Grande manifestation à Athènes contre un compromis sur la Macédoine
ATHENES (Reuters) – Des centaines de milliers de Grecs ont manifesté dimanche devant le siège du Parlement à Athènes pour rejeter l’utilisation du mot Macédoine par l’ancienne république yougoslave du même nom dans le cadre d’un compromis visant à mettre fin à des décennies de contentieux avec la Grèce.
Les gouvernements d’Athènes et Skopje ont décidé de relancer des négociations cette année sous l’égide des Nations unies.
La querelle empêche depuis plus de vingt ans l’ex-république yougoslave, dont l’indépendance a été reconnue en 1993 sous l’appellation provisoire d’Ancienne République Yougoslave de Macédoine, de rejoindre l’Otan ou l’Union européenne.
La Grèce refuse que le petit pays des Balkans adopte le nom de Macédoine, le même que celui de la région de Thessalonique et de l’ancien royaume d’Alexandre le Grand.
Les manifestants défilant à Athènes ont déployé un gigantesque drapeau national à l’aide d’une grue et des banderoles proclamant: « Pas touche à la Macédoine ! » en scandant l’hymne national.
Parmi les orateurs qui se sont exprimés devant la foule figurait le compositeur Mikis Theodorakis, qui a déclaré que les huit années de crise économique endurées par la Grèce n’avaient pas effacé la mémoire historique du peuple grec.
« Si nous laissons passer cela, nous permettrons à un mensonge historique tragique de se perpétuer », a lancé sous les acclamations de la foule le musicien âgé de 93 ans, symbole de la résistance contre la dictature des colonels (1967-74).
Pour désigner l’ancienne république yougoslave, le gouvernement grec d’Alexis Tsipras a proposé comme compromis un nom composé comme Macédoine du Nord mais les sondages montrent qu’une majorité de Grecs s’opposent à l’utilisation du mot « Macédoine » dans une quelconque combinaison.
Environ 300.000 personnes ont déjà manifesté le 21 janvier à Thessalonique, capitale de la région grecque de Macédoine.
(Renee Maltezou; Jean-Stéphane Brosse pour le service français)