« Un café nommé désir », c’est lui. « Demain j’enlève le bas », c’est encore lui. « Décathlon, à fond la forme », c’est toujours lui. Au total, Jacques Séguéla aura dirigé plus de 1 500 campagnes publicitaires ; et la plupart auront été des succès. Retour sur une légende vivante.
Au départ, rien ne prédestinait ce fils de médecin à devenir publicitaire. Né en 1934 à Paris, il passe son enfance dans le sud et parfait son éducation chez les Jésuites à Montpellier. Cancre un peu taquin, il finira par planter une fourchette dans les fesses d’un pion !
Il est rapatrié dare-dare à Perpignan où habitent ses parents ; mais ses résultats scolaires resteront médiocres… Il se fera recaler quatre fois au baccalauréat et il faudra l’intervention énergique de son grand-père pour que le jeune homme se mette à travailler sérieusement. Et ça marche ! Il décroche enfin le précieux sésame et s’inscrit en pharmacie.
Pour son doctorat, Séguéla décide d’étudier les plantes médicinales rares . Citroën le soutient financièrement et le voilà parti sur les routes pendant deux ans ! De retour en France, il soutient sa thèse et écrit son premier opus, La terre en rond.
Pour le jeune homme, ce sera le déclic. Il abandonne la pharmacie et devient journaliste à Paris Match. Deux ans plus tard, il est recruté par Pierre Lazareff à France Soir et, à 30 ans, il est nommé rédacteur en chef du quotidien . Mais il a des doutes sur sa vocation. Il s’en ouvre à son chef, qui lui conseille de faire de la publicité. On est au milieu des années 1960 ; Jacques Séguéla n’hésitera pas longtemps.
Un publicitaire dans le vent
Il intègre l’agence Delpire avant de se faire débaucher par Axe Publicité. Séguéla n’y restera pas longtemps ; mais il y fera ses premières armes et surtout il rencontrera Bernard Roux, avec lequel il créera sa propre entreprise en 1970.
Leur premier coup de maître ? La publicité pour les moteurs de bateau Mercury, dans laquelle ils utilisent une photo de Georges Pompidou sur un hors-bord . L’annonce ne sera jamais diffusée pour cause d’ire présidentielle ; mais elle créera le buzz et lancera les deux compères sur la place de Paris. Ils seront rejoints plus tard par Alain Cayzac et Jean-Michel Goudard. L’aventure RSCG peut commencer !
Jacques Séguéla est le créatif de l’agence et, dans les années 1970-80, il est de tous les bons coups publicitaires. De Carrefour à Air France en passant Vuitton et Le Printemps, les grandes marques le réclament et, en 1981, François Mitterrand lui-même fera appel à ses services. La gestion publicitaire de la campagne présidentielle et le slogan « La force tranquille » resteront dans les annales de la communication politique.
Malgré la renommée grandissante de Séguéla, RSCG est bientôt au bord de la faillite . C’est la crise et l’agence qui a grandi trop vite n’a pas les épaules pour y faire face. En 1991, elle devra fusionner avec Eurocom et deviendra Euro RSCG. Séguéla en restera le directeur artistique et, aujourd’hui encore, il continue d’animer l’âme créative de l’agence, renommée Havas Worldwide en 2012.
Fin de règne?
Ces dernières années, le publicitaire s’est surtout fait remarquer pour ses liens avec Nicolas Sarkozy et quelques sorties d’un goût douteux . Et, pourtant, celui qui a fêté ses 80 ans en février dernier reste une figure incontournable de la publicité en France. D’ailleurs, Vincent Bolloré, le patron de Havas, l’a bien compris, lui qui a demandé à cet octogénaire hyperactif de rester en poste jusqu’en 2022 !
Photos sources :www.blogs.mediapart.fr /www.lechouandesvilles.over-blog.com /