Anne Lauvergeon chez EADS ? Après Areva tout peut arriver ! Anne Lauvergeon chez EADS ? Après Areva tout peut arriver ! Anne Lauvergeon chez EADS ? Après Areva tout peut arriver !
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Anne Lauvergeon chez EADS ? Après Areva tout peut arriver !

Publié le 28 janvier 2013,
par VisionsMag.
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Anne Lauvergeon nous étonnera toujours ! On la savait ambitieuse, talentueuse et dotée d’un sacré caractère qui lui a permis de s’imposer dans le monde fermé des grands décideurs, mais là elle est parfaite ! Sortir de l’échec AREVA et se retrouver pressentie pour piloter EADS. Après le scandale, la voilà de nouveau prête à rebondir !

Si, en 1991, c’est Mitterrand, en faisant d’Anne Lauvergeon son sherpa (représentante personnelle du président), qui lui a donné l’occasion de montrer tout son potentiel (et de se créer un réseau influent bien utile), c’est Dominique Strauss-Kahn qui la lance dans le nucléaire. Il la nomme PDG de la Cogema qu’elle renommera AREVA. Et pendant ses deux mandats (11 ans) elle en fera l’un des plus grands groupes industriels spécialisés dans les métiers du nucléaire.

Sarko-Lauvergeon : pas d’atomes crochus

Un bien beau succès ? Non ! La réalité n’est pas parfaite. Et tout commence à s’assombrir dès 2007. Le manque d’atomes crochus avec Nicolas Sarkozy, devenu Président Directeur Général de la France, va vite apparaitre et l’histoire d’amour entre « Atomic Anne » et le nucléaire ne va pas supporter les chocs des particules entre ces deux masses d’énergies directrices.

Lauvergeon, l’effrontée, refuse un poste de ministre : ses relations avec un président tout décidé à décider de tout, sont déjà tendues ! Trop perso, trop habile, son inflexible résistance au projet présidentiel de prise de contrôle de la partie « réacteurs » d’Areva par Bouygues et Alstom11, avait déjà bien irrité Sarkozy. Mais c’est l’antipathie d’Anne pour les deux autres acteurs de la filière nucléaire, Henri Proglio président d’EDF (grand ami de Nicolas, actionnaire et premier client d’Areva tout de même), et Patrick Kron, le P-DG d’Alstom, qui devenait intolérable pour l’Élysée. Phase fission Lauvergeon-Areva activée !

Un bilan industriel catastrophique ?

D’autant plus que, si elle est une fine politique, tous les doutes sont permis sur son bilan industriel et les différents échecs D’Areva ne seront que plus d’arguments pour ne pas reconduire Anne Lauvergeon à sa tête. Le naufrage de l’EPR finlandais (livré avec plus de 4 ans de retard et un surcoût de 2,3 milliards), le largage sans préavis par Siemens, des investissements coûteux dans l’uranium, un désintérêt pour la filiale minière Eramet ne plaident pas en sa faveur. Mais c’est surtout l’échec cinglant d’Abu Dhabi qui va sonner le glas.

Favorite pour la vente de centrales nucléaires aux Emirats Arabe Unis mais incapable de s’entendre, l’effroyable désorganisation de l’équipe française (Areva, EDF, GDF Suez, Total) va effrayer l’Emir et faciliter la victoire du modeste concurrent sud-coréen, moins expérimenté mais moins cher. Une gifle pour Anne Lauvergeon qui a jeté sur le groupe Areva un discrédit difficilement rattrapable.

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Pire ! Si on critique les axes stratégiques d’Anne Lauvergeon, son résultat opérationnel catastrophique, on fustige aussi son manque d’écoute, son incapacité à supporter la critique et sa façon de rejeter la faute sur les autres. Bref, on ne voit plus comment elle pourra être reconduite à la tête d’Areva. Ses talents de manœuvrière politique et le drame de Fukushima qui, pensait-elle, lui redonnerait la légitimité qu’on semblait lui contester en haut lieu, n’y feront rien : « PDG d’Areva c’est comme Président de la République : 2 mandats et c’est tout ! » dixit Nicolas Sarkozy. Juin 2011 : fission Anne Lauvergeon- Areva achevée!

« Atomic Anne » chez EADS : des turbulences ?

En pleine crise économique, à 52 ans, il va être difficile de trouver un autre CDD pour notre dijonnaise ! Que nenni ! La gauche est au pouvoir et Anne Lauvergeon prouve qu’elle n’a pas laissé toute son énergie chez Areva : voilà qu’on parle d’elle chez EADS ! Depuis le début de l’année on peut lire un peu partout le souhait ouvertement exprimé par l’Etat français de la voir présider le conseil d’administration du groupe d’aéronautique et de défense.
Photo Le Figaro

Certains grincent déjà les dents au sein D’EADS et y voit une ingérence de l’Etat français. D’autres y décernent une manœuvre des socialistes, en forme de pied de nez à Sarkozy et critiquent le copinage. Mais Anne Lauvergeon a des supporters qui louent son savoir-faire dans la gestion délicate d’Areva. C’est vrai qu’elle a su relancer une entreprise un peu en marge et la transformer en un des plus grand groupe de la filière nucléaire. Même si elle n’y connait rien en aéronautique, l’ex-patronne d’Areva a l’envergure, des talents de communication indispensables et l’expérience internationale pour occuper un poste de cette nature qui n’est, théoriquement, pas exécutif… Et en plus c’est une femme ! Ce qui ferait le plus grand bien à l’un des plus mauvais élève du CAC 40 en termes de parité au sein du conseil d’administration.

Anne Lauvergeon est une battante, et même si on lui prête un penchant à gauche, elle a prouvé qu’on ne pouvait guère la soupçonner d’être inféodée à l’Etat.

Anne et Tom sont dans un avion…

Anne Lauvergeon est une battante, et même si on lui prête un penchant à gauche, elle a prouvé qu’on ne pouvait guère la soupçonner d’être inféodée à l’Etat. On la taxe même de dirigeante ingérable. Cette indépendance face aux Etats est un atout aux yeux de Tom Enders, le président exécutif d’EADS. Il lui faut des « techniques » et non des banquiers, et surtout pas des énarques aux mains blanches sortis d’un cabinet ministériel. L’une des femmes les plus puissantes du monde (selon le magazine Forbes) devrait apporter son savoir industriel en matière de programmes étalés sur des décennies.

Même si elle n’est pas encore nommée (et ce n’est pas acquis), il reste à voir comment des caractères aussi forts qu’ « Atomic Anne » et « Major Tom » pourraient s’entendre. Si ils ont le même coté sergent-chef carré et direct, il est sûr que Tom Enders ne supportera pas l’ingérence d’un président de conseil trop interventionniste ! Mais faisons confiance à Anne Lauvergeon pour savoir habilement mais fermement gérer tout cela. Elle ne rebondit pas… Elle continue sur sa lancée !