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Aung San Suu Kyi dénonce les "terroristes" à propos des Rohingya

Publié le 6 septembre 2017,
par Reuters.
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RANGOUN (Reuters) – La dirigeante birmane Aung San Suu Kyi a accusé mercredi des « terroristes » de propager de fausses informations à propos des violences commises contre les musulmans Rohingya dans son pays.

Les autorités birmanes ont par ailleurs pris contact avec la Russie et la Chine pour échapper à une éventuelle condamnation du Conseil de sécurité de l’Onu.

Dans un communiqué émis par ses services sur Facebook, elle ne fait en revanche aucune mention du départ de dizaines de milliers de Rohingya vers le Bangladesh voisin pour fuir les violences qui secouent l’Etat d’Arakan (Rakhine), dans l’ouest du pays, depuis le 25 août.

Selon l’Onu, leur nombre atteint désormais environ 146.000 dans la région de Cox’s Bazar, au Bangladesh, pour un total de 233.000 arrivants depuis le début des troubles au mois d’octobre dernier.

La sort de ces réfugiés, souvent démunis de tout, inquiète fortement les représentants des Nations unies sur place. A New York mardi, le secrétaire général de l’organisation, Antonio Guterres, a – fait rare – écrit au Conseil de sécurité pour le mettre en garde contre « une catastrophe humanitaire ».

Selon Thaung Tun, conseiller à la sécurité nationale, la Birmanie compte sur Pékin et Moscou pour empêcher l’adoption d’une résolution de l’Onu.

 

« UN ÉNORME ICEBERG DE DÉSINFORMATION »

« Nous négocions avec des pays amis pour que cela n’aille pas devant le Conseil de sécurité. La Chine est notre amie et nous avons aussi des relations amicales avec la Russie. Il ne sera donc pas possible que cette question aille plus loin », a-t-il déclaré à la presse.

Dans le village frontalier de Shamlapur, côté bangladais, les autorités ont rapporté que trois embarcations chargées au total d’une centaine de réfugiés avaient fait naufrage, tôt mercredi matin. Six corps, dont ceux de trois enfants, ont été retrouvés sur le rivage.

Des dirigeants de pays à majorité musulmane, dont le Bangladesh, l’Indonésie, la Turquie et le Pakistan, ont exhorté mardi Aung San Suu Kyi à mettre fin aux violences dans l’Etat d’Arakan.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a par ailleurs annoncé l’envoi de 10.000 tonnes d’aide humanitaire pour les Rohingya. « J’ai parlé hier avec elle (Aung San Suu Kyi). Ils ont ouvert les portes après notre appel », a-t-il déclaré lors d’un rassemblement de son parti à Ankara.

Dans son communiqué, la dirigeant birmane assure que le gouvernement « a déjà entamé la protection de toute la population de Rakhine de la meilleure manière possible ».

Elle redoute de voir la « désinformation » sur cette question nuire aux relations avec les autres pays.

Aung San Suu Kyi cite notamment le cas de photos postées sur Twitter par un vice-Premier ministre turc qui les a ensuite effacées parce qu’elles ne provenaient même pas de Birmanie.

« Ce genre de fausse information (…) ne représente que la partie émergée d’un énorme iceberg de désinformation visant à créer un tas de problèmes entre différents pays dans le but de promouvoir les intérêts des terroristes », dit-elle.

La lauréate du prix Nobel de la paix 1991 est de plus en plus critiquée dans certains pays occidentaux pour ce qui est perçu comme sa passivité face au sort réservé aux Rohingya dans l’Etat d’Arakan, où les musulmans se disent depuis longtemps persécutés par les bouddhistes, majoritaires en Birmanie.

 

(Wa Lone et Antoni Slodkowski, avec Simon Lewis à Shamlapur, Gilles Trequesser et Jean-Philippe Lefief pour le service français)