Faut-il défendre la langue française contre la montée de l’anglais ? Faut-il défendre la langue française contre la montée de l’anglais ? Faut-il défendre la langue française contre la montée de l’anglais ?
Actualités

Faut-il défendre la langue française contre la montée de l’anglais ?

Publié le 30 septembre 2019,
par VisionsMag.
Partager
()

Alors que cet été étaient célébrés les vingt-cinq ans de la loi Toubon qui défend la langue française, de plus en plus d’entreprises hexagonales utilisent l’anglais dans leurs slogans. Entre volonté d’ouverture sur la langue internationale et conservation du patrimoine linguistique français, le débat est ouvert.

Replay, love, smile, outdoor… A l’ère du numérique, l’usage des mots anglais dans les publicités est en pleine expansion. Une pratique qui chagrine les défenseurs de la langue française et de la loi Toubon. Cette loi destinée à protéger le patrimoine linguistique français, défendue par Jacques Toubon alors ministre de la Culture et de la Francophonie, a été votée en 1994. Elle demande le respect de l’usage de la langue française que ce soit dans le monde du travail ou dans les publicités. C’est l’Autorité de régulation professionnelle de la publicité (ARPP) qui est en charge de veiller à ce que la loi Toubon soit bien appliquée dans un but d’égalité afin que tous les Français aient la même compréhension des publicités qu’ils ont en face de leurs yeux.

En fêtant ses vingt-cinq ans, la loi Toubon a été remise sur le devant de la scène par quelques personnalités, notamment Franck Riester, actuel ministre de la Culture français. Ce dernier s’est positionné en faveur d’un respect de cette loi qu’il considère toujours autant d’actualité en raison de la mondialisation et du nombre croissant de publicités qui utilisent l’anglais. Il a d’ailleurs tenu à rappeler que la langue officielle du pays était le français. Tout en ajoutant que se souvenir de la loi Toubon permettait de rester vigilant « quant à son application et notre engagement pour son adaptation au monde d’aujourd’hui et de demain ».

Emmanuel Macron lui-même utilise l’anglais

Cette prise de position tranchée est assez paradoxale alors que des entreprises qui représentent l’Hexagone (La Poste et EDF en tête) n’hésitent pas à bâtir des slogans en anglais. Ainsi, Air France et son France is in the air ou les JO de Paris 2024 avec Made for sharing ne sont pas dans cette logique voulue par le ministère de la Culture. Pire, Emmanuel Macron lui-même a déjà utilisé des anglicismes dans ses discours dont le terme de start-up nation.

Ce rappel de la loi Toubon, qui avait été très critiquée lors de sa promulgation, réalimente un vieux débat en France : à l’heure de l’internationalisation des échanges en anglais, les Français seraient toujours aussi réticents à l’idée de parler la langue de Shakespeare. Si une partie de la population dénonce ce manque d’ouverture sur l’anglais, d’autres, dont Jacques Toubon, ripostent en brandissant l’argument de conservation et de défense de la culture.

L’ancien ministre s’est d’ailleurs exprimé récemment au sujet de la réouverture de ce débat, regrettant la multiplication des anglicismes à travers la publicité et les médias qui sont de grands influenceurs. Il en a profité pour critiquer la régulation de l’ARPP, qu’il a estimé « consensuelle ». L’autorité de régulation a relevé que sur 19.323 publicités analysées en 2018, 4,8 % n’ont pas été traduites comme le stipule la loi. Jacques Toubon a aussi dressé un bilan de sa loi, rappelant que toutes les entreprises se sont soumises au français pour la rédaction des contrats de travail mais déplorant que certaines utilisent trop l’anglais dans leurs slogans.

Les Pays-Bas aussi veulent contrer l’anglais

La France n’est pas le seul pays à nourrir un débat au sujet de la prééminence de l’anglais. Aux Pays-Bas, où les habitants sont réputés pour parler un excellent anglais, les universités sont accusées de « tuer » le néerlandais. En effet seuls 15 % des masters du pays s’effectuent dans la langue locale contre 85 % en anglais. Etudiants et professeurs attendent une réaction forte de la part des élus politiques afin de « sauver » le néerlandais. Et ils brandissent un argument irréfutable : les Hollandais parlent déjà très bien anglais avant d’aller à l’université donc, même si les cours s’effectuent dans leur langue locale cela ne les empêchera pas de conserver leur bon niveau.

En France, de quelle manière cette problématique peut-elle être résolue ? La loi Toubon n’est pas obsolète mais elle peut facilement être détournée et ne garantit pas assez la défense du français. Si le ministre de la Culture se veut un fervent défenseur du français, force est de constater que sa position ne fait pas l’unanimité au sein même de son propre gouvernement. Entre fervent conservatisme et volonté d’ouverture, le débat reste plus que jamais ouvert avec, en toile de fond, la mauvaise maîtrise de l’anglais par la population française.

Sources des photos : sputniknews.com/ francophonie-avenir.com / lyc-curie-stjeandugard.ac-montpellier.fr / over-blog-kiwi.com /


Faut-il défendre la langue française contre la montée de l’anglais ?
Faut-il défendre la langue française contre la montée de l’anglais ?
Faut-il défendre la langue française contre la montée de l’anglais ?