Enquête sur le poste de Barroso chez Goldman Sachs Enquête sur le poste de Barroso chez Goldman Sachs Enquête sur le poste de Barroso chez Goldman Sachs
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Enquête sur le poste de Barroso chez Goldman Sachs

Publié le 12 septembre 2016,
par Reuters.
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BRUXELLES (Reuters) – Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a, fait sans précédent, ouvert une enquête sur le recrutement de son prédécesseur José Manuel Barroso par la banque d’affaires américaine Goldman Sachs afin de vérifier la conformité de cette embauche avec la législation européenne.

Dans une lettre publiée dimanche par la médiatrice européenne Emily O’Reilly, qui fait pression pour l’ouverture d’une enquête sur le poste de conseiller accepté par José Manuel Barroso chez Goldman Sachs, Jean-Claude Juncker déclare qu’il demande officiellement à l’ancien Premier ministre portugais de « clarifier » son rôle chez Goldman Sachs.

La banque d’affaires a annoncé début juillet le recrutement de l’ancien président de la Commission européenne au poste de conseiller et président non exécutif de sa branche internationale basée à Londres. Il y est chargé de conseiller la banque sur le Brexit, le départ du Royaume-Uni de l’Union européenne acté par référendum le 23 juin.

L’affaire va être étudiée par le comité d’éthique chargé de conseiller la Commission européenne, précise Jean-Claude Juncker dans sa lettre. Le comité d’éthique peut se prononcer notamment sur la compatibilité avec les traités des activités que les anciens commissaires souhaitent mener à l’issue de leur mandat.

Bruxelles avait dit jusqu’ici dit que cette affaire ne semblait pas enfreindre son code de conduite dans la mesure où José Manuel Barroso était parti depuis plus de 18 mois.

La révélation de son arrivée chez Goldman Sachs, tenue par beaucoup d’Européens comme en partie responsable de la crise financière de 2008 qui a failli avoir raison de la zone euro, a suscité un tollé.

 

AFFAIRE SENSIBLE

L’affaire est d’autant plus sensible qu’elle intervient au moment où l’UE doit lutter contre la perception du public qui la voit comme une pièce du capital mondial après la décision du Royaume-Uni de quitter l’Union européenne.

La question sera vraisemblablement un thème du discours annuel sur l’état de l’Union que Jean-Claude Juncker doit prononcer mercredi devant le Parlement européen. Elle devrait être abordée au prochain Conseil européen vendredi à Bratislava.

En privé, responsables européens et diplomates disent que Jean-Claude uncker et d’autres dirigeants européens sont furieux contre José Manuel Barroso mais estiment que la Commission ne peut pas faire grand-chose.

Jean-Claude Juncker, qui a succédé à José Manuel Barroso il y a deux ans, écrit dans sa lettre datée du 9 septembre que son prédécesseur l’a assuré qu’il se « conduirait avec intégrité et discrétion ». Toutefois, il précise qu’il va maintenant demander des assurances écrites de cela, compte tenu de l’importance des fonctions de José Manuel Barroso.

« J’ai demandé que dans cette affaire, parce qu’elle concerne un ancien président de la Commission, le secrétaire général (de la Commission) lui envoie (à Barroso) une lettre lui demandant de fournir des clarifications sur ses nouvelles responsabilités et les termes de son contrat, ce sur quoi je demanderai l’avis du comité d’éthique ad hoc », dit-il.

 

« INACCEPTABLE »

José Manuel Barroso n’a pas encore répondu, a déclaré une porte-parole de la Commission européenne.

Dans sa lettre, Jean-Claude Juncker souligne que José Manuel Barroso ne sera pas reçu par la Commission en tant qu’ancien président mais comme n’importe quel lobbyiste.

José Manuel Barroso et Goldman Sachs, sollicités pour un commentaire, n’ont pas répondu. Selon des personnes qui le connaissent, l’ancien Premier ministre portugais considère que les critiques à son encontre viennent en grande partie de ses ennemis politiques à gauche.

Le Comite d’éthique ad hoc comprend trois membres : un ancien juge néerlandais à la Cour de justice de l’Union européenne, un social-démocrate allemand ancien membre du Parlement européen et un ancien haut responsable autrichien à la Commission européenne.

Selon les traités européens, les anciens commissaires qui n’agissent pas avec intégrité dans leurs prises de fonctions après avoir quitté la Commission peuvent être privés de leurs droits à la retraite.

Lors de l’annonce par Goldman Sachs de la nomination de José Manuel Barroso, la Commission européenne avait indiqué qu’il avait quitté ses fonctions 20 mois auparavant, soit après la limite statutaire de 18 mois durant laquelle la Commission peut mettre son veto aux postes de ses anciens membres.

Mais la médiatrice Emily O’Reilly, une ancienne journaliste irlandaise, estime que même après les 18 mois inscrits dans le code de conduite de la Commission, les traités de l’UE exigent une « intégrité » à vie.

Le président François Hollande avait jugé le 14 juillet que le recrutement annoncé de José Manuel Barroso, était « moralement inacceptable ». José Manuel Barroso a été président de la Commission européenne entre 2004 et 2014 après avoir été Premier ministre du Portugal en 2002-2004.

 

(par Alastair Macdonald et Gabriela Baczynska. Danielle Rouquié pour le service français, édité par Gilles Trequesser)