Deux structures, deux manières d’aider les femmes en difficulté Deux structures, deux manières d’aider les femmes en difficulté Deux structures, deux manières d’aider les femmes en difficulté
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Deux structures, deux manières d’aider les femmes en difficulté

Publié le 28 mai 2018,
par VisionsMag.
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L’affaire Weinstein, les hashtags #metoo et #balancetonporc, ainsi que les nombreuses prises de parole qu’ils ont suscité auront fait de 2017 une année marquante pour les droits des femmes. Mais si ces évènements ponctuels ont ouvert les yeux sur la condition féminine, d’autres initiatives s’inscrivant dans la durée ont vu le jour. En avant toute(s) et La maison des femmes se donnent pour mission le dialogue et la prévention pour l’une, l’accueil pour l’autre, mais toutes deux partagent un unique but : la défense des femmes.

Des interlocuteurs parfois difficiles à trouver

Malgré une évolution sensible des mentalités, les femmes doivent encore trop souvent faire face à d’innombrables difficultés. Violence conjugale, harcèlement, agressions, inégalités sociales et salariales, idées reçues et stéréotypes tenaces peuvent transformer leur quotidien en véritable calvaire. Particulièrement exposées, les adolescentes et les jeunes adultes manquent souvent d’interlocuteurs pour exposer les problèmes auxquels elles sont confrontées.
 
Devant le manque de structures physiques existantes, nombreuses sont celles qui se tournent vers Internet, le numérique ayant de plus l’avantage de respecter un anonymat qui facilite souvent le dialogue. Le site de l’association En avant toute(s), fondé en 2013 par Ynaée Benaben et Thomas Humbert, permet aux 12-25 ans de trouver non seulement un grand nombre d’informations utiles, mais aussi tout un panel d’articles et de quiz leur permettant d’identifier leurs problèmes relationnels. Depuis novembre 2016, un chat ouvert trois jours par semaine (1) complète le dispositif.

Identifier les problèmes

C’est après avoir conseillé plusieurs de leurs amies ayant souffert de violences conjugales que Thomas Humbert et Ynaée Benaben se sont rendu compte de la difficulté pour les victimes d’identifier l’état de leur relation. Où s’arrêtent les problèmes de couple auxquels tout le monde doit un jour faire face, et où commencent le harcèlement, la violence et la jalousie maladive ? Comment définir la notion de consentement, comment manifester un refus et comment identifier une personne dangereuse ? Autant de questions auxquelles le site tâche de répondre.
 
Bien souvent, les jeunes victimes manquent de recul et trouvent grâce à ces informations un moyen de rompre leur isolement et de poser un diagnostic sur leur couple. Car les violences physiques ne constituent pas le seul critère d’une relation toxique : s’y rajoutent les pressions psychologiques et verbales, les violences économiques, mais aussi administratives, avec la confiscation de documents tels que le permis de conduire ou la carte d’identité. Après plus d’une année de fonctionnement du chat, les opératrices ont pu dresser une liste des méthodes utilisées par les agresseurs : isoler la victime, la dévaloriser, inverser la culpabilité et instaurer un climat de peur permanente  font partie des « stratégies » les plus souvent mises en œuvre par leur bourreau.

Féminisme de terrain

En fonction de la gravité des faits, les bénévoles encouragent parfois les victimes à s’adresser aux autorités compétentes, police et gendarmerie. Bien qu’étant essentiellement une plateforme d’échange sur Internet, l’association intervient aussi dans les collèges et lycées de la région parisienne et tient régulièrement des stands où sont distribués prospectus et jeux éducatifs. Les pouvoirs publics accordent quelques aides à l’association, bien que son fonctionnement soit principalement assuré par les dons des particuliers, par l’action de bénévoles ainsi que par la vente d’objets tels que des badges ou des sacs.
 
Mais si l’écoute et la prévention sont d’une incontestable utilité, une prise en charge médicale ou psychologique s’avère parfois nécessaire. C’est dans ce but qu’a été créée la Maison des femmes, une structure d’accueil où se croisent médecins, gynécologues, juristes, psychologues et sexologues. Dans un cadre chatoyant et rassurant, cette structure, située juste à côté de l’hôpital Delafontaine à Saint-Denis, accueille chaque jour sans rendez-vous une soixantaine de femmes, le plus souvent en situation de grande détresse. Une nécessité dans l’une des villes la plus pauvre du département le plus pauvre de France, où les femmes sont touchées par des problématiques d’exclusion, de violence, d’excision et de pauvreté.

Deux structures, deux manières d’aider les femmes en difficulté
Deux structures, En avant toute(s) et la Maison des femmes, se battent chacune de leur manière pour secourir les femmes en difficulté.
Deux structures, deux manières d’aider les femmes en difficulté
Deux structures, deux manières d’aider les femmes en difficulté

Un combat de longue haleine

C’est Ghada Hatem, gynécologue franco-libanaise exerçant à l’hôpital Delafontaine, qui a la première eu l’idée de monter un tel lieu d’accueil. Si l’idée a germée en 2013, il aura fallu patienter trois années pour que la structure soit mise sur pieds, le temps de démarcher les administrations, de solliciter des fonds tant publics que privés et de constituer une première équipe.
 
Après avoir fait preuve d’une activité intense, le Dr. Hatem est parvenue à rassembler les 980.000 euros nécessaires à la construction de la Maison inaugurée le 11 juillet 2016 sous le regard d’Inna Modja, artiste malienne elle-même victime d’excision. Mais les dons demeurent toujours les bienvenus, tant l’équilibre financier se montre précaire. De plus, les 250 m² de l’établissement ne suffisent déjà plus à recevoir toutes les patientes.
 
Le travail à accomplir reste énorme, le nombre de femmes en difficulté demeurant dramatiquement élevé. Une plus grande liberté dans les prises de parole et une lente évolution des regards ne doivent pas masquer les nombreux problèmes inhérents à la condition féminine (2). Des structures telles que En avant toute(s) et la Maison des femmes œuvrent en tout cas de toutes leurs forces pour combattre ces injustices.
 
 
1 : Le lundi de 15h à 17h, le mardi de 15h à 17h et le mercredi de 14h à 18h.
2 : Les seuls cas de harcèlement et d’agressions sexuelles concernent plus de la moitié des femmes (53 %), selon une étude Le Figaro/France Inter/Odoxa publiée en octobre 2017.

 
Sources des photos : respectmag.com / humanite.fr / ecvf.fr / la-croix.com