Axelle Lemaire, nouvelle figure de la défense du Numérique en France
À peine deux semaines après son entrée en fonction en tant que secrétaire d’État chargée du Numérique, le dynamisme d’Axelle Lemaire fait déjà parler d’elle. Le discours engagé de la jeune franco-canadienne de 39 ans laisse présager un soutien croissant du gouvernement à l’économie numérique.
Détentrice de la double nationalité franco-canadienne, Axelle Lemaire passe la plus grande partie de son enfance dans la banlieue d’Ottawa, au Québec. A l’adolescence, elle rejoint la France et poursuit des études de lettres modernes (hypokhâgne) et de sciences politiques à l’IEP (l’Institut d’Études Politiques de Paris). Elle se spécialise ensuite en droit privé et international, respectivement à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et au King’s College à Londres. C’est avec ce solide bagage académique que la jeune femme débute une carrière de juriste internationale en Angleterre en travaillant pour plusieurs cabinets d’avocats et instituts de recherche universitaire.
Une carrière politique orientée vers l’innovation et le numérique
Axelle Lemaire inaugure sa carrière politique en entrant à la Chambre des Communes à Londres en tant que collaboratrice parlementaire d’un député travailliste. En 2012, elle est élue députée des Français établis en Europe du Nord et devient quelques mois plus tard secrétaire nationale du Parti socialiste au droits de l’Homme.
La jeune québécoise intègre également la commission des Affaires européennes. Elle y traite de nombreux sujets d’innovation, d’entrepreneuriat et de numérique. Son expérience lui apporte une bonne connaissance de ces thématiques et une vision internationale, légitimité supplémentaire pour son nouveau rôle de secrétaire d’État au Numérique. Une position qu’elle tient depuis le 9 avril dernier, sous la tutelle du ministère de l’Economie, du Redressement productif et du Numérique d’Arnaud Montebourg.
Le numérique, nouveau sujet au cœur des préoccupations gouvernementales
La jeune femme affiche avec véhémence le fer de lance de son mandat : tirer pleinement parti du virage de la révolution numérique. Une source de potentiel vaste, couvrant de nombreux secteurs : objets connectés, Big Data, cloud computing, nano-composants… Tous ces sujets représentent autant d’opportunités en termes de croissance économique et d’emploi.
En effet, selon la secrétaire d’État, le numérique aurait créé depuis les cinq dernières années plus de 180 000 emplois par an. Axelle Lemaire se félicite de la prise de conscience politique récente du potentiel de croissance extraordinaire du secteur. Elle se promet d’ailleurs de faire de cet enjeu l’une des priorités de son mandat.
Cependant, l’enjeu du numérique ne réside pas uniquement dans son aspect économique. Alors que Fleur Pellerin était chargée de « l’Économie numérique », Axelle Lemaire est, elle, chargée du « numérique ». Ce changement de dénomination, anodin au premier abord, traduit une volonté forte du gouvernement d’adopter une approche plus large du sujet. Le numérique joue désormais un rôle de catalyseur de transformation sociale.
Pour Axelle Lemaire, le gouvernement se doit d’accompagner cette transformation en assurant une couverture du territoire optimale et des infrastructures de qualité. D’une part, pour maintenir l’attractivité de la France dans le secteur, de l’autre pour assurer une justice sociale. La menace de la fracture numérique est en effet bien réelle.
La secrétaire d’État confirme ainsi sa volonté de faire du numérique un outil de progrès économique et social. Cet outil doit desservir en premier temps les citoyens français, mais aussi maintenir la compétitivité du territoire dans la mondialisation.
Un secteur encore fragile et dépendant de ses soutiens
Le numérique est pour la France un relais de croissance économique, une impulsion capable de relancer certains secteurs industriels. Il reste cependant difficile et risqué pour le pays de tenter de se développer et de rayonner sur l’ensemble des industries numériques. Cela en raison d’une concurrence internationale – notamment américaine – extrêmement forte.
C’est pourquoi Axelle Lemaire défend le choix du gouvernement : un équilibre entre l’encouragement des initiatives privées et l’aide publique au développement des secteurs « porteurs de potentiel de croissance important ».
En effet, le gouvernement dirige prioritairement les financements publics vers certains domaines compétitifs de pointe : réalité augmentée, e-éducation, nano-électronique, robotique, cybersécurité… Cela à travers les 34 plans d’action relatifs aux priorités de la « nouvelle France industrielle » présentés par Arnaud Montebourg en septembre 2013.
Le défi des entreprises du numérique est désormais de développer leur attractivité et de pouvoir bénéficier de financements privés, encore difficiles à décrocher. Il est pourtant nécessaire de dépasser cette frilosité des investisseurs pour permettre à la France de devenir un pôle de compétitivité internationale dans ce domaine.
Succéder à Fleur Pellerin n’est pas une tâche aisée, d’autant plus que le bilan de l’ancienne ministre déléguée chargée des PME, de l’Innovation et de l’Économie numérique est impressionnant. Mais, non intimidée, Axelle Lemaire est déterminée à faire du numérique un outil de progrès économique fort. Pour cela, elle compte poursuivre l’initiative de la « French Tech » (soutien financier et communication autour des jeunes entreprises innovantes du numérique) initiée par son prédécesseur.
Le sujet du numérique est désormais l’une des priorités du gouvernement et traverse les agendas ministériels de toutes les administrations. La nouvelle secrétaire d’État va donc devoir s’assurer d’éviter quelques écueils. En premier lieu, trouver le bon équilibre entre le financement public de quelques industries privilégiées et la promotion de l’investissement privé. Ensuite, savoir concilier les intérêts de chacune des parties engagées. Cependant, malgré le scepticisme général entourant le nouveau gouvernement de Manuel Valls, Axelle Lemaire a déjà imposé un style percutant et un franc-parler décapant. Des qualités qui pourraient bien apporter un nouveau souffle à l’économie numérique française !
Sources photos : www.20minutes.fr / www.cdn-elle.ladmedia.fr