Denis Pingaud, le partenaire maudit de Mathieu Gallet
Denis Pingaud conseille les personnalités politiques françaises en toute discrétion. Mais rattrapé par les scandales à répétition de son client Mathieu Gallet, il est sorti de l’ombre malgré lui.
Denis Pingaud excelle dans le domaine de la communication politique. Il est d’ailleurs reconnu pour cela. A la fois président de l’entreprise de communication et de conseil Balises depuis 2011 et professeur de communication publique et politique à la prestigieuse école Science Po Paris, Denis Pingaud est aussi une plume reconnue.
Très critique sur les stratégies de communication des partis de gauche, il a signé plusieurs ouvrages tels que « la gauche de la gauche » paru en 2000, « Les taupes et les éléphants » sorti en 2004, et plus récemment « L’homme sans com’ », dans lequel il s’efforce de montrer les limites de la « normalité » comme stratégie de communication présidentielle. Il publie également de nombreuses chroniques pour le journal Libération.
Un incontournable du monde de la communication
Il faut dire que Denis Pingaud sait de quoi il parle. Ancien journaliste à la rédaction du Matin de Paris, il occupa tour à tour les fonctions de directeur de la stratégie chez Euro RSCG (ancien nom du géant de la communication Havas Worldwide) de 2005 à 2008, puis de vice-président exécutif d’Opinionway jusqu’en 2011, entreprise célèbre pour ses très suivis sondages politiques. Le monde politique semble également reconnaître une grande légitimité à son expertise, puisqu’il fut chargé de mission auprès du cabinet de Laurent Fabius lorsque ce dernier occupait le poste de Premier ministre.
Chez Libération, il signe la chronique « Com’ c’est bizarre », dans laquelle il analyse l’actualité de la communication politique, de la stratégie gouvernementale de campagnes contre le Djihadisme aux passages télé de François Hollande en passant par les tentatives de Nicolas Sarkozy pour revenir sur le devant de la scène.
Mathieu Gallet, un client encombrant
Souvent décrit comme un « homme de l’ombre », le stratège discret des hautes personnalités, Denis Pingaud a, ces derniers temps, bien du mal à rester caché. Et pour cause, Mathieu Gallet, son client est dans la tourmente et semble l’entrainer avec lui dans sa chute.
Le nouveau président de Radio France (dont Denis Pingaud avait orchestré la campagne) ne s’est pas fait que des amis depuis son arrivée à la Maison de la radio en février 2014. Il est tombé très vite dans les « palmes » du Canard Enchainé. Le journal satyrique révélait alors le montant faramineux de la rénovation du bureau de Mr. Gallet, notamment dû au coût de ses boiseries.
Le montant de 100 000 euros estimé par le journal a du mal à passer en ces temps de rigueur budgétaire. Surtout qu’en à peine un an d’exercice de sa fonction, Mathieu Gallet a réussi à s’attirer les foudres de l’entreprise publique qui s’est lancée dans une grève historique de 28 jours, pour protester notamment contre un plan social prévoyant 200 à 300 départs « volontaires ».
Denis Pingaud et les fonds publics
Mais ce qui dérange dans la collaboration entre Mathieu Gallet et Denis Pingaud, c’est la rémunération de ce dernier. Son montant de 90 000 euros annuels, révélés une nouvelle fois par le Canard Enchaîné peut paraître élevé. Mais l’affaire ferait sans doute moins de bruit s’il ne s’agissait pas d’argent public. Il semblerait que le contrat passé entre Radio France et Denis Pingaud, ne respecte pas certaines règles élémentaires en matière de dépenses publiques. Tout d’abord parce que Denis Pingaud était missionné pour travailler sur l’image de Mathieu Gallet et non celle de Radio France, qui par ailleurs a déjà un service de communication, mais surtout parce qu’aucun appel d’offre n’a été lancé afin de mettre le marché en concurrence tel que prévu depuis une ordonnance de 2005.
Les libertés qu’a tendance à prendre Mathieu Gallet avec les fonds publics lui ont valu une convocation dans le bureau de la ministre de la Culture, Fleur Pellerin, qui a bien du mal à intervenir comme modératrice dans le conflit social qui agite Radio France. Il faut dire que le tandem Pingaud – Gallet n’en est pas à son coup d’essai. La Cour des comptes a épinglé les contrats qu’a passé entre 2011 et 2014 l’INA, alors dirigé par Mathieu Gallet, avec les entreprises Opinionway et Balises, pour un montant annuel de 60 000 euros. Une affaire gênante pour Denis Pingaud qui était à la tête de ces deux entreprises.
Sources des photos : www.lemonde.fr / www.amazon.fr