COR-Le prince héritier d'Arabie saoudite en visite à Londres
par William James
LONDRES (Reuters) – Bien lire au 7e paragraphe « deuxième semestre »
Le prince héritier d’Arabie saoudite, Mohamed ben Salman, a entamé mercredi une visite de trois jours en Grande-Bretagne, durant laquelle les deux pays devraient sceller un partenariat élargi.
La Grande-Bretagne, qui entretient de longue date des liens en matière de défense et de sécurité avec Ryad, est en quête de partenaires commerciaux en vue de sa sortie de l’Union européenne, le Brexit, prévu dans un an.
L’Arabie saoudite veut, elle, attirer les investisseurs étrangers en vantant les bienfaits de ses récentes réformes.
Un « Conseil de partenariat stratégique » devait être lancé mercredi lors d’une réunion à Downing Street entre la Première ministre britannique, Theresa May, et Mohamed ben Salman.
Il s’agit de promouvoir une plus grande coopération bilatérale dans l’éducation et la culture notamment, en plus de renforcer les liens en matière de défense et de sécurité.
D’après des sources britanniques et saoudiennes, les accords commerciaux entre les deux pays pourraient concerner aussi la prospection gazière et la pétrochimie.
Londres est en lice pour être la place de cotation du géant pétrolier public saoudien Saudi Aramco, dont l’introduction en Bourse est prévue pour le deuxième semestre 2018 au plus tôt.
Les Etats-Unis, où doit se rendre à partir du 19 mars et durant au moins deux semaines le prince héritier d’Arabie saoudite, sont aussi candidats.
LE YÉMEN AU MENU
Mohamed ben Salman, 32 ans, effectue son premier déplacement majeur en Occident depuis qu’il a été désigné héritier du trône d’Arabie saoudite l’an dernier.
Il s’entretiendra une nouvelle fois avec Theresa May jeudi, dans sa résidence de campagne, les Chequers.
Le prince héritier devait déjeuner mercredi avec la reine Elizabeth, une distinction rare réservée habituellement aux chefs d’Etat, puis dîner avec le prince Charles et son fils le prince William. Il rencontrera par ailleurs des dirigeants des services de sécurité.
Theresa May veut profiter du dîner privé jeudi pour faire part de ses inquiétudes concernant la crise humanitaire au Yémen, a dit sa porte-parole, et souligner l’importance que la Grande-Bretagne accorde aux accusations de violations du droit humanitaire international.
Une coalition militaire menée par l’Arabie saoudite est engagée depuis mars 2015 au Yémen dans une guerre contre les rebelles houthis appuyés par l’Iran chiite, engendrant ce que l’Onu considère comme la pire crise humanitaire au monde.
La Grande-Bretagne a fourni pour plus de cinq milliards d’euros d’équipement militaire à l’Arabie saoudite depuis 2015.
Theresa May a défendu mercredi les liens qui unissent Londres et Ryad, lors d’un vif échange au Parlement avec le chef de file des travaillistes, Jeremy Corbyn.
« Les liens que nous avons avec l’Arabie saoudite sont historiques, ils sont importants et ils ont potentiellement sauvé des centaines de vies dans ce pays », a-t-elle dit, alors que des députés du Labour exprimaient leur « honte ».
Des autobus avec des bannières accusant le prince Mohamed de crimes de guerre ont circulé dans les rues de Londres lundi et mardi. Il devait en être de même mercredi.
(Jean Terzian et Arthur Connan pour le service français, édité par Gilles Trequesser)