Afrique du Sud: Ramaphosa annonce une accélération de la redistribution foncière
LE CAP (Reuters) – Le nouveau président sud-africain, Cyril Ramaphosa, a annoncé vendredi, dans son discours sur l’état de la nation, le début d’une « nouvelle ère », avec une accélération du programme de redistribution foncière en Afrique du Sud, et a promis la fin de la corruption.
Cyril Ramaphosa a annoncé aussi une « transformation économique radicale », avec des expropriations foncières sans compensation de manière à accroître la production agricole et à améliorer la sécurité alimentaire.
Alors que son parti, l’ANC (Congrès national africain), est sous pression pour mettre fin aux disparités raciales, plus de 20 ans après la fin de l’apartheid, Cyril Ramaphosa a promis d’accélérer la redistribution foncière au profit de la population noire.
Il a dit en outre que le pays devrait prendre des « décisions difficiles » pour réduire son déficit budgétaire et stabiliser sa dette, après des années de faible croissance.
La priorité en 2018 est de créer des emplois, a souligné Ramaphosa, alors que le pays affiche un taux de chômage élevé, à 27%.
Pour cela, le nouveau président compte notamment sur l’industrie minière, « en pleine expansion », qu’il voit comme un vecteur de croissance et de création d’emplois.
L’industrie minière a contribué en 2016 à 7,7% du PIB sud-africain et constitue 25% des exportations du pays.
Ramaphosa a affirmé que son gouvernement était déterminé à adopter « une politique cohérente », pour se démarquer de l’instabilité qui prévalait avec Jacob Zuma, son prédécesseur à la présidence.
Zuma était critiqué pour ses imprévisibles remaniements ministériels et ses changements incessants de politiques, qui ont perturbé les marchés nationaux et les investisseurs.
« ENCORE LE MÊME DISCOURS »
Se démarquant là aussi de son prédécesseur, Ramaphosa a réaffirmé sa volonté de lutter contre la corruption, alors que plusieurs scandales ont émaillé la présidence Zuma. Ce dernier nie toute malversation.
« C’est l’année durant laquelle nous allons en terminer avec la corruption de nos institutions publiques. Nous sommes déterminés à bâtir une société caractérisée par la bienséance et l’intégrité. »
Ramaphosa, soucieux de ne pas froisser les membres de son parti toujours fidèles à Zuma, a salué le comportement de ce dernier malgré la tournure des événements avec sa mise à l’écart.
Zuma a démissionné après que l’ANC lui a demandé de quitter le pouvoir en raison des scandales qui ont éclaboussé ses neuf années à la tête de l’Etat.
Le chef de l’opposition et de l’Alliance démocratique (DA) a estimé que le discours de Ramaphosa ressemblait à celui de ses prédécesseurs.
« Nous aurions pu assister à quelque chose de fort, mais j’ai entendu encore la même chose qu’avant », a dit Mmusi Maimane.
Julius Malema, chef du parti d’opposition d’extrême gauche Combattants pour la liberté économique (EFF), a expliqué être satisfait par certaines mesures annoncées, comme la redistribution foncière et la formation d’un gouvernement restreint.
Ramaphosa a « beaucoup d’idées, mais pas de projet d’action », a ajouté Malema, voulant tout de même laisser au président « le bénéfice du doute ».
Ramaphosa, qui a joué un rôle important dans les discussions qui ont mis fin à l’apartheid, doit annoncer dans les prochains jours un important remaniement, notamment pour remplacer des ministres accusés de mauvaise gestion et impliqués dans des affaires de corruption.
Agé de 65 ans, Cyril Ramaphosa a prêté serment comme chef de l’Etat jeudi et remplacera Zuma jusqu’à ce qui aurait dû être la fin de son mandat, l’année prochaine.
(Wendell Roelf, James Macharia, Eric Faye et Jean Terzian pour le service français)