Alors que le Royaume-Uni a voté en faveur du Brexit à 51,9 %, certaines régions ont, au contraire, plébiscité le « Remain » en faveur d’un maintien du Royaume-Uni au sein de l’Union européenne : Londres (59,9 %), l’Écosse (62,0 %) et l’Irlande du Nord (55,8 %). L’amertume est donc grande en Ecosse où l’idée d’un nouveau référendum sur son indépendance fait son apparition. Même scénario également en Irlande du Nord qui envisage, pour rester au sein de l’UE, sa réunification avec la République d’Irlande.
Brexit : le dilemme écossais
Ce vote anti-Brexit place les Ecossais face à un dilemme : quitter le Royaume-Uni (auquel l’Ecosse appartient depuis l’Acte d’Union de 1707) afin de rester membre de l’Union européenne, ou abandonner l’UE plébiscitée par une grande majorité des électeurs ? Cette question est d’autant plus complexe, qu’en septembre 2014, une autre majorité d‘Écossais (55,3%) s’était opposée à quitter le Royaume-Uni.
Devant le résultat national et la victoire du Brexit, la Première ministre écossaise, Nicola Sturgeon, mais aussi chef du parti indépendantiste écossais, plaide pour un débat politique qui poserait à nouveau la question de l’indépendance de l‘Écosse. Un nouveau référendum dans les mois à venir n’est donc pas à exclure d’autant plus que les principaux arguments du camp du « non » à l’indépendance se sont aujourd’hui retournés contre les unionistes.
S’émanciper de la Grande-Bretagne pour rester dans l’UE ?
En effet, un des arguments, auquel les unionistes avaient eu recours en 2014, portait sur l’adhésion de l’Écosse à l’Union européenne, processus long et complexe en cas de sécession. Un autre argument portait sur la question du passage à l’euro pour lequel les Écossais étaient majoritairement opposés. Depuis le Brexit et la chute de la valeur de la livre sterling, on peut penser que l’euro devienne plus populaire auprès des Écossais. Enfin le dernier argument concernait la crainte d’une fuite des capitaux vers le reste du Royaume-Uni en cas d’indépendance. A l’inverse, une Écosse indépendante et membre de l’UE deviendrait plus attractive pour le reste du Royaume-Uni.
Toutefois, les sondages indiquent que les Écossais ne souhaitent pas, à une courte majorité, l’organisation d’un nouveau référendum. Selon les spécialistes, une nouvelle consultation d’autodétermination ne déboucherait pas nécessairement sur une victoire des pro-indépendants. En effet, si l’Angleterre sortait de l’Union européenne et que, parallèlement, une Écosse affranchie la rejoignait, une frontière entre les deux nations naîtrait avec de nombreuses implications en termes de libre circulation qui pourraient dissuader les électeurs de voter pour l’indépendance. Ce scénario est conforté par de récentes enquêtes d’opinion qui ont confirmé une nouvelle défaite aux sécessionnistes en cas de nouveau référendum.
Vers une réunification en Irlande ?
Même scénario sur le rivage d’en face : l’Irlande du Nord a voté à 56 % pour rester au sein de l’Union européenne. Le Sinn Féin, ex-vitrine politique de l’Armée Républicaine Irlandaise (IRA), a déjà appelé à un référendum sur une réunification avec la république d’Irlande indépendante et membre de l’UE. En effet, le Sinn Féin voit dans le Brexit un risque de « rematérialisation » de la frontière avec l’Irlande. Il redoute également de sortir d’une Europe qui a injecté des milliards d’euros pour soutenir l’Irlande du Nord après les accords de paix du Good Friday de 1998 qui avaient mis fin à 30 années de « Troubles » entre catholiques et protestants ayant fait plus de 3.000 morts.
Pour autant, une réunification avec la République d’Irlande ne semble pas envisageable dans l’avenir immédiat pour certains spécialistes. En effet, la majorité de la population d’Irlande du Nord est protestante et tient beaucoup à son appartenance au Royaume-Uni. De plus ce référendum ne concernerait pas uniquement l’Irlande du Nord mais toute l’Irlande et il n’est pas certain que les Irlandais du Sud soient majoritairement favorables à la réunification.
La déception suite au vote des Britanniques est grande tant en Ecosse qu’en Irlande du Nord où les électeurs se sont exprimés majoritairement en faveur d’un maintien au sein de l’Union européenne. Le Brexit ravive légitimement dans ces nations des envies d’indépendance et laisse présager un regain de tensions entre communautés.
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