Etienne Uzac : le jeune « Frenchy » qui a racheté Newsweek

Dès sa sortie dans les kiosques le 6 janvier 2014, la une de l’hebdomadaire américain Newsweek, fait aussitôt le buzz. Sous le dessin d’un masque blanc, le magazine annonce avoir retrouvé la trace du créateur des « bitcoins », la monnaie virtuelle.

La splendeur du scandale Monica Lewinsky

Newsweek leader de l’actualité mondiale… il y a bien longtemps que l’hebdomadaire n’avait pas été à pareille fête. La dernière grande révélation du journal date en effet de 1998 ! A l’époque, il s’agissait du scandale Monica Lewinsky. Dans son bureau de Manhattan, Etienne Uzac, le jeune patron d’IBT Media, la société propriétaire de Newsweek, peut se frotter les mains. Le pari qu’il a tenté en rachetant l’hebdomadaire est en train de s’avérer payant.

C’est le 4 août 2013, qu’Etienne Uzac annonce la nouvelle du rachat du prestigieux magazine américain sur son compte Twitter : « we acquired Newsweek!!! », lance-t-il. La nouvelle fait sensation : un jeune français rachète l’un des fleurons de la presse américaine. Mais les spécialistes des médias restent sceptiques. Au temps de sa splendeur, Newsweek tirait à 4 millions d’exemplaires. En 2013, le magazine a perdu l’essentiel de son lectorat. Le titre n’est plus que l’ombre de lui même. Sacrilège ultime, l’édition papier a été arrêtée en 2012. Pour l’ancien propriétaire du magazine, le magnat de la presse Barry Diller, Newsweek est clairement une mauvaise affaire. Etienne Uzac passe outre ce commentaire. Il annonce même son intention de relancer le magazine dans les kiosques.

30 millions de visiteurs uniques

Quand on l’interroge sur cette acquisition jugée hasardeuse, Etienne Uzac ne se démonte pas. Ce trentenaire à l’allure timide et empruntée, explique calmement qu’en acquérant Newsweek, IBT Media rachète plus qu’un journal. Le groupe s’offre une marque mondialement reconnue. Par sa seule renommée, Newsweek va accroître la réputation de l’ensemble des médias détenus par IBT Media.

Car avant de se porter acquéreur de Newsweek, Etienne Uzac était un parfait inconnu. Né au Chili de parents français, ce fils de diplomate a vécu en Afrique du Sud, avant de rejoindre la France où il fait ses études à Stanislas, le lycée privé de la jeunesse chic de la capitale. Son enfance lui a donné le goût du voyage, il finit ses études à la London School of Economics. C’est un camarade de cours qui lui fait rencontrer Jonathan Davis, ingénieur de la Silicon Valley, diplômé de l’université de Californie à Los Angeles (UCLA). Les deux hommes créent en 2006, IBT Media, une startup spécialisée dans la création de supports de presse numérique.

La stratégie poursuivie par la jeune société est claire : s’implanter dans des marchés de niche. Elle permet à IBT Media d’afficher des profits dès 2010. Une gageure dans un secteur où beaucoup peinent à trouver un modèle économique viable. IBT Media, dont le siège se trouve à New-York, ouvre des bureaux au Royaume-Uni, en Inde et en Australie. En 2013, la startup est devenue un groupe international. Les 23 sites d’informations que gère la société, lui assurent une présence dans 235 pays. L’ensemble des supports comptabilise 30 millions de visiteurs uniques par mois.

L’ombre du pasteur David Jang

Ce parcours, digne des plus belles success stories de l’Internet, se trouve néanmoins écorné par les révélations de la presse américaine. Outre-Atlantique, on veut en savoir plus sur ce « Frenchie » qui se paie l’un des magazines emblématiques du pays. Le « Christianity Today », puis le « New York Observer », révèlent des liens supposés, entre IBT Media et un évangéliste coréen, le pasteur David Jang. Interrogé sur ces accusations, Etienne Uzac reconnait des relations d’amitié avec le pasteur, mais conteste toute implication de David Jang dans les affaires d’IBT Media. Pour le jeune homme, la controverse est alimentée par des groupes de presse concurrents, jaloux du succès d’IBT Media.

Un faux ou intox ?

Toujours est-il que l’objectif poursuivi par Etienne Uzac est en passe d’être réalisé. La renommée d’IBT Media a décuplé avec l’acquisition du prestigieux magazine. En outre, Newsweek a retrouvé un lectorat. Le site comptabilise plus de 2,7 millions de visiteurs uniques par mois. La version papier culmine à 100 000 exemplaires. Depuis son acquisition par IBT Media, le titre a multiplié son chiffre d’affaires par 400 ! Et pourtant le scoop sur le créateur des bitcoins était…un faux !

Liens photos: md1.libe.com / vanityfair.fr

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