Enrico Braggiotti : artisan de la modernisation du système financier italien

L’histoire croisée d’Enrico Braggiotti et de la COMIT est particulièrement bien mise en avant dans le livre La sfida internazionale della Comit.

Cet ouvrage décrit le parcours de la Comit et donc de la finance moderne italienne garce à ses auteurs de renom, tous de grands connaisseurs de la banque et de l’Italie en général.

On retrouve ainsi : Carlo Bambrilla (Universitaire de renom), Carlo Azeglio Ciampi (ancien Président de la République d’Italie après avoir été Gouverneur de la Banque d’Italie), Andrea Manzella (Professeur de droit constitutionnel et ancien Sénateur de la République) et Romano Prodi (ancien président du Conseil des ministres italiens et de la Commission européenne).

Un parcours lié à l’histoire de la COMIT

Né en 1923, fils du directeur de la Banque Ottomane en Turquie, Enrico Braggiotti a toujours baigné dans l’univers de la finance. Pendant une cinquantaine d’années, Enrico Braggiotti participe à l’essor de cette institution qui joue un rôle de majeur dans le développement de l’Italie. Artisan du développement international de la COMIT, il fait de l’établissement milanais une référence dans le paysage financier italien de l’époque.

Enrico Braggiotti rejoint la Banca Commerciale Italiana en 1950, il a alors 27 ans. Avant de rejoindre la banque italienne, il sera passé par la France pour achever ses études puis par l’Angleterre et les Etats-Unis pour faire ses premières armes dans le monde de la banque, notamment du crédit.

Lorsqu’il arrive à la COMIT, Enrico Braggiotti doit s’adapter à un établissement marqué par une histoire unique. Fondée en 1894, la COMIT a pour mission historique l’octroi de prêts aux grandes compagnies industrielles du pays. De nombreux secteurs bénéficient de son soutien : la chimie, les transports, ou encore le textile et la sidérurgie.

D’abord tournée exclusivement vers l’économie italienne, la COMIT s’ouvre progressivement à l’international. A l’époque où Enrico Braggiotti rejoint l’établissement, la banque signe ainsi divers accords et autres joint-ventures avec de grands établissements bancaires européens et américains.

Enrico Braggiotti : un témoin privilégié et un acteur-clé

Nommé membre du Comité de Direction Centrale, il devient ensuite Administrateur délégué. En 1988 c’est la consécration : Enrico Braggiotti devient Président de la Banca Commerciale Italiana.
A cette époque, la COMIT n’est plus seulement le partenaire privilégié des entreprises italiennes, mais un véritable Groupe international, présent dans plus de 40 pays.

Entre occasion manquée et refonte du système

Enrico Braggiotti veut accroitre le développement de la COMIT et pilote en ce sens un projet inédit : acquérir une dollar bank, la Irving Trust. Cette initiative témoigne à la fois de la puissance de de la banque et de la volonté affirmée de Braggiotti, qui souhaite inscrire pour de bon la COMIT au palmarès des banques mondiales.
Mais Enrico Braggiotti se heurte à une double barrière

D’une part, les autorités de contrôle américaines font preuve d’un chauvinisme économique inattendu. Alors que les USA sont les chantres du libéralisme économique, ils ne semblent pas voir d’un bon œil l’arrivée d’une banque italienne. Plus surprenant encore : le gouvernement italien ne soutient pas le projet.

Jacques de Larosière, Gouverneur de la Banque de France à l’époque a lu l’ouvrage comme un roman. Il félicite Enrico Braggiotti pour le rôle décisif qu’il a joué. De l’opportunité américaine, il souligne « Vous sortez grandi de cette extraordinaire aventure et malgré ces coups durs, vous avez su (et les historiens) rester au-dessus de la mêlée et ne laisser apparaître aucune frustration ! C’est un signe d’élégance ! »

Agé de 91 ans, Enrico Braggiotti est aujourd’hui une personnalité discrète, peu habituée des honneurs. Pourtant, son apport inestimable dans la modernisation de la COMIT et son impact positif sur la finance européenne méritent d’être connus.

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