Heurts à Jérusalem pour les prières du vendredi, 3 Palestiniens tués
par Luke Baker et Ori Lewis
JÉRUSALEM (Reuters) – Israël a renforcé les mesures de la sécurité dans la vieille ville de Jérusalem et des heurts se sont produits à l’occasion des prières du vendredi, le Premier ministre Benjamin Netanyahu ayant décidé le maintien des détecteurs de métaux à l’entrée de l’esplanade des Mosquées.
Au moins trois Palestiniens ont été tués.
Le ministère palestinien de la Santé a annoncé la mort d’un jeune de 17 ans, d’un autre de 18 ans, et d’un troisième d’âge inconnu. Deux au moins ont été tués par balles dans deux quartiers de Jérusalem-Est relativement éloignés du sanctuaire.
On ignore la provenance des tirs, même si certains médias rapportent qu’un colon israélien habitant une implantation en Cisjordanie serait responsable d’un des décès.
La dixième chaîne israélienne a également annoncé la mort d’un enfant de huit ans asphyxié par des gaz lacrymogènes, qui n’a pas pu être confirmée.
Des confrontations quotidiennes ont eu lieu entre manifestants palestiniens lançant des pierres et policiers israéliens armés de grenades assourdissantes, depuis que des portiques de détection sont entrés en service dimanche à l’entrée de l’esplanade des Mosquées, aussi appelée mont du Temple par les Juifs.
Ces mesures restrictives ont été prises après la mort de deux policiers israéliens abattus par des Arabes israéliens dans ce lieu saint vendredi dernier.
Le conseil de sécurité du Premier ministre israélien a décidé jeudi soir le maintien des détecteurs de métaux afin d’empêcher que des armes à feu puissent à nouveau être introduites sur l’esplanade.
Plusieurs centaines de fidèles musulmans se sont rassemblés aux différentes entrées du sanctuaire avant la prière du vendredi matin mais ont refusé de pénétrer dans les lieux, préférant suivre le service depuis l’extérieur des bâtiments.
« Nous refusons les restrictions israéliennes sur la mosquée d’Al Aksa », a dit le grand mufti de Jérusalem, Mohammad Hossein.
ACCÈS LIMITÉ
Des dignitaires musulmans et certaines factions politiques palestiniennes avaient appelé les fidèles à se rassembler vendredi pour une « journée de colère » contre les nouvelles mesures de sécurité, qui, disent-ils, contreviennent aux accords régissant les lieux depuis plusieurs décennies.
En début d’après-midi, peu de violences avaient été signalées, la police israélienne ayant dépêché des unités en renforts pour assurer la sécurité dans la vieille ville dont les accès étaient contrôlés.
Quelques manifestants ont lancé des pierres et tenté de franchir un cordon de la police qui a répliqué par des tirs de grenades assourdissantes.
Les services ambulanciers du Croissant rouge palestinien ont fait état de 30 blessés, dont deux dans un état grave et de plusieurs autres souffrant d’inhalation de gaz lacrymogènes.
L’entrée sur l’esplanade des Mosquées est limitée aux femmes sans distinction d’âge et aux hommes de plus de 50 ans.
Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a téléphoné jeudi à son homologue israélien, Reuven Rivlin, pour lui demander le retrait des détecteurs de métaux.
Le coordinateur de l’Onu pour les négociations de paix israélo-palestiniennes, Nickolay Mladenov, a lancé un appel au calme et la Maison blanche a souhaité une solution.
La Jordanie, qui administre ce site saint également revendiqué par les juifs, tente de mener une mission de médiation.
« Israël est déterminé à maintenir le statu quo sur le mont du Temple et la liberté d’accès aux lieux saints », précise le cabinet de sécurité de Netanyahu dans un communiqué.
« Le cabinet a autorisé la police à prendre toute mesure nécessaire pour garantir le libre accès aux lieux saints tout en maintenant la sécurité et l’ordre public », ajoute le texte.
(Luke Baker et Ori Lewis; Eric Faye, Pierre Sérisier et Jean-Stéphane Brosse pour le service français)