Des électeurs sénégalais empêchés de voter aux législatives
DAKAR (Reuters) – Plusieurs centaines de Sénégalais n’ont pas pu voter aux législatives organisées ce dimanche en raison du retard pris dans l’acheminement de papiers d’identités, a-t-on appris auprès d’électeurs et des autorités.
Des électeurs ont par ailleurs constaté qu’ils ne figuraient pas sur les listes électorales ou ont été empêchés de voter faute d’avoir présenté les documents requis.
L’opposition, qui voit la main du gouvernement dans ces difficultés, accuse les autorités de chercher à la museler. Les manifestations politiques organisées à Dakar se heurtent le plus souvent à d’importants déploiements des forces de l’ordre qui recourent facilement aux gaz lacrymogènes pour les disperser.
Khalifa Sall, maire très populaire de Dakar, la capitale du pays, a été emprisonné en mars sur des accusations de détournements de fonds publics.
Dimanche, c’est la distribution des cartes d’identités biométriques qui a été prise en défaut. Le ministre de l’Intérieur Abdoulaye Daoudada Diallo a reconnu la semaine dernière que 30% d’entre elles n’avaient pas été remises à leurs destinataires.
Ces retards ont provoqué la colère de l’opposition et des électeurs qui ont parfois passé plusieurs semaines pour obtenir ce document sans lequel il est interdit de voter.
Un recours a été déposé devant le Conseil constitutionnel pour que les électeurs soient autorisés à voter avec les récépissés de leurs demandes de carte d’identité et avec leurs passeports.
Pourtant, plusieurs électeurs ont constaté que ces documents étaient insuffisants.
« J’étais inscrit sur la liste électorale, mais je n’ai pas de carte d’électeur à jour et je n’ai donc pas pu exercer mon droit de vote », a déploré Imam Diallo, un footballeur âgé de 20 ans, ayant en sa possession son récépissé de demande de carte d’électeur.
Une dizaine d’autres électeurs ont dit avoir éprouvé la même déconvenue et des stations de radio affirment que des milliers de Sénégalais ont été ainsi empêchés de voter.
« Ce qui ce passe est une honte pour un pays comme le Sénégal où l’on vote depuis 1848 », a réagi l’ancien président Abdoulaye Wade, venu de France pour participer au scrutin.
(Diadie Ba, Nicolas Delame pour le service français)