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295 milliards d'euros promis aux armées d'ici 2025

Publié le 8 février 2018,
par Reuters.
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par Sophie Louet

PARIS (Reuters) – La France consacrera 295 milliards d’euros à la Défense d’ici à 2025 en vue de conforter son autonomie stratégique, une ambition à visée européenne qui se déclinera prioritairement au plus près des « besoins immédiats » des armées, en manque criant d’équipements performants.

Les modalités de répartition et d’emploi des ressources promises par Emmanuel Macron avec l’objectif d’un effort de Défense équivalent à 2% du PIB en 2025, soit trois ans après la prochaine élection présidentielle, sont inscrites dans la nouvelle loi de programmation militaire (LPM) présentée jeudi en conseil des ministres pour la période 2019-2025 et examinée à l’Assemblée nationale à partir de mars.

Après le psychodrame budgétaire qui a conduit à la démission du chef d’état-major des armées, le général Pierre de Villiers, en juillet 2017, la Défense, irrémédiable variable d’ajustement par le passé, s’engage sur « un budget sincère » écartant toute hypothèse de recettes exceptionnelles avec 295 milliards d’euros de besoins programmés jusqu’en 2025, dont 198 milliards de crédits garantis pour la période 2019-2023.

De 32,4 milliards en 2017 (en euros courants et hors pensions), le budget de la Défense devrait atteindre 44 milliards en 2023, soit une hausse de trois milliards d’euros à cette date après une progression annuelle de 1,7 milliard.

La perspective est ambitieuse mais reste en suspens pour 2024 et 2025, années pour lesquelles les ressources seront déterminées après révision de la LPM en 2021 en fonction des indicateurs macroéconomiques. L’affirmation prudente d’une « ambition 2030 » ménage l’hypothèse d’un report des engagements.

 

RATTRAPAGE CAPACITAIRE

« L’effort principal est repoussé après le quinquennat, que ce soit en dotation budgétaire, en augmentation des effectifs ou en livraison des matériels », souligne dans un communiqué le député (Les Républicains) François Cornut-Gentille, qui relève « la même mécanique séduisante, mais risquée » que celle du précédent quinquennat.

Les opérations extérieures (Opex) et missions intérieures (Sentinelle et Vigipirate notamment), systématiquement sous-budgétées dans les lois de finances, bénéficieront à l’avenir d’une « provision plus réaliste ». Fixée à 650 millions d’euros en 2018 contre 450 millions en 2014-2017, elle passera selon la LPM à 1,1 milliard en 2020. « Tout ce qui viendra au-dessus sera financé par de l’interministériel », précise-t-on au ministère.

Engagée en première ligne au Sahel et dans le cadre de la coalition internationale en Irak et en Syrie, notamment, la France entend se concentrer simultanément sur trois théâtres maximum. Une restriction théorique qui n’exclut pas la prise en compte à l’avenir d’une « part d’exceptionnel » sur une scène internationale lourde de menaces, dit-on de source militaire.

Pour faire face à cette surchauffe opérationnelle, la LPM promet « un effort accéléré » afin de combler les lacunes capacitaires des trois armées et renouveler des matériels usés et obsolètes, une attente de longue date des états-majors. »Une loi qui répare et qui prépare », a souligné la ministre des Armées, Florence Parly, devant la presse.

Au total, 112,5 milliards d’euros seront déboursés entre 2019 et 2023 pour les équipements, dont 25 milliards d’euros pour la dissuasion nucléaire (avec une programmation cumulée des besoins de 172,8 milliards sur 2019-2025).

Ainsi, le calendrier du programme Scorpion, destiné à remplacer des blindés (VAB) à bout de souffle de l’armée de Terre, sera accéléré avec la livraison de 50% des nouveaux véhicules prévus (Griffon, Jaguar) d’ici 2025.

 

ACCENT SUR LA CYBERDÉFENSE

Bien lotie dans la LPM, la Marine se verra dotée d’ici 2025 de quatre nouveaux sous-marins Barracuda, huit frégates multi-missions (FREMM) et deux frégates de taille intermédiaire. Sont confirmés pour l’armée de l’air des avions ravitailleurs, des drones, 28 nouveaux Rafale et 55 Mirage 2000-D rénovés.

Le budget des études-amont, pour le développement de nouveaux programmes, sera porté de 730 millions d’euros en 2018 à un milliard d’euro par an à partir de 2022. Une étude sera lancée pour un second porte-avions appelé à succéder au Charles-de-Gaulle, retiré du service à horizon 2040.

L’accent sera également mis sur le renseignement – l’armée française accuse en ce domaine une dépendance significative aux moyens américains – et la lutte contre les menaces cyber (+1,6 milliard), avec 2,5 milliards d’euros de crédits sur 2019-23 pour les « équipements majeurs » (avions de reconnaissance, mise en service des systèmes spatiaux Ceres et Musis…).

Au-delà de ce rattrapage devenu un impératif de survie « face à des conflits plus durs et des adversaires toujours mieux équipés », la nouvelle LPM se veut aussi « à hauteur d’homme » avec une attention portée aux « petits équipements » de protection (55.000 gilets pare-balles, treillis ignifugés) et un engagement à consacrer 530 millions d’euros à l’amélioration du quotidien des familles sur 2019-2025 (dont 300 millions pour 2018-2022).

Remise en cause par les attentats de 2015, la réduction drastique des effectifs militaires et civils engagée dès 2008 est freinée au profit de 6.000 recrutements sur la période 2019-2025, dont 3.000 sur 2019-2023. Le nombre de combattants « cyber » sera porté notamment à 4.000 contre 3.000 aujourd’hui.

L’armée compte plus de 270.000 civils et militaires.

par Sophie Louet

(Edité par Yves Clarisse)