En Bolivie, Morales pourra se présenter pour un nouveau mandat
LA PAZ (Reuters) – Le tribunal constitutionnel bolivien a aboli mardi la règle limitant le nombre de mandats présidentiels, ce qui permettra à Evo Morales de viser un quatrième mandat lors de l’élection prévue en 2019.
Au mois de septembre, le parti au pouvoir, le Mouvement vers le socialisme (MAS), avait demandé à la plus haute juridiction du pays de supprimer dans la Constitution la limitation à deux mandats présidentiels consécutifs, en affirmant que cette disposition était contraire aux droits de l’homme.
Morales avait par le passé obtenu de la justice bolivienne que son premier mandat (2006-2010), antérieur à l’adoption de la Constitution en 2009, n’entre pas en ligne de compte.
« Toutes les personnes que la loi et la constitution restreignaient sont autorisées par la présente à se porter candidates, parce que c’est au peuple bolivien de décider », a écrit le président du tribunal constitutionnel, Macario Lahor Cortez, dans son jugement.
Cette décision est définitive et ne peut faire l’objet d’aucun appel.
La juridiction cite dans son jugement la Convention américaine des droits de l’homme, un traité signé par de nombreux pays du continent.
Selon le secrétaire général de l’Organisation des Etats américains qui est chargée de faire appliquer le traité, la clause sur laquelle s’est appuyé le tribunal constitutionnel bolivien n’équivaut « pas à un droit au pouvoir perpétuel ».
« En outre, la réélection présidentielle a été rejetée par le peuple lors d’un référendum en 2016 », a ajouté Luis Almagro sur Twitter.
Au cours de ce référendum organisé en février 2016, les électeurs boliviens avaient rejeté à 51,3% une révision de la constitution sur le cumul dans le temps des mandats. Evo Morales, qui avait alors déclaré qu’il acceptait ce résultat, a laissé entendre en décembre 2016 qu’il pourrait briguer un nouveau mandat parce que ses partisans le poussaient à rester.
Ses efforts visant à lever la limitation des mandats ont engendré une vague de protestations dans le pays. L’opposition estime que Morales, premier Amérindien à avoir accédé à la présidence en Bolivie, cherche à renforcer sa mainmise sur le pouvoir dans la lignée de son allié vénézuélien Nicolas Maduro.
Samuel Doria Medina, le chef de l’opposition, a déclaré sur Twitter que l’arrêt du tribunal constitutionnel était « un revers pour la constitution ».
(Daniel Ramos; Jean Terzian pour le service français, édité par Henri-Pierre André)