Clinton accuse les renseignements russes d'avoir piraté son parti
WASHINGTON (Reuters) – Hillary Clinton, candidate démocrate à la Maison blanche, accuse, dans une interview diffusée dimanche, les services de renseignements russes d’avoir commis la cyberattaque qui a récemment visé la direction de son parti.
L’ex-secrétaire d’Etat (2009-2013) a également affirmé que son adversaire républicain, Donald Trump, avait fait « allégeance absolue » à certains des objectifs de la politique étrangère de Moscou.
Le piratage des réseaux utilisés par la direction du Parti démocrate a abouti à la fuite de plus de 19.000 courriels suggérant que le Comité national démocrate (DNC) avait pris fait et cause pour l’ex-secrétaire d’Etat face à Bernie Sanders lors de la primaire.
« Nous savons que les services de renseignements russes ont piraté le DNC et nous savons qu’ils ont fait en sorte que soient publiés de nombreux courriels », a déclaré Hillary Clinton à la chaîne Fox News.
« Nous savons aussi que Donald Trump a montré un enthousiasme particulièrement inquiétant dans son soutien à (Vladimir) Poutine », a-t-elle ajouté, faisant allusion aux déclarations du candidat républicain en faveur du président russe.
Son « allégeance absolue à un grand nombre des positions recherchées par la politique étrangère russe » est l’une des raisons pour lesquelles il n’est pas « en capacité de devenir le prochain président et commandant en chef » du pays, a-t-elle ajouté.
Les Etats-Unis n’ont pas ouvertement accusé le Kremlin mais, selon des experts en sécurité informatique, il est probable que le pouvoir russe ait joué un rôle actif dans la publication d’e-mails afin de peser sur le scrutin du 8 novembre.
Interrogée sur cette hypothèse, Hillary Clinton a répondu qu’il ne fallait pas tirer de conclusions hâtives.
« Mais je crois que lorsqu’on expose les faits, on en vient à se poser de sérieuses questions sur l’ingérence russe dans nos élections, dans notre démocratie », a poursuivi l’ancienne secrétaire d’Etat de Barack Obama.
« Que Trump encourage (le piratage) et qu’il encense Poutine, alors même qu’il s’agit d’une volonté délibérée de s’immiscer dans l’élection, pose des questions concernant la sécurité nationale », a encore dit Clinton.
Le candidat républicain ne fait pas mystère de son admiration pour le président russe, à qui il prête de meilleures qualités de dirigeant qu’à l’actuel chef d’Etat américain.
La semaine dernière, le magnat de l’immobilier a par ailleurs invité la Russie à exhumer des dizaines de milliers de courriels remontant à l’époque où Clinton dirigeait la diplomatie américaine, avant de présenter ses propos comme une plaisanterie.
Dimanche, il a semblé justifier sur ABC l’annexion de la Crimée à la Russie en mars 2014 après le renversement du pouvoir ukrainien. « Le peuple de Crimée, de ce que j’ai entendu, préférait être avec la Russie que là où ils étaient », a-t-il dit.
(Doina Chiacu; Simon Carraud et Henri-Pierre André pour le service français)