités exécutives, judiciaires et législatives où la parité est de mise.

De réelles avancées en matière de droits des femmes

Ainsi c’est au sein de ces trois cantons que des décisions historiques relatives aux droits des femmes ont été prises. Historiques voire inédites car jamais de telles mesures allant vers une reconnaissance si claire des droits de la femme n’avaient vues le jour dans cette région du monde. Le Moyen-Orient demeure malheureusement une région où la place de la femme reste souvent reléguée au second plan en atteste la dernière déclaration du Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan en date du 30 mars 2015 : ‘’La femme ne peut pas être l’égal de l’homme’’.

C’est à travers le ‘’contrat social’’, véritable constitution des 3 cantons nouvellement autonomes, que se matérialise cette reconnaissance des droits des femmes. Le texte vient en effet prévoir que ‘’ le contrat social garantit l’égalité sans discrimination entre les femmes et les hommes dans tous les domaines de la vie’’. En outre de nombreux décrets sont venus alimenter ce mouvement d’émancipation de la femme : l’interdiction de la polygamie, l’autorité des mères sur leurs enfants, l’interdiction du mariage pour les filles de moins de 18 ans, la prohibition des crimes d’honneur … Soit une série d’exemple qui atteste d’une volonté réelle de consacrer une protection de la femme en attendant que la nouvelle génération l’adopte d’elle-même.

La femme, nouvel étendard du Kurdistan de Syrie
Le Kurdistan de Syrie, communément appelé le Rojava, est en voie de réaliser une avancée majeure en matière de droit des femmes.
La femme, nouvel étendard du Kurdistan de Syrie

Le Rojava, nouvel eldorado de l’égalité entre les sexes

Ainsi, que ce soit sur le terrain de la politique, de la société civile ou même de la guerre qui est une triste réalité du quotidien, la femme au Kurdistan de Syrie n’a rien à envier à la femme occidentale… au contraire ! L’évolution de ses droits suit une tangente claire : outre une affirmation constitutionnelle solennelle, c’est désormais la société kurde elle-même qui est en passe d’assimiler ce nouvel état d’esprit, de façon naturelle désormais. Car oui, la femme est tout à fait en mesure de participer aux affaires politiques à l’instar de l’homme. Car oui, la femme manie aussi bien une arme automatique que l’homme, au grand damne des djihadistes, ces derniers estimant que de mourir sous une balle tirée par une femme, leur fermeraient les portes du paradis. Mais le chemin est encore long…

Référence de l’image : www.actukurde.fr / tatortkurdistan.blogsport.de