Ainsi le base-jump ou saut extrême consiste à sauter en parachute depuis un immeuble, une falaise, un pont ou une antenne. Cela en fait un sport extrêmement dangereux car tout se passe très près du sol. Carl Boenish a d’ailleurs payé de sa vie sa passion pour le base-jump.
Dans « Sunshine Superman » on voit Carl Boenish décrire le frisson ressenti lorsqu’il se jette dans le vide : « Alors, finalement, vous dites : « Prêt, partez ! » et la première seconde, vous accélérez incroyablement vite, si bien que vous en avez le souffle coupé. Mais la seconde suivante, vous avez un sentiment de liberté, de puissance et de confiance qui est presque de l’euphorie. Vous vous dites : « Wow, je me sens comme Superman ! ».
A l’origine ingénieur électricien, Carl Boenish a l’occasion de diriger en 1969 la photographie aérienne sur le film « The Gypsy Moths », dans lequel Burt Lancaster fait du parachutisme. C’est le point de départ d’une passion qui l’éloignera vite de sa carrière. Équipé d’une caméra 16 m attachée à son casque, il filme et filme encore une multitude d’événements ayant trait au parachutisme. Et bien-sûr, il saute.
Le premier base Jump depuis El Capitan
Carl filme notamment le moment fondateur du Base Jumping. On est à l’été 1978 et Boenish et ses pairs décident de sauter d’El Capitan, une falaise de granit de 3 600 pieds de haut située au cœur du parc national de Yosemite, en Californie. Le documentaire montre des images des sauteurs de dirigeant vers le sol.
Il montre également le dispositif imaginé par Boenish pour pouvoir les filmer : une échelle en aluminium de 20 pieds de long, déployée au-dessus du vide avec un siège de vélo fixé à son extrémité. De quoi donner le vertige et faire fuir n’importe quel cinéaste. Mais pas Carl Boenish.
Sunshine Superman suit ainsi la bande de Boenish, grâce à la multitude de 16 mm réalisés par Carl, et mis à disposition de la réalisatrice par Jean, sa femme, qui a partagé totalement avec lui sa passion du Base Jump, et de l’idéal libertaire qu’il était pour eux et pour leur bande de jumpers.
Une passion partagée avec sa femme Jean
Jean a même fait un saut dès le lendemain de la mort de Carl, sa façon à elle de lui rendre hommage. Jean était de caractère opposé à l’enthousiasme enfantin de Carl : « Jean est une personne vraiment courageuse ; elle a été la première femme à sauter de la base, et elle était très athlétique mais aussi très calculatrice, une personne très analytique » décrit Marah.
Pour Marah Strauch, les Boenish étaient des précurseurs. Non seulement ils ont contribué à l’essor des sports « d’adrénaline » mais ils étaient également passionnés de technologie. Selon elle Carl Boenish aurait pû devenir un Elon Musk s’il n’était pas mort prématurément.
Le documentaire suit ainsi la bande dans son périple à travers les Etats Unis, à la recherche de nouveaux spots d’où sauter. Il se termine dans les montagnes de Norvège, dans l’imposante chaîne de montagnes de Trollveggen, où Carl Boenish trouve la mort en 1984 en sautant pour la dernière fois. Un moment particulièrement poignant du film.
A l’instar de Carl, Marah Strauch a réalisé son film dans cet esprit : ne pas penser à ce qui n’est pas possible, mais penser à ce qui l’est. Le film a été largement salué par la critique, et la réalisatrice a reçu le prix du meilleur nouveau metteur en scène au Festival du film de Portland 2015.
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