Le G20 plaide pour plus de dialogue sur le commerce Le G20 plaide pour plus de dialogue sur le commerce Le G20 plaide pour plus de dialogue sur le commerce
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Le G20 plaide pour plus de dialogue sur le commerce

Publié le 20 mars 2018,
par Reuters.
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BUENOS AIRES (Reuters) – Les pays du G20 ont réaffirmé mardi leur engagement à combattre le protectionnisme et souligné la nécessité « d’actions et d’un dialogue supplémentaires » sur le commerce, trois jours avant l’entrée en vigueur de droits de douane américains sur l’acier et l’aluminium.

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Réunis en Argentine, les ministres des Finances et les banquiers centraux des 20 principales économies mondiales ont débattu des risques pour la croissance mondiale liés à une éventuelle guerre commerciale déclenchée par ces tarifs douaniers américains, que les Etats-Unis devraient accompagner vendredi de sanctions commerciales contre la Chine.

« Le commerce international et l’investissement sont des moteurs importants de la croissance, de la productivité, de l’innovation, de la création d’emplois et du développement », est-il écrit dans le communiqué final de cette réunion de deux jours.

« Nous réaffirmons les conclusions de nos dirigeants au sujet du commerce lors du sommet de Hambourg et reconnaissons la nécessité d’actions et d’un dialogue supplémentaires. Nous oeuvrons au renforcement de la contribution du commerce à nos économies. »

Cet accent mis sur le dialogue intervient au moment même où Donald Trump devrait dévoiler vendredi des droits de douane susceptibles de frapper jusqu’à 60 milliards de dollars de produits chinois dans les domaines de la technologie et des télécommunications.

Le président américain ne cesse de dénoncer les déficits commerciaux des Etats-Unis, notamment vis-à-vis de la Chine, qu’il attribue à des pratiques déloyales ou à des accords multilatéraux inéquitables dont le pays serait victime.

 

AMBIGUÏTÉ

Depuis son arrivée à la Maison blanche en janvier 2017, Donald Trump a ainsi retiré les Etats-Unis du projet de partenariat transpacifique (TPP), accord de libre-échange dans la zone Asie-Pacifique, que 11 pays ont malgré tout décidé de conclure sans les Américains.

Il a aussi dénoncé l’Accord de libre-échange nord-américain (Aléna), dont il exige une renégociation sous peine d’en retirer là encore les Etats-Unis.

Il a pourtant souscrit en juillet 2017 au communiqué publié à l’issue du sommet du G20 à Hambourg dans lequel les signataires s’engageaient à « continuer de combattre le protectionnisme, y compris toutes les pratiques commerciales déloyales ».

Ils ajoutaient toutefois dans la même phrase qu’ils « reconnaiss(aient) le rôle des instruments légitimes de défense commerciale ».

Cette ambiguïté permet précisément aux Etats-Unis de défendre la mise en place de leurs droits de douane.

Les représentants de l’administration américaine à la réunion de Buenos Aires ont ainsi prévenu qu’ils ne sacrifieraient pas les intérêts nationaux des Etats-Unis au commerce mondial.

A l’issue du sommet, Bruno Le Maire a déclaré pour sa part que le commerce déloyal et la surproduction d’acier étaient à l’origine des tensions commerciales internationales.

« Cette réunion du G20 a été vraiment utile parce qu’elle nous a aidé à comprendre les difficultés de chaque nation et cela nous a aidé à faire une avancée, un pas dans la bonne direction », a dit Bruno Le Maire, précisant que les pays du G20 avaient reconnu le problème de surcapacité mondiale en acier.

« Les pratiques commerciales déloyales sont également à l’origine de nos difficultés », a-t-il dit.

Au-delà des questions commerciales, le G20 renouvelle dans son communiqué final son engagement habituel à s’abstenir de toute dévaluation compétitive et à ne pas se fixer d’objectifs de taux de change pour soutenir leurs exportations.

Ils ont néanmoins ajouté une nouvelle formule sur les taux de change mettant l’accent sur la stabilité et la flexibilité.

« Des fondamentaux solides, des politiques sensées et un système monétaire international résistant sont essentiels à la stabilité des taux de change, contribuant à une croissance et un investissement forts et durables. Des taux de change flexibles, quand c’est possible, peuvent servir à absorber les chocs », disent-ils.

 

CRYPTOMONNAIES: SURVEILLER MAIS PAS ENCORE RÉGULER

Les pays du G20 plaident enfin pour une surveillance continue des cryptomonnaies comme le bitcoin au niveau international et des risques qu’elles véhiculent en matière de protection des consommateurs et des investisseurs, d’intégrité des marchés financiers, d’évasion fiscale, de blanchiment d’argent et de financement du terrorisme.

Ils ont demandé aux autorités financières de surveiller ces « crypto actifs », sans aller jusqu’à prévoir des mesures de régulation, confirmant une information publiée lundi par Reuters notant l’absence de consensus sur le sujet.

Ils ont également salué de nouvelles normes qui doivent être proposées par le Gafi (Groupe d’action financière sur le blanchiment de capitaux), un groupe de 37 pays mis en place à Paris par le G7 afin de lutter contre la fraude financière.

Une des raisons de l’inaction du G20 est que les marchés des cryptomonnaies sont jugés trop petits pour menacer la finance mondiale. Au sommet de leur popularité, ils représentaient au total moins de 1% de l’économie mondiale, comme l’a précisé au G20 le président du conseil de stabilité financière Mark Carney.

Toutefois, le gouverneur de la banque centrale argentine, Federico Struzenegger, a indiqué qu’il y avait eu une demande pour que les pays du G20 présentent des recommandations spécifiques lors de leur prochaine réunion du mois de juillet.

La France a demandé des mesures concrètes pour commencer à réguler les actifs financiers numériques.

par Anthony Boadle et David Lawder

(Avec Jan Strupczewski, Francesco Canepa et Leika Kihara, Bertrand Boucey et Juliette Rouillon pour le service français, édité par Véronique Tison)