Cyc pourrait révolutionner l’intelligence artificielle
Le projet Cyc est conduit avec discrétion depuis maintenant 30 ans. La société Cycorp qui le développe estime que son degré de maturité est maintenant suffisant pour en dévoiler le contenu.
Au delà de la capacité de raisonnement logique qui est le propre de l’intelligence artificielle, ce programme est capable d’apprentissage. Apprendre une langue, une culture, adopter un comportement adéquat face à telle ou telle personne, voilà les tâches qu’il pourrait effectuer de manière autonome, ouvrant la voie à un large champ d’applications. On pourrait imaginer que le robot de demain ne reproduise plus le comportement humain, mais développe son propre comportement.
Le projet Cyc : qu’est-ce que c’est ?
Le projet Cyc n’est pas un projet d’intelligence artificielle comme les autres. Contrairement aux autres outils qui ont pour limite celle de leur programmation, le projet Cyc a pour ambition la mise en place d’un programme capable d’apprendre par lui même. Tentant d’imiter au plus près les processus cognitifs humains, le programme développé par la firme se situe à mi-chemin entre le modèle neuro-mimétique (c’est à dire, à l’image du système neuronal humain, l’interconnexion d’une multitude de petites unités contenant et partageant de l’information) et l’encyclopédie numérique. Autrement dit, le programme mis en place par Cycorp serait capable de capter l’information de son environnement, de l’organiser, et de mettre tous ces acquis en relation afin de créer de nouvelles connaissances. Il s’agit donc d’une grande avancée dans le domaine de l’IA, puisque le programme ne sera plus limité à ce qu’on lui aura volontairement appris, ou à une réponse purement statistique, recréant les réponses déjà existantes à des problèmes donnés, mais apprendra par lui-même. Il ne se contentera pas d’imiter le comportement humain tel qu’il lui aura été explicitement demandé, mais il sera capable de développer son propre comportement, sa propre réflexion.
L’intelligence artificielle classique donne au robot les mêmes capacités intellectuelles que l’Homme qui le programme, mais avec une vitesse de traitement plus importante. Le robot Cyc, lui, pourra avoir des capacités intellectuelles différentes, voir plus importantes que son créateur.
Une infinité d’applications
Rendre l’interaction entre l’Homme et la machine plus grande dans les jeux vidéo, penser des téléphones portables plus intuitifs, tous les domaines qui utilisent déjà l’Intelligence artificielle pourraient être intéressés par Cyc. Et le partage d’une version de Cyc en open source, OpenCyc , permet au « CycListes » de développer en langage CycL une infinité d’applications.
Le programme a déjà quelques applications pratiques. Il est par exemple utilisé dans le domaine pharmaceutique, afin de créer automatiquement un thesaurus, c’est à dire une base de donnée intelligente des terminologies désignant les médicaments et leurs principes actifs. Le nom des mêmes médicaments varie selon les firmes pharmaceutiques qui les produisent et les pays dans lesquels ils sont commercialisés.
Dans le domaine de l’enseignement, Cyc peut également trouver de nombreux débouchés. Il est actuellement utilisé à titre expérimental pour enseigner les mathématiques à des collégiens. Le programme est en effet capable d’analyser le comportement et les erreurs des élèves et d’adopter l’attitude qui semble la plus adéquate afin de leur faire comprendre la leçon.
Mais un domaine qui intéresse particulièrement les développeurs est celui de la recherche scientifique. On pourrait en effet imaginer Cyc comme une aide au raisonnement. Tout comme l’exosquelette décuple la force de celui qui le porte, Cyc pourrait permettre d’augmenter la capacité de raisonner d’un chercheur, et notamment sa capacité de déduction. Reste à savoir si la connaissance et la déduction sont suffisantes pour recréer une découverte scientifique. Un bon chercheur fait avant tout preuve d’une grande créativité, une qualité très difficile à reproduire en laboratoire.
Un robot intelligent : dangers et limites
A chaque avancée dans le champ de l’intelligence artificielle, l’être humain s’inquiète, tout d’abord par peur d’être remplacé ou dominé par une machine plus intelligente que lui, mais aussi parce que le fait de vouloir créer artificiellement la vie est tabou en occident.
Mais le concept même d’intelligence est complexe. En effet, on ne parle pas d’une intelligence, mais d’intelligences au pluriel. L’intelligence artificielle tente de reproduire certaines formes d’intelligences cognitives (logique, verbale, spatiale). Le projet Cyc a même l’ambition de recréer une partie de l’intelligence créative. Mais aucune machine à ce jour ne peut reproduire l’intelligence conative (sociale ou émotionnelle) qui pousse l’individu à agir. Et pour cause, le robot, contrairement à l’humain, n’est pas animé par des pulsions. Il n’a ni besoin de manger, ni de se reproduire. S’il est en interaction avec son environnement, c’est tout simplement parce qu’on le lui a demandé. Au mieux, il effectuera l’action qui lui semble la mieux adaptée, pas celle qui pourrait répondre à un désir.
Pas de panique donc, aussi intelligent que puisse être un robot ou un ordinateur, il ne sera motivé d’aucune envie ou émotion et restera toujours un outil pour l’Homme. C’est du moins ce que l’on peut espérer…
Sources des photos : hitek.fr / cyc.com