Après la démission de Cameron, Johnson entend prendre son temps
LONDRES (Reuters) – Boris Johnson, qui a conduit avec succès le camp des partisans d’un divorce entre le Royaume-Uni et l’Union européenne, a estimé vendredi que rien ne changerait à court terme au lendemain du référendum sur le Brexit.
« Dans le vote pour une sortie de l’UE, il est vital de souligner qu’il n’y actuellement nul besoin de se hâter et en effet, ainsi que l’a dit le Premier ministre (David Cameron), rien ne changera à court terme », a-t-il dit à la presse.
L’ancien maire conservateur de Londres, qui fait office de favori pour succéder à Cameron au 10, Downing Street, a réaffirmé que le Royaume-Uni tirerait profit de sa sortie de l’UE.
« Je crois que nous avons une opportunité fantastique: nous pouvons adopter nos lois et déterminer nos impôts entièrement en fonction des besoins de l’économie britannique », a-t-il dit, se félicitant que le Royaume-Uni retrouve une « voix » à la dimension de son statut de « cinquième puissance économique de la planète ».
« Les responsables politiques devraient remercier le peuple britannique (qui) à voté pour reprendre le contrôle à une UE trop opaque. Il n’y a aucune raison de faire partie d’un système de gouvernement fédéral basé à Bruxelles. »
Conséquence immédiate de la victoire du « Out », David Cameron a annoncé qu’il démissionnerait d’ici octobre et précisé qu’il laisserait à son successeur le soin d’invoquer l’article 50 du traité européen de Lisbonne qui lancera officiellement les deux années prévues pour négocier une sortie de l’UE.
A Bruxelles, les responsables européens ont dit espérer que les autorités britanniques appliqueraient « dès que possible » la décision des électeurs en déclenchant cette procédure de divorce, dont seul le pays qui décide de se retirer de l’Union peut prendre l’initiative.
« Il n’y a aucune raison de se précipiter à invoquer l’article 50 », leur a indirectement répondu Johnson.
FAVORI DES BOOKMAKERS
Quand il s’est engagé dans la campagne référendaire, fin février, Boris Johnson avait assuré que sa décision de rallier le camp du Brexit n’avait rien à voir avec une lutte pour le contrôle du Parti conservateur et, au final, avec une ambition personnelle de prendre la tête du gouvernement.
La décision de s’opposer à la position de son ancien camarade d’étude au collège d’Eton, disait-il alors, a été « terriblement difficile » à prendre.
Mais nombre d’observateurs ont vu dans son ralliement un positionnement tactique qui, quelle que soit l’issue du vote, le plaçait dans une position idéale pour réconcilier un Parti tory qui s’est déchiré tout au long des quatre mois de la campagne.
Pour les bookmakers, Johnson, qui est âgé de 51 ans, est clairement favori de la course à sa succession. Ladbrokes le donne à 4 contre 6, devant la ministre de l’Intérieur Theresa May à 11 contre 4 et le ministre de la Justice, Michael Gove, qui a lui aussi fait campagne pour un Brexit, à 7 contre 1.
(Bureau de Londres; Tangi Salaün et Henri-Pierre André pour le service français, édité par Nicolas Delame)