Un institut lié au Kremlin auteur d'un plan pour l'élection US
WASHINGTON (Reuters) – Un institut contrôlé par Vladimir Poutine a élaboré une feuille de route pour influencer l’élection présidentielle américaine au profit de Donald Trump, a appris Reuters de sept responsables américains, dont trois sont toujours en poste.
Deux documents confidentiels rédigés par cet institut sont selon eux à l’origine des conclusions des agences de renseignement américaines sur l’ingérence de la Russie dans l’élection du 8 novembre dernier.
Ces documents, obtenus après le scrutin par ces sources qui ont requis l’anonymat, ont été préparés par l’Institut russe des études stratégiques (RISS). L’institut est dirigé par d’anciens agents du renseignement russe, nommés par le Kremlin.
Le premier document, qui a circulé au plus haut niveau du gouvernement russe dès juin, recommande au Kremlin de lancer une campagne de propagande sur les réseaux sociaux pour encourager les Américains à élire un président plus favorable à Moscou que le démocrate Barack Obama, rapportent ces sept responsables.
Le second document, rédigé en octobre et diffusé dans les mêmes cercles, évoque le risque d’une possible victoire de la candidate démocrate Hillary Clinton.
Il recommande de mettre fin à la campagne de propagande pro-Trump et d’insister plutôt sur la gravité de la fraude électorale aux Etats-Unis afin d’affaiblir la légitimité du système et de porter atteinte à la réputation de la candidate.
Les agences de renseignement américaines n’ont pas fait de commentaire. Le président russe, Vladimir Poutine, a démenti à plusieurs reprises toute ingérence dans l’élection américaine.
Jeudi, le Kremlin a jugé que l’information rapportée par Reuters manquait de crédibilité. « Je ne sais rien de tout cela. Tout ce que je puis dire c’est que sept sources anonymes ne valent pas une vraie source », a déclaré le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.
Le directeur du RISS, Mikhaïl Fradkov, a ironisé pour sa part sur les « conspirationnistes » qui, dit-il, « ignorent la réalité au profit de leurs fantasmes préférés ».
Les deux documents ont été fondamentaux dans les rapports de l’administration Obama qui ont conclu à l’existence d’une campagne de désinformation et d’attaques informatiques ciblées contre le Parti démocrate, soulignent les responsables.
« Poutine avait cet objectif en tête tout du long, et il a demandé à l’institut de lui dessiner une feuille de route », estime l’un d’eux, un ex-employé des services de renseignement américain.
Donald Trump a estimé que les activités présumées de la Russie n’avaient eu aucun effet sur l’issue du scrutin.
(Ned Parker, Jonathan Landay et John Walcott, avec Jack Stubbs et Denis Pinchuk à Moscou, Julie Carriat et Gilles Trequesser pour le service français)