Gaspard Gantzer : une nouvelle voix pour la communication de l’Elysée

Cheveux en bataille, sourire ravageur, Gaspard Gantzer, nouveau conseiller en communication de François Hollande, ressemble plus à un enfant terrible de la Web culture, qu’à un homme de cabinet ministériel. En ce mercredi 29 mai 2014, il accompagne François Hollande à Clairefontaine, centre d’entrainement de l’équipe de France de football. Alors que le Président prend la pose avec les « Bleus », Gaspard Gantzer se tient à l’écart, orchestrant l’opération dans les moindres détails. Derrière son apparence éternellement jeune, Gaspard Gantzer cache une détermination sans faille. Ses anciens partenaires de l’équipe de rugby du CASG Paris, dont il était le capitaine, se souviennent d’un arrière qui n’aimait rien tant que « rentrer dans le lard ».

Sur Facebook avec un joint

Le séjour de Gaspard Gantzer à l’Elysée a failli tourner court. Quelques jours à peine après sa nomination, le 23 avril 2014, le jeune homme (35 ans) s’est retrouvé au centre d’une mini crise médiatique. Le site LeLab a déterré une ancienne photo trouvée sur Facebook. On y voit Gaspard Gantzer fumant ce que beaucoup ont identifié comme un « joint ». L’affaire a fait le buzz sur Internet pendant quelques heures avant de s’essouffler. Néanmoins, elle ne pouvait tomber plus mal pour l’Elysée qui venait de gérer le dossier Aquilino Morelle, l’ancien conseiller politique et communication de François Hollande, accusé par Mediapart de trafic d’influence.

Cette maladresse aura au final, plutôt servi Gaspard Gantzer en renforçant dans l’opinion l’image atypique, libre et moderne, de cet ancien élève de Sciences Po et de l’ENA. C’est d’ailleurs cette jeunesse et cette liberté de ton qui avaient valu à Gaspard Gantzer d’être choisi en 2008 comme directeur de cabinet par Christophe Girard, alors adjoint au maire de Paris. « Je cherchais un jeune homme aimant la techno, le rap, maitrisant le numérique, ouvert sur le monde » dira Christophe Girard au magazine Paris Match. L’ancien responsable de la culture de Bertrand Delanoë décrit Gaspard Gantzer comme un homme franc, qui « regarde les gens en face ».

L’expérience à la mairie de Paris sera si concluante que deux ans plus tard, en 2010, Gaspard Gantzer deviendra conseiller à la communication de Bertrand Delanoë. En janvier 2013, il rejoindra Laurent Fabius au ministère des affaires étrangères, comme conseiller presse et communication. Juste avant d’être appelé à l’Elysée, il occupera pendant quelques jours le poste de directeur adjoint de cabinet de Stéphane Le Foll, tout juste nommé porte-parole du gouvernement.

L’incurie de l’ENA

En arrivant à l’Elysée, Gaspard Gantzer n’est pas tombé en terrain inconnu. Il y retrouve notamment un camarade de promotion de l’ENA, Emmanuel Macron, conseiller pour les affaires économiques du Président. Cette promotion 2004 de l’ENA s’est d’ailleurs distinguée en affichant un esprit rebelle. Les faits ont été rapportés par le journal Le Monde. Lors du séminaire d’intégration de l’ENA, le directeur de l’école annonce aux élèves de la promotion 2004 que les notes ne seront plus divulguées au cours du cursus. Aussitôt les nouveaux arrivants menacent de ne pas rendre public le nom de leur promotion. Il est d’usage depuis la création de l’ENA que les élèves choisissent par vote le nom de leur promotion. Après une courte négociation la direction reculera. La promotion 2004, prendra le nom de Léopold Sédar Senghor, poète, homme d’Etat, académicien, chantre de la négritude et figure de l’indépendance de l’Afrique.

Presque deux ans plus tard, cette promotion va encore faire parler d’elle, lors d’un « amphi-garnison », cérémonie de fin d’étude à l’ENA. Les élèves choisissent ce moment solennel pour rendre publiques leurs critiques vis-à-vis de l’école. Ils dénoncent notamment la « vacuité intellectuelle des enseignants », « l’incurie de la scolarité » et la « la valorisation des talents généalogiques ». C’est un camouflet pour la direction, jamais la vénérable institution de la République n’avait été ainsi publiquement remise en cause.

Une passion pour la culture

Avant de rejoindre les affaires politiques, Gaspard Gantzer est passé par la direction du Centre National du Cinéma. Là, il a pu œuvrer dans un de ses domaines de prédilection : la culture. Le 24 janvier 2012, il signe d’ailleurs une chronique dans le Huffington Post où il fustige l’immobilisme des politiques culturelles de la France depuis dix ans. Le « ministère de la Culture est moribond » n’hésite-t-il pas à écrire, appelant de ses vœux une politique énergique de défense de la culture française à travers le monde. Une énergie dont il va avoir grandement besoin aujourd’hui. Jamais sans doute un conseiller à la communication de la présidence n’a eu à relever un tel défi pour réconcilier la « société civile » et les politiques.

Liens photos :   www.lelab.europe1.fr / www.welikeit.fr/

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