RENO, Nevada/Manchester, NEW HAMPSHIRE (Reuters) – Hillary Clinton a accusé jeudi Donald Trump de nourrir une « frange radicale » de l’Amérique avec des discours racistes, tandis que son rival cherche à adoucir son image auprès des minorités.
Pour emporter l’élection présidentielle du 8 novembre, Hillary Clinton devra s’assurer du soutien des électeurs noirs et latinos qui ont contribué à porter Barack Obama au pouvoir en 2008. Donald Trump, dont les partisans sont en grande majorité blancs, a peu de chances de gagner l’élection à moins de parvenir à séduire ces électorats.
« Donald Trump à bâti sa campagne sur les préjugés et la paranoïa », a dit Clinton dans un discours cinglant, prononcé jeudi dans le Nevada. « Il intègre les groupes haineux dans le débat public et aide une frange radicale à prendre d’assaut l’un des deux principaux partis politiques de l’Amérique. »
« C’est le moment du bilan pour tous les Républicains déçus de voir que le parti de Lincoln est devenu le parti de Trump », a dit la candidate démocrate en référence au premier président républicain des Etats-Unis, champion de l’abolition de l’esclavage.
Outre une campagne globale en faveur des minorités, le camp démocrate tente d’attirer l’électorat asiatique dans trois Etats où ces derniers pourraient faire la différence face à Donald Trump, le Nevada, la Virginie et la Pennsylvanie.
Trump, qui reste devancé par Clinton dans les sondages, compte peu de soutiens au sein des minorités et ses propositions en matière d’immigration – la construction d’un mur à la frontière mexicaine, l’interdiction d’immigration aux musulmans – ont été vivement critiquées.
En 2015, Donald Trump avait en outre décrit les immigrants mexicains comme des « criminels et des violeurs » et a plus récemment mis en question l’impartialité d’un juge d’origine mexicaine chargé d’enquêter sur la Trump University.
Jeudi, le milliardaire new-yorkais a jugé que Clinton et son parti avaient trompé les Noirs américains, décrivant à tort le parti républicain comme sectaire.
« Quand les politiques démocrates échouent, ils en viennent à cet argument fatigué: ‘Vous êtes raciste, vous êtes raciste, vous êtes raciste' », a dit Donald Trump lors d’un meeting à Manchester, dans l’Etat du New Hampshire.
Mercredi, dans le Mississippi, Trump a qualifié Clinton de « fanatique qui ne voit les personnes de couleurs que comme des votes, pas comme des être humains ».
« HONTE À VOUS »
L’opposition d’Hillary Clinton aux écoles privées sous contrat a également été dénoncée par Trump comme un obstacle à la réussite des élèves issus de minorités. Sa politique fiscale dommagerait les commerces africains-américains et verrait les immigrants prendre les emplois des minorités, a ajouté le candidat républicain.
« A Hillary Clinton, à ses donateurs et à ses conseillers, qui la poussent à répandre des propos diffamatoires, à mentir quant à d’honnêtes gens, je dis trois mots: ‘Honte à vous' », a dit jeudi Donald Trump.
Selon un sondage Reuters/Ipsos mené la semaine du 15 août, Clinton devance Trump de 15 points parmi l’électorat hispanique, et de 57 points par les électeurs noirs.
Trump a adouci sa position face aux minorités, tentant de rallier leurs voix. Mercredi soir, sur Fox News, il s’est dit prêt à oeuvrer avec les immigrants qui ont respecté la loi pendant leur séjour dans le pays, alors qu’il avait précédemment insisté sur la déportation des 11 millions de migrants illégaux.
Jeudi matin, le milliardaire a rencontré à New York des figures de proue de mouvements africains-américains et hispaniques.
Une association de 40 organisations Latino a envoyé jeudi une lettre de mise en garde au candidat, se disant prête à le rencontrer pour changer son image auprès des Hispaniques.
« Votre discours (fait) d’attaques incessantes contre notre communauté est (…) source d’inquiétude et a un impact considérable, nourrissant une tendance alarmante dans notre nation », a écrit au candidat le National Hispanic Leadership Agenda.
DROITE ALTERNATIVE
Dans une vidéo publiée jeudi, Hillary Clinton lie Donald Trump aux groupes suprémaciste blancs.
Dans la séquence montée par ces équipes, on voit ainsi un membre du Ku Ku Klan vanter les mérites du candidat, et un ex-dirigeant du groupe, David Duke, appeler les personnes blanches à voter pour lui.
Le nouveau président de la campagne du milliardaire, Steve Bannon, y apparaît également en tant que directeur du site d’information conservateur Breitbart.com.
Steve Bannon avait dit le mois dernier au magazine Mother Jones, que son site était la plateforme de l' »alt-right », droite alternative conservatrice proche des courants nationalistes blancs.
Les équipes de Trump ont demandé à la candidate de retirer la vidéo.
« Ce type de discours et de publicité répugnante est révoltant et inacceptable », a dit dans un communiqué Mark Burns, un pasteur noir partisan de Donald Trump. « J’appelle Hillary Clinton à désavouer cette vidéo », a-t-il ajouté.
(par Amanda Becker et Steve Holland. Julie Carriat pour le service français)