Trump et Macron vont défendre deux visions du monde à l'Onu Trump et Macron vont défendre deux visions du monde à l'Onu Trump et Macron vont défendre deux visions du monde à l'Onu
Actualités

Trump et Macron vont défendre deux visions du monde à l'Onu

Publié le 19 septembre 2017,
par Reuters.
Partager
()

NEW YORK (Reuters) – Au lendemain de leur entretien « franc et direct » marqué par un échange d’amabilités et une double poignée de mains, Emmanuel Macron et Donald Trump vont se succéder ce mardi à la tribune de l’Assemblée générale des Nations unies où ils devraient livrer des visions du monde diamétralement opposées.

Chantre de l' »Amérique d’abord », le président américain s’exprimera en milieu de matinée, devant la centaine de chefs d’Etat et de gouvernement réunis au sein de l’enceinte onusienne à New York à l’occasion de cette grand’messe diplomatique annuelle.

Pour son premier grand oral devant ses pairs, l’ancien magnat de l’immobilier a prévu de « bousculer ceux qui doivent être bousculés et cajoler ceux qui doivent l’être », a fait savoir la semaine dernière l’ambassadrice américaine à l’Onu, Nikki Haley.

Le discours du nouveau locataire de la Maison blanche, qui a succédé en janvier à Barack Obama, devrait donc logiquement s’inscrire dans la lignée de ses prises de positions des derniers mois au cours desquels il a notamment remis en cause l’accord sur le nucléaire iranien et annoncé sa volonté de sortir de l’accord de Paris sur le climat.

Reste à savoir jusqu’où Donald Trump, qui n’a pas ménagé ses critiques à l’égard d’une Onu « trop coûteuse » et « pas suffisamment efficace » pendant la campagne présidentielle et depuis son élection, ira dans sa critique des Nations unies dans son discours.

Sa volonté, réitérée lundi lors d’une réunion consacrée à la réforme des Nations unies, de faire des coupes dans l’enveloppe budgétaire onusienne, suscite l’inquiétude de ses partenaires, au premier rang desquels la France qui redoutent l’impact sur les opérations de maintien de la paix, notamment en Afrique.

Deux semaines après un nouveau tir de missile nord-coréen, le président américain, qui avait riposté en promettant « le feu et la colère » à Pyongyang, devrait également évoquer ce dossier et appeler la Russie et la Chine à accentuer la pression sur le régime communiste.

« Il s’exprimera en des termes très durs sur la menace nord-coréenne et sur la menace que cela fait planer sur notre sécurité et sur la sécurité des tous les pays présents dans la salle », a dit un responsable de la Maison blanche lundi soir.

Plus globalement, le discours de Donald Trump devrait insister sur l’importance de la « souveraineté nationale », a précisé ce responsable, soulignant que certains accords internationaux défavorables aux Etats-Unis mettaient à mal cette souveraineté.

 

« BIENS COMMUNS »

Face à cette tentation de repli sur soi, Emmanuel Macron devrait défendre quelques heures plus tard, à midi (18h heure de Paris), une approche multilatérale des crises mondiales dans un discours d’une quinzaine de minutes.

Comme lors de son allocution fin août devant les ambassadeurs de France réunis à Paris, le chef de l’Etat de 39 ans devrait évoquer la notion de « biens communs » – qui vont de la paix à la justice en passant par le climat et la culture – et insister sur l’importance de l’Onu dans la résolution des crises.

Emmanuel Macron entend « défendre le multilatéralisme comme ambition universelle et point central de la diplomatie française et le renouveler, le réinventer, le réaffirmer pour qu’il soit le multilatéralisme aux enjeux du 21eme siècle », souligne un de ses conseillers.

Succédant à Donald Trump dans la liste des orateurs, Emmanuel Macron pourrait tout à fait, selon son entourage, adapter son discours à la dernière minute afin de prendre en compte les déclarations de son homologue et d’y répondre. Notamment si le chef de l’Etat américain s’en prend directement à l’une des priorités diplomatiques d’Emmanuel Macron, la lutte contre le changement climatique.

Lors de leur entretien bilatéral d’une heure lundi soir dans un hôtel new-yorkais, le président français a une nouvelle fois tenté de convaincre son homologue de revenir sur sa décision de sortir de l’accord de Paris – en vain pour l’instant.

« Donald Trump a dit qu’il était prêt à considérer un maintien dans l’accord à partir du moment où les conditions le permettaient », indique-t-on dans l’entourage du président français. Mais Emmanuel Macron a toujours dit que l’accord était « irréversible ». « On ne rentre pas dans des négociations, c’est aux Etats-Unis de se conformer à leurs propres engagements. »

« On est ouvert au dialogue avec le président Trump mais on maintiendra notre ambition et le caractère irréversible » de l’accord de Paris, ajoute-t-on.

Autre sujet d’inquiétude pour Paris et point de désaccord avec Washington, la pérennité de l’accord sur le programme nucléaire iranien, obtenu de haute lutte en 2015 après douze années de longues négociations.

Dénonçant l’un des « pires accords jamais conclus », Donald Trump, qui accuse l’Iran de ne pas tenir ses engagements, menace de le dénoncer. Il s’exprimera à ce sujet devant le Congrès mi-octobre.

« Trump n’a pas encore statué », souligne un membre de la délégation française présente lors de la bilatérale Trump-Macron. « La manière qu’il avait de présenter les choses ne laissait pas penser qu’il avait pris sa décision. »

 

(par John Irish. Marine Pennetier à Paris, édité par Tangi Salaün)