Delrish Moss, premier noir à la tête de la police de Ferguson
Le 9 mai dernier, Delrish Moss, Afro-Américain de 51 ans, a été choisi parmi 54 candidats pour diriger la police de Ferguson, ville des Etats-Unis tristement célèbre depuis qu’un officier blanc a abattu Michael Brown, jeune noir de 18 ans alors qu’il était désarmé. La mort de l’adolescent a provoqué des manifestations dans tout le pays pendant plusieurs semaines.
Delrish Moss est bien placé pour comprendre la rancœur des habitants de Ferguson, aux deux tiers noirs, vis-à-vis de la police. En effet, dans sa jeunesse, il a lui aussi était victime de propos racistes et d’actes de violence de la part de policiers. Toutefois, décidé à essayer d’améliorer les choses, il est embauché dans la police de Miami en 1984 dans laquelle il s’est bâti une solide réputation. C’est donc poussé par des motivations très personnelles qu’il a accepté d’occuper le poste de chef de la police de Ferguson.
Des rapports accablants sur la police de Ferguson
Malgré son expérience et ses compétences, Delrish Moss a conscience que la mission qu’il vient d’accepter sera difficile car sa prise de fonctions intervient dans un contexte très tendu. En effet, en mars 2015, une enquête fédérale dressait un rapport très critique vis-à-vis des forces de l’ordre de Ferguson accusées de harcèlement et de violence contre les noirs. Cette enquête dénonçait notamment un système d’amendes pour des infractions mineures visant particulièrement les noirs et mis en place par la police et la municipalité afin de faire rentrer de l’argent dans les caisses. Résultat : 90% des amendes étaient infligées aux Afro-Américains alors qu’ils représentent 67 % de la population locale. Ce rapport a déclenché une série de démissions dont celles du chef de la police, du juge municipal et du secrétaire général de la ville.
En septembre 2015, le ministère de la Justice accablait de nouveau la police de Ferguson notamment dans sa gestion des émeutes suite au décès de Michael Brown. Ce second rapport dénonçait le recours inapproprié aux chiens, aux gaz lacrymogènes et aux tireurs d’élite sur des véhicules blindés qui ont eu pour conséquence d’aggraver le climat de peur et d’amplifier les tensions.
Comment rétablir la confiance ?
Dans son rapport, le ministère regrettait que la police de Ferguson n’ait « établi pratiquement aucune relation de voisinage avec les résidents de Canfield Green Apartments, où Michael Brown a été tué, ni avec la plus grosse partie de la communauté noire de Ferguson ». Le plus grand défi de Delrish Moss sera donc de rétablir la confiance entre les communautés afro-américaines de Ferguson et la police. Pour cela, il compte mettre en place des programmes issus de son expérience réussie à Miami notamment la surveillance continue des quartiers par les mêmes équipes de policiers – multipliant ainsi les rencontres amicales entre les habitants et les agents de police, dont le rôle ne se limitera plus à une simple réaction à la criminalité.
Delrish Moss souhaite également appliquer des mesures spécifiquement tournées vers les jeunes dont l’objectif est de créer des interactions positives entre eux et la police : création de clubs sportifs, organisation de rencontres sportives ou encore parrainage entre un jeune et un policier chargé de suivre sa scolarité.
Delrish Moss souhaite davantage de diversité
A Ferguson, sur 54 officiers de police, seulement trois ou quatre sont afro-américains alors que la population de la ville est à 67 % noire. Pour remédier à cet état de fait, Delrish Moss souhaite davantage de diversité au sein des forces de l’ordre à Ferguson et a annoncé vouloir recruter dans son équipe plus de noirs, mais aussi plus de femmes.
Delrish Moss, premier noir à devenir chef de la police de Ferguson, est déterminé à faire évoluer les choses et à redorer l’image de la police. Toutefois, malgré sa forte motivation et son expérience, il devra faire face à des agents rétifs au changement dans un contexte de fortes restrictions budgétaires.
Photo : cnn.com / miamiherald.com / goodblacknews.org