Démission du ministre afghan de la Défense après une attaque

KABOUL (Reuters) – Le président afghan Ashraf Ghani a accepté lundi les démissions de son ministre de la Défense et du chef d’état-major des armées après la mort de 140 soldats dans une attaque menée par les taliban contre une caserne la semaine passée, annoncent les services de la présidence.

Les commandants de quatre corps de l’armée sont également remplacés dans leurs fonctions à la suite de cette opération meurtrière menée par les islamistes.

Cette série de limogeages intervient au moment où le secrétaire américain à la Défense effectue une visite dans le pays. James Mattis qui est arrivé lundi à Kaboul doit rencontrer des responsables afghans ainsi que des soldats américains.

« Le ministre de la Défense Abdullah Habibi et le chef d’état-major des armées Qadam Shah Shahim ont démissionné avec effet immédiat », a précisé la présidence afghane dans un message sur son compte Twitter.

Le porte-parole d’Ashraf Ghani a indiqué à Reuters que ces démissions étaient la conséquence de l’attaque menée par les insurgés taliban contre une base militaire à Mazar-i-Sharif, chef-lieu de la province de Balkh dans le nord de l’Afghanistan.

Au moins 140 soldats ont été tués et de nombreux autres blessés dans cette opération des insurgés, a indiqué samedi un responsable municipal. Le bilan pourrait, selon d’autres responsables, être plus élevé.

Cette attaque, la plus meurtrière commise contre une installation de l’armée afghane, a mis en lumière des carences dans les protocoles de la sécurité militaire.

Une dizaine de taliban, portant des uniformes et circulant à bord de véhicules de l’armée, ont pénétré dans la base et ont ouvert le feu sur des soldats et des recrues qui étaient en train de déjeuner ou sortaient de la mosquée après la prière du vendredi.

Les assaillants étaient armés de lance-roquettes, d’armes automatiques et de vestes d’explosifs, ont précisé des responsables.

WASHINGTON RÉFLÉCHIT À UNE NOUVELLE STRATÉGIE

Lundi, un petit groupe de manifestants s’est rassemblé devant le palais présidentiel à Kaboul pour demander le départ de responsables militaires après cet attentat.

Cette opération spectaculaire s’est produite alors que l’armée afghane se prépare à une année qui devrait être marquée par des violents combats contre les taliban contrôlant ou en lutte sur environ 40% du territoire du pays.

Quelque 9.000 soldats américains et plusieurs milliers de militaires de la Force internationale d’assistance à la sécurité (Isaf) sont toujours présents en Afghanistan. L’administration américaine examine actuellement une modification de sa stratégie sur place qui désormais se résume à des activités de conseil et d’entraînement.

Plusieurs responsables américains ont reconnu que l’Afghanistan n’était plus considéré comme une question prioritaire depuis quelques années. Les préoccupations de Washington se sont concentrées sur la Syrie, l’Irak et de plus en plus fortement sur la Corée du Nord.

Toutefois la nouvelle administration semble encline à revoir la nature de son implication dans le pays comme l’a montré la récente visite du conseiller à la sécurité nationale H.R McMaster, la première d’un haut responsable américain depuis l’investiture de Donald Trump.

Des responsables américains, s’exprimant sous le sceau de l’anonymat, ont indiqué que des évaluations menées par les différentes agences fédérales étaient en cours. Le processus pourrait prendre plusieurs semaines pour déterminer les objectifs et les priorités des Etats-Unis en Afghanistan.

(Josh Smith; Pierre Sérisier pour le service français)

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