Jean-Pierre Bel : un président du Sénat à l’Elysée ? Jean-Pierre Bel : un président du Sénat à l’Elysée ? Jean-Pierre Bel : un président du Sénat à l’Elysée ?
Politique

Jean-Pierre Bel : un président du Sénat à l’Elysée ?

Publié le 22 décembre 2014,
par VisionsMag.
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Depuis le 28 septembre, la présidence du Sénat français a changé de mains, Jean-Pierre Bel laissant sa place au sénateur des Yvelines Gérard Larcher. Mais si à 62 ans, M. Bel va pouvoir toucher sa retraite de sénateur, sa carrière n’en semble pas pour autant terminée. Selon le Canard enchaîné, M. Bel souhaiterait en effet se voir parachuté à l’Elysée avant de prendre la tête d’une ambassade en Amérique du Sud où il pourrait rejoindre sa compagne cubaine. Sans démentir complètement, l’ancien président socialiste du Sénat botte en touche.

Réagissant aux dires du Canard, Jean-Pierre Bel a nié viser un poste d’ambassadeur à Cuba : « Pour être ambassadeur, il faut avoir moins de 65 ans, et c’est une barrière que je vais bientôt franchir, » a-t-il expliqué sur France 3. En ce qui concerne un éventuel poste de conseiller chargé de l’Amérique latine qui l’attendrait à l’Elysée, l’ancien président de la Chambre haute française botte en touche, expliquant qu’il se réserve naturellement le droit d’exercer une activité après le Sénat, mais que personne ne peut prétendre la connaître puisque lui-même l’ignore. Cela lui permettrait pourtant de se rapprocher de La Havane et de sa compagne cubaine, en plus de pouvoir cumuler son salaire avec ses indemnités de retraité du Sénat.

Escapades tropicales à La Havane

Car le tropisme cubain de Jean-Pierre Bel n’était un secret pour personne au Sénat. Ses nombreux voyages à La Havane, privés ou officiels à l’instar de sa visite au chef de l’Etat cubain Raul Castro en 2013, ont fait grincer des dents chez les parlementaires. En 2010, son mariage en secondes noces avec Irina Pla Godinez, superbe mannequin cubain de vingt-cinq ans, n’a pas calmé les rumeurs de son intérêt pour un poste d’ambassadeur de France à La Havane. Mais il s’est finalement déclaré trop âgé pour ce poste, et de toute manière la place est prise : c’est Jean-Marie Bruno, l’ancien ambassadeur de l’Hexagone au Surinam puis en Slovaquie, qui s’en chargera.

Un exercice discret du pouvoir

Premier président du Sénat de gauche depuis le radical Gaston Monerville (1947-1968), M. Bel n’aura pas eu un mandat tonitruant, au contraire il est resté plutôt discret. « Je ne suis pas fasciné par le narcissisme médiatique, » explique-t-il à Mediapart. S’il a suscité les railleries pendant plusieurs années dans les couloirs de la Haute Assemblée, c’est surtout pour ses absences et ses escapades à Cuba.

Mais il ne se laisse pas si facilement atteindre : « Je préfère être efficace et je n’ai pas besoin de crier au-dessus des toits sans résultat. Et quand j’ai des choses à dire à François Hollande ou à Manuel Valls, je le fais en tête-à-tête. De nombreux textes ou projets du gouvernement on été modifiés ou annulés à la suite de mes interventions. » Il rappelle notamment le projet de loi sur la décentralisation, découpé en trois parties par M. Ayrault en avril 2013. « Jean-Pierre Bel prône un exercice discret du pouvoir, » assure de son côté Matthias Fekl, son ancien conseiller à la présidence. Mais d’autres prétendent simplement qu’il ne travaille guère.

Jean-Pierre Bel : un président du Sénat à l’Elysée ?
En cette période de bilan de mi-mandat présidentiel, il est intéressant de porter un regard curieux sur celui qui fut président du Sénat ces quatre dernières années : Jean-Pierre Bel.

« Ne pas se considérer comme propriétaires de nos mandats »

Ces derniers mois, l’ancien président de la Chambre haute française a pourtant du se montrer davantage, et pour des raisons délicates. Au début de l’année, il a du s’expliquer sur le rejet par le bureau du Sénat de la levée de l’immunité parlementaire de l’industriel Serge Dassault. A la suite de ce raté monumental, M. Bel a décidé de remplacer les votes à bulletin secret par des votes à main levée.

Finalement, ce que l’ancien président du Sénat a sans doute le mieux réussi dans son mandat, c’est sa sortie. Il évoque à ce sujet un « choix personnel très ancien » dont François Hollande avait été informé un an et demi auparavant. M. Bel explique être convaincu que la France est en train d’entrer dans une nouvelle ère politique. A cela il ajoute qu’afin de redonner confiance dans la parole politique, il ne suffit pas de proclamer des principes : il faut être capable de les appliquer, et cela commence par éviter de « se considérer comme propriétaires de nos mandats ».

Enfin, Jean-Pierre Bel tient à rester éloigné de l’image qu’il a trop souvent constatée, celle de ses collègues sénateurs d’âge très avancé. En cohérence avec ses idées, il a donc tourné la page du Sénat. Mais s’il a bien quitté la vie politique, Jean-Pierre Bel n’a aucunement quitté la vie publique : questionné sur cet éventuel poste de conseiller Amérique latine à l’Elysée, il a clairement répondu qu’il fera ce qu’il lui plaît, n’excluant ni l’Elysée ni le secteur privé. Mais lui-même n’a pas encore fait son choix.

Sources des photos : liberation.fr / lefigaro.fr