Après la controverse, Donald Trump veut rebondir sur l'économie
WASHINGTON (Reuters) – Au terme d’une semaine de fortes turbulences, Donald Trump a annoncé vendredi la constitution d’une équipe de conseillers qui se consacreront spécifiquement aux questions économiques et inscrit à son agenda de lundi un discours sur son plan pour accélérer la croissance américaine.
Depuis la convention démocrate de Philadelphie, le candidat républicain s’est enferré dans une polémique avec les parents d’un capitaine d’origine pakistanaise de l’armée américaine mort au combat en Irak en 2004 qui l’ont accusé de n’avoir jamais fait de sacrifice.
La controverse, à trois mois à peine de l’élection présidentielle, l’a fait glisser dans les sondages et ravivé la contestation interne, plusieurs élus du Parti républicain prenant leurs distances avec lui, comme Paul Ryan, président de la Chambre des représentants, ou Chris Christie, gouverneur du New Jersey, quand ils ne l’accusaient pas de diffamation, à l’image de John McCain, sénateur de l’Arizona et adversaire de Barack Obama en 2008.
Richard Hanna, élu de New York à la Chambre des représentants, est devenu lui le premier élu républicain du Congrès à annoncer qu’il voterait Hillary Clinton le 8 novembre.
Tandis que Barack Obama et la candidate démocrate martèlent qu’il n’est pas qualifié pour présider les Etats-Unis, le magnat new-yorkais de l’immobilier a vu sa cote reculer dans les sondages.
D’après une enquête Wall Street Journal/NBC News, Clinton dispose désormais de neuf points d’avance sur lui, à 47% contre 38%. Un sondage Fox News mesurait cette semaine un écart de dix points en faveur de l’ex-secrétaire d’Etat (2009-2013) et le site RealClearPolitics, dans la dernière livraison de sa moyenne des sondages, donne 6,8 points d’avance à la démocrate.
Clinton prend également les devants dans les sondages sur les intentions de vote en Floride, en Pennsylvanie ou dans le Michigan, qui appartiennent à la catégorie des « Swing States », ces Etats clefs où se décidera l’issue de la course à la Maison blanche du fait de la spécificité du mode de scrutin aux Etats-Unis, où le président est élu par des grands électeurs désignés Etat par Etat.
Au sortir de la convention républicaine de Cleveland qui l’a officiellement investi et tandis que les démocrates se réunissaient pour leur propre convention, à Philadelphie, Donald Trump était en tête dans les intentions de vote avec une avance moyenne légèrement supérieure à un point. C’était le 27 juillet dernier.
REVENIR AUX THÈMES DE LA CAMPAGNE
Face au trou d’air qui a coïncidé avec sa polémique avec les époux Khizr et Ghazala Khan, nombre de républicains l’ont exhorté à modifier le cours de sa campagne.
Ils redoutent non seulement un nouvel échec dans la course à la Maison blanche, qui serait le troisième depuis 2008, mais aussi que Trump n’entraîne dans sa chute les candidats républicains au Congrès, où le Grand Old Party est pour l’heure majoritaire dans les deux chambres.
La totalité des sièges de la Chambre des représentants et le tiers du Sénat seront renouvelés le 8 novembre, parallèlement à la présidentielle.
En annonçant la création de ce conseil d’experts économiques et le discours de lundi à Detroit, l’équipe de campagne de Trump tente de tourner la page et de revenir au coeur de ses thèmes de campagne.
Parmi les membres de ce panel figurent Dan DiMicco, ancien dirigeant du secteur de la sidérurgie, Howard Lorber, PDG de la compagnie Vector, présente dans le tabac, ainsi que des gérants de fonds spéculatifs, John Paulson et Steve Feinberg, et Stephen Moore, du Club for Growth, qui milite pour une baisse de la fiscalité.
« Le discours de M. Trump se focalisera sur les moyens de rendre le pouvoir aux Américains en libérant les instruments nécessaires pour que chacun gagne sur le plan économique », annonce son équipe de campagne.
« Il contrastera nettement avec les prescriptions de Clinton en faveur de ces mêmes politiques fédérales périmées et lourdes qui ont étouffé la croissance américaine et conduit à plus de quarante années de stagnation des salaires. »
(par Susan Heavey. avec Emily Stephenson; Henri-Pierre André pour le service français)