Etats-Unis: Manafort veut une enquête sur des fuites dans l'enquête russe
WASHINGTON (Reuters) – L’ancien directeur de campagne de Donald Trump, Paul Manafort, a réclamé mardi l’ouverture d’une enquête sur des fuites le visant, au lendemain de nouvelles révélations dans l' »enquête russe ».
Lundi, CNN a révélé qu’un tribunal secret avait donné son feu vert à la surveillance de Paul Manafort, en vertu du Foreign Intelligence Surveillance Act (FISA), qui permet aux autorités fédérales d’espionner des citoyens américains suspectés d’agir comme agents d’un pays étranger.
Nommé directeur de campagne de Donald Trump en juin 2016, Paul Manafort a été contraint à la démission deux mois plus tard en raison de relations d’affaires avec l’ancien dirigeant ukrainien Viktor Ianoukovytch, soutenu par Moscou.
Il fait l’objet d’une enquête dans le cadre de l’investigation indépendante menée par le procureur spécial Robert Mueller sur l’ingérence russe dans la campagne présidentielle américaine de 2016.
Selon CNN, Paul Manafort a fait l’objet d’une surveillance dès 2014 mais elle a pris fin en 2016, faute d’éléments probants. Elle a ensuite repris la même année et s’est poursuivie en 2017 dans le cadre de l’enquête russe.
« Si c’est vrai, c’est un délit de révéler l’existence d’un mandat FISA, indépendamment du fait qu’aucune mise en accusation n’a jamais émergé », a déclaré le porte-parole de Manafort Jason Maloni, appelant à l’ouverture d’une enquête pour faire la lumière sur ces fuites et examiner les motivations politiques de cette surveillance décidée sous l’administration Obama.
Ni le procureur spécial, ni le FBI, n’ont fait de commentaire sur les informations de CNN. Dans le cadre de l’enquête de Mueller, le FBI a mené fin juillet une perquisition au domicile de Paul Manafort.
Le New York Times rapportait lundi que Manafort avait été prévenu alors d’une mise en examen prochaine par les procureurs.
Selon CNN, les autorités fédérales ont renforcé leur surveillance après avoir intercepté des conversations entre Manafort et des agents russes.
Les écoutes se sont poursuivies en 2017, alors que Manafort était toujours en contact avec Donald Trump. On ignore toutefois si des propos du président ont été captés dans ces écoutes.
En parallèle, on a appris mardi de deux personnes proches du dossier que Donald Trump finançait sa défense dans l’enquête russe par des sommes d’argent destinées à sa campagne de réélection et des fonds du Comité national républicain.
Selon CNN, la direction républicaine a déboursé plus de 230.000 dollars pour élaborer la défense du président dans cette affaire. La pratique est autorisée par la commission électorale fédérale des Etats-Unis.
Contactée par Reuters, une porte-parole du comité républicain a confirmé le paiement 100.000 dollars à l’avocat principal de Donald Trump, John Dowd, et de 131.250 dollars à un cabinet juridique dirigé notamment par un autre de ses avocats.
Le président américain fait l’objet d’une enquête du procureur spécial Robert Mueller sur des soupçons d’entrave à la justice dans le cadre de ces investigations.
Le gendre de Trump, Jared Kushner, et un des fils du président, Donald Trump Jr., intéressent également l’enquête.
(Eric Beech, Julie Carriat pour le service français)