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Les pommes de discorde dans la relation "amicale" Trump-Macron

Publié le 20 avril 2018,
par Reuters.
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PARIS (Reuters) – Malgré les échanges d’amabilités, la relation entre Donald Trump et Emmanuel Macron, reçu la semaine prochaine à la Maison blanche, reste dominée par une série de désaccords sur les sujets internationaux et économiques qui n’ont pas assombri pour l’heure les échanges entre les deux alliés.

 

* IRAN

Principal point d’achoppement, la question de l’Iran et de l’avenir de l’accord sur le programme nucléaire de Téhéran menace de rompre la lune de miel qui se prolonge entre les deux présidents, tous les deux arrivés au pouvoir en 2017.

Signé en juillet 2015 par l’Iran, les Etats-Unis, la Russie, la Chine, la France, le Royaume-Uni, l’Allemagne et l’Union européenne, le JCPOA (Plan d’action global conjoint) a mis en place un encadrement des activités nucléaires iraniennes en échange d’une levée progressive des sanctions contre Téhéran.

Donald Trump, qui n’a pas mâché ses mots depuis son élection sur cet accord, a donné aux signataires européens jusqu’au 12 mai pour « réparer les affreuses erreurs » de ce texte, faute de quoi il refusera de prolonger l’assouplissement des sanctions américaines contre la république islamique.

Pour tenter de convaincre le président américain de préserver cet accord, Emmanuel Macron propose depuis plusieurs mois, avec ses partenaires allemands et britanniques, d’adopter de nouvelles sanctions contre les activités balistiques de l’Iran et son rôle dans la région – pour l’heure en vain.

 

* COMMERCE

La question du commerce a poussé Emmanuel Macron pour la première fois à hausser véritablement le ton fin mars contre son homologue américain, qui a décidé d’imposer des taxes sur les importations d’acier et d’aluminium.

« On parle de tout par principe avec un pays ami qui respecte les règles de l’OMC. On ne parle de rien par principe lorsque c’est avec un fusil sur la tempe », a-t-il déclaré.

Face à une stratégie américaine qui est « mauvaise », l’Union européenne « doit être unie et déterminée, elle n’est pas la variable d’ajustement du commerce mondial, elle n’en est pas non plus le maillon faible ou le défenseur naïf », a-t-il ajouté.

Donald Trump a donné fin mars à l’Union européenne et six pays jusqu’au 1er mai pour négocier des exemptions permanentes aux tarifs de 25% sur l’acier et de 10% sur l’aluminium qu’il a décidé d’instaurer pour mettre un terme aux « agressions » commerciales dont Washington est selon lui victime.

 

* CLIMAT

Neuf mois après son appel « Make our planet great again », Emmanuel Macron va tenter une nouvelle fois de convaincre Donald Trump de rester engagé au sein de l’accord de Paris mais les chances d’y parvenir paraissent minces.

Depuis son annonce fracassante de se désengager de cet accord qui doit permettre de contenir le réchauffement de la planète sous les 2°, le président américain n’a pas modifié d’un iota sa position à l’égard de ce texte qu’il juge « mauvais ».

Les Etats-Unis pourraient revenir au sein de l’accord si ce dernier était révisé, a-t-il répété à plusieurs reprises, une hypothèse rejetée par les autres pays signataires, au premier rang desquels la France qui a exclu tout « détricotage ».

Donald Trump estime que ce texte nuit aux intérêts économiques américains, est destructeur d’emplois et désavantage les Etats-Unis par rapport à la Chine notamment. Responsables de 15% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, les Etats-Unis se sont engagés dans le cadre de cet accord à réduire d’ici 2025 de 26 à 28% leurs émissions par rapport à 2005.

Dans une interview à CBS en décembre, Emmanuel Macron s’était dit « assez certain que [son] ami le président Trump [allait] changer d’avis dans les mois ou les années à venir ».

Pour l’heure, la résistance s’organise aux Etats dans la société civile, certains Etats et des entreprises qui font entendre leur voix. Fin mars, l’Onu a estimé qu' »indépendamment de la position du gouvernement, les Etats-Unis » pourraient être en mesure d’atteindre leurs engagements en tant que pays ».

 

* JÉRUSALEM

La décision de Donald Trump de reconnaître Jérusalem comme la capitale d’Israël, qui a mis le feu aux poudres dans la région début décembre, a été dénoncée par Emmanuel Macron – dans des termes toutefois modérés.

« C’est une décision regrettable, que la France n’approuve pas et qui contrevient au droit international et aux résolutions du Conseil de sécurité de l’Onu », avait réagi le chef de l’Etat. En décembre, au coté du président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas à Paris, il avait estimé que les Etats-Unis s’étaient avec cette décision « marginalisés ».

« Je l’ai dit à mon ami Donald Trump (…) au moment où de manière unilatérale, il a annoncé la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël, je pense qu’il n’a pas aidé à la résolution du conflit, à la situation, je ne pense même pas qu’il ait aidé à l’amélioration de la situation sécuritaire, pour vous parler très franchement », a-t-il renchéri en mars. « A un moment donné du processus, la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël et de la Palestine, adviendra, mais ça doit venir au bon moment. »

 

(Marine Pennetier, édité par Yves Clarisse)