Air France : Jean-Louis Barber, un pilote en zone de turbulences
Jean-Louis Barber, président de la branche Air-France du syndicat national des pilotes est depuis 14 jours sous les feux des projecteurs. La grève dont il est le porte-parole est l’une des plus impopulaires de France. Pour ce commandant de bord, c’est ainsi au sol qu’il doit faire face à une zone de très fortes perturbations.
C’est sans doute un comble pour un pilote de ligne, Jean-Louis Barber, président de la branche Air France du syndicat national des pilotes (SNPL), traverse sa plus forte zone de turbulences en restant immobilisé sur le tarmac. Depuis le 14 septembre 2014, lorsque la grève des pilotes a commencé, ce commandant de bord doit en effet affronter une véritable tempête médiatique. Il faut en effet remonter aux grandes grèves des cheminots de 1995, pour trouver un mouvement social aussi impopulaire que l’actuelle protestation des pilotes d’Air France.
Du fantasme du pilote à ennemi public
Tour à tour vu comme une contestation de nantis, une prise d’otage des passagers ou bien encore une mise en péril de la survie d’Air France, les griefs s’accumulent à l’encontre du mouvement des pilotes. Des manifestations s’organisent parmi les usagers à proximité des aéroports, les responsables politiques disent leur incompréhension. Certains commentateurs vont même jusqu’à critiquer Jean-Louis Barber à propos de son physique. « On peut dire que son physique est plutôt passe partout, le genre qu’on croise à la cantine », est-il ainsi écrit dans le très sérieux quotidien économique « Les échos ». Du fantasme du pilote au statut d’ennemi public, le pas est vite franchi. Pour faire face à ces perturbations, Jean-Louis Barber s’en tient à ce qu’il sait sans doute le mieux faire : tenir le cap.
Il répond ainsi point par point aux critiques, parfois légitimes, que la grève suscite. Mouvement de nantis ? Il est loin le temps où les pilotes se prélassaient entre deux vols au bord d’une piscine de Papeete. Et Jean-Louis Barber de citer un Paris-Luanda aller-retour, effectué en 36 heures ; deux nuits blanches, quelques heures de repos dans une chambre d’hôtel standard. Et une arrivée à la maison « sur les rotules », comme l’écrit un journaliste du « Point » invité à partager le temps d’un reportage le cockpit d’un long courrier.
Un syndicat jugé trop « mou »
Prise d’otage ? Jean-Louis Barber, qui apparaît sur les plateaux de radio et télévision dans son blazer de pilote, rappelle que le dernier préavis de grève déposé par le SNPL, remonte à 2002. D’ailleurs, à cause la tradition de dialogue du SNPL et jugé un peu trop « mou », il a fini par être sanctionnée par les pilotes eux-mêmes. En avril 2014, le SNPL a en effet perdu son siège au conseil d’administration d’Air France, au profit du SPAF (syndicat des pilotes d’Air France). Une organisation connue pour ses prises de positions radicales.
Mise en péril de la compagnie ? La grève des pilotes coûteraient en effet 20 millions d’euros par jour. De quoi mettre dans le rouge les comptes déjà fragiles du fleuron de l’aviation civile française. De sa voix calme, déterminée, Jean-Louis Barber rappelle que la santé précaire d’Air France ne date pas d’aujourd’hui. La libéralisation du transport aérien est vieille en Europe de plus de vingt ans. Force est de constater que l’ancienne compagnie nationale a beaucoup de mal à faire face à la concurrence.
Retour au calme
Aujourd’hui, alors que sur les tarmacs un avion Air France sur deux reste immobilisé, on peut imaginer qu’à l’instar de nombre d’usagers, Jean-Louis Barber est impatient de reprendre les commandes de son appareil. Le pilote dont la chevelure blonde et le regard perçant commencent à devenir aussi célèbres qu’impopulaires, goûtera le calme retrouvé de son cockpit. Pour une traversée bien plus paisible que celle à laquelle le contraint son statut de porte parole des pilotes en temps de turbulences généralisées.