Emmanuel Faber : un moine à la tête du groupe Danone
La nouvelle est tombée il y a tout juste 2 mois. Franck Riboud, directeur général de Danone, a annoncé qu’il cédait son siège à Emmanuel Faber. Portrait d’un businessman de 50 ans atypique et fervent catholique qui a été propulsé à la tête de la multinationale le 1er octobre dernier.
Si Franck Riboud garde la présidence du conseil d’administration, ce dernier a néanmoins misé sur la jeunesse en nommant Emmanuel Faber à la direction du groupe. Connu pour sa politique sociale et solidaire de l’entreprise, le nouveau directeur général de Danone n’est pas un dirigeant comme les autres.
Scanner d’un redoutable stratège
Au milieu des dirigeants du CAC 40, le nouveau directeur de Danone dénote par sa personnalité et sa manière de diriger. Ce diplômé d’HEC peu connu, à la réputation austère, n’en est pas moins un fin négociateur. Pur produit du groupe, son ascension professionnelle est plutôt impressionnante. Directeur des Finances, stratégies et systèmes d’information, vice-président de la zone Asie-Pacifique et enfin directeur général délégué aux grandes fonctions corporate, Emmanuel Faber a su gravir intelligemment les échelons afin d’accéder au pouvoir suprême.
Membre du groupe exécutif depuis 14 ans, celui-ci a étroitement collaboré au succès du géant de l’agroalimentaire depuis l’an 2000. Recentrage des grandes lignes du groupe, internationalisation et opérations de croissance externe…Emmanuel Faber est connu et apprécié pour sa capacité d’innovation et son exigence de résultat.
Le revers de la médaille
Le tout fraîchement nommé directeur général a cependant connu quelques déboires au cours de sa brillante carrière. A la tête de la division Asie-Pacifique du groupe par exemple, où Emmanuel Faber avait vécu un échec cuisant lors de la coentreprise de Danone avec la société chinoise Wahaha. Cette alliance, qui proposait au grand public des boissons rafraîchissantes, avait été dissoute après avoir connu quelques problèmes d’importance. Voulant secourir le projet, Faber avait été néanmoins évincé du partenariat par les instances dirigeantes.
Une politique solidaire et responsable
Connu pour être un fervent catholique, le nouveau directeur général de Danone parraine en effet les journées mondiales de la jeunesse et négocie des congés payés pour certaines retraites spirituelles. Attaché aux valeurs de l’Eglise, défenseur d’une entreprise sociale, solidaire, responsable et consciente de son impact sur l’écologie, l’industriel de Danone assume totalement ses opinions.
Et celui-ci ne cesse de le démontrer : sensible aux problèmes des pays en voie de développement, Emmanuel Faber a participé au Forum social mondial et publie des livres afin d’expliquer sa vision différente de l’entreprise. Une politique dirigeante solidaire et responsable qui a permis à Danone d’éviter plusieurs séismes au cours des dernières années. Il va de soi que le nouveau président général n’hésitera pas à accentuer sa vision des choses tant qu’il régnera au sein du groupe.
Qui m’aime me suive
Emmanuel Faber, un patron pas comme les autres qui sait où il va. Une soif de pouvoir qui caractérise ce moine businessman aux mille facettes. Austère et fanatique religieux pour ses opposants, fin stratège et humaniste pour les autres, ce cadre dynamique de 50 ans ne cesse de surprendre par son approche novatrice de l’entreprise. Mais reste à savoir si ce dernier survivra dans le monde sans pitié de l’économie mondiale. Quoiqu’il en soit, sa politique sociale semble être appréciée par les investisseurs ainsi que les salariés du groupe Danone.
Sources des photos : lesechos.fr / lacroix.fr