Castro quitte le pouvoir avec un bilan en demi-teinte Castro quitte le pouvoir avec un bilan en demi-teinte Castro quitte le pouvoir avec un bilan en demi-teinte
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Castro quitte le pouvoir avec un bilan en demi-teinte

Publié le 19 avril 2018,
par Reuters.
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par Sarah Marsh et Nelson Acosta

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SANTA CLARA/LA HAVANE, Cuba (Reuters) – Le président cubain Raul Castro a cédé jeudi le pouvoir à Miguel Diaz-Canel après une décennie marquée par le réchauffement des relations avec le voisin américain et par quelques réformes économiques.

La session de l’Assemblée nationale cubaine consacrée à l’élection de son successeur s’est ouverte mercredi matin, un jour avant la date initialement prévue. Sa première initiative a été de présenter Miguel Diaz-Canel, actuel vice-président âgé de 57 ans, comme seul candidat à la succession de Raul Castro.

Les 604 députés ont confirmé jeudi ce choix en désignant Miguel Diaz-Canel comme successeur de Raul Castro. Il devient ainsi le premier président cubain né après la révolution de 1959.

Ils se sont réunis jeudi au Palacio del Convenciones pour annoncer le résultat de leur vote et le nouveau chef de l’Etat a été immédiatement investi.

Tout en cédant progressivement la place à une nouvelle génération, Raul Castro, 86 ans, et d’autres vétérans de la révolution devraient conserver un rôle influent à la tête du Parti communiste, au moins jusqu’au prochain congrès de la formation, en 2021.

Raul Castro, qui a succédé à son frère Fidel il y a dix ans, a d’ailleurs choisi une date symbolique de l’histoire politique cubaine pour son départ, puisqu’il coïncide avec anniversaire de l’échec du débarquement anticastriste de la baie des Cochons, soutenus par la CIA.

L’élection de Diaz-Canel ne devrait pas bouleverser le système politique cubain, au moins dans un premier temps, puisqu’il lui faudra d’abord consolider son pouvoir.

Sur le plan des libertés, il est peu probable qu’il engage à court terme l’île communiste sur le chemin du pluralisme, que ce soit sur le plan politique ou de la presse.

Sur le plan économique, le nouveau président ne devrait pas non plus précipiter davantage que Raul Castro les réformes entamées par Fidel dans la foulée de l’effondrement de l’Union soviétique, malgré l’impatience croissante des plus jeunes.

MENTALITÉ CONSERVATRICE

Certains observateurs justifient le bilan mitigé de Raul Castro par la frilosité et le conservatisme de certains membres du Parti communiste et par les lourdeurs bureaucratiques d’un pays où se creusent les inégalités.

« Il a tracé les grandes lignes, créé les institutions, mais ce qu’il n’est pas parvenu à changer, c’est la mentalité », souligne Carlos Alzugaray, un diplomate à la retraite.

Plus des deux-tiers de Cubains travaillent dans le secteur public pour un salaire mensuel moyen d’une trentaine de dollars, même si la gratuité de l’éducation et de la santé, les aides au logement et à l’achat de denrées alimentaires permettent dans une certaine mesure de compenser le faible niveau des revenus.

Quand on les interroge, les Cubains disent presque tous qu’ils peinent à joindre les deux bouts. A titre d’exemple, les voyages et l’utilisation d’internet, pour un dollar de l’heure, sont un luxe que peu peuvent s’offrir.

Les fruits de l’ouverture économique restent confinés dans le secteur privé des grandes villes, à la Havane, notamment, qui bénéficie en premier lieu du réchauffement entrevu avec les Etats-Unis sous le mandat de Barack Obama.

Le tour de vis initié par son successeur Donald Trump a toutefois eu un impact non-négligeable sur le tourisme et il n’est pas impossible que les relations américano-cubaines se détériorent encore.

Selon les statistiques officielles, l’économie a enregistré une croissance annuelle moyenne de l’ordre de 2,4% au cours de la décennie écoulée, un rythme insuffisant de l’aveu même du gouvernement qui estimait en 2014 qu’une expansion de 7% était nécessaire pour développer le pays.

VIRAGE CAPITALISTE AMORCÉ

Pour certains analystes, Raul Castro a peut-être raté une chance historique en ne se servant pas de son statut de héros de la révolution de 1959 pour amplifier les réformes, une aura dont son successeur, Miguel Diaz-Canel, est privé.

Présenté autrefois comme un implacable stalinien, Raul Castro a su changer d’approche au début des années 1990 quand l’explosion de l’URSS a privé Cuba de son soutien politique et économique et précipité l’île communiste au bord du chaos.

A l’époque ministre de la Défense, c’est à son initiative que l’armée s’est réformée pour adopter des pratiques économiques dignes des économies capitalistes.

Président, Raul Castro s’est efforcé de réduire le poids de la fonction publique, a rationalisé l’utilisation du foncier public et donné plus de place au secteur privé.

Parallèlement, le nombre de Cubains travaillant sous le statut d’auto-entrepreneurs a plus que triplé pour atteindre près de 580.000 sur une population de plus de 11 millions d’individus.

Raul Castro a par ailleurs supervisé la création d’un parc industriel calqué sur le modèle chinois et instauré une loi permettant aux investisseurs privés de bénéficier de réductions d’impôts.

Pour faciliter la réintégration de l’île sur les marchés financiers, il s’est également attaché à renégocier sa dette extérieure et a obtenu du Club de Paris qu’il renonce à 76% des 11,1 milliards de dollars de dette cubaine.

Dans les régions rurales les effets des réformes entreprises par Raul Castro tardent à produire leurs effets. Les agriculteurs dépendant de l’Etat pour s’équiper en machines agricoles et la production a stagné au cours de la décennie écouler, selon les estimations de l’institut Brookings Institution et l’île importe de 60% à 70% de ses besoins alimentaires.

(Nicolas Delame, Jean Terzian, Tangi Salaün, Arthur Connan et Jean-Philippe Lefief pour le service français)

Castro quitte le pouvoir avec un bilan en demi-teinte
Le président cubain Raul Castro cédera ce jeudi le pouvoir à Miguel Diaz-Canel après une décennie marquée par le réchauffement des relations avec le voisin américain et par quelques réformes économiques.
Castro quitte le pouvoir avec un bilan en demi-teinte