Jérôme Ferrari, la liberté dans l’âme… l’âme de la liberté Jérôme Ferrari, la liberté dans l’âme… l’âme de la liberté Jérôme Ferrari, la liberté dans l’âme… l’âme de la liberté
Biographie

Jérôme Ferrari, la liberté dans l’âme… l’âme de la liberté

Publié le 4 février 2013,
par VisionsMag.
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C’est seulement à l’âge de 39 ans que Jérôme Ferrari a conquis le cœur du lectorat. A quelques mois de la quarantaine, quand certains s’épanouissent déjà dans l’écriture, le natif de Sartène découvre le succès populaire. 1968, l’année de sa naissance, était-ce là un présage ? Car naître en 1968, l’année de l’ « autre » grande révolution française, incombe tout naturellement des penchants naturels pour la liberté, l’indépendance ainsi que toutes formes d’interrogations. Ainsi, l’Homme avec un grand « H » a pris place au cœur de son obsession, au cœur de son écriture romanesque. Son talent, au lieu d’être une évidence, a éclot tardivement.

Une quête d’indépendance

Dès son jeune âge, Jérôme Ferrari aime les défis et l’inconnu. Comme Matthieu, l’un des héros de son roman auréolé du Goncourt, « Le sermon sur la chute de Rome », il s’adonne à a un goût de l’aventure en quittant Paris pour s’installer en Corse. Il ne veut pas s’enfermer, la liberté et l’esprit nationaliste corse le poussent à suivre cette voie. Ce choix a également résulté des besoins pour ses études. Il s’installera où il écrit son mémoire de sociologie et obtient DEA de philosophie.

Jérôme Ferrari a grandi en banlieue parisienne. Il a découvert la Corse grâce à ses vacances passées chez ses grands-parents, il est vite séduit par le nationalisme corse. Emporté par son esprit d’indépendance et de liberté, il a choisi l’île pour s’installer avant de rétracter.

A l’image des cycles qu’il aime tant évoquer dans ses romans, le bras armé des nationalistes est pour lui un mouvement éphémère.

La Corse, comptoir du monde

En Corse, Jérôme Ferrari peut assouvir ses passions pour les bars qu’il qualifie de « plus petite unité spatiale ayant le caractère d’un monde ». D’ailleurs, dans ses romans, ces endroits sont fréquemment mis au centre des attentions, comme un personnage à part entière. En Corse, c’est le seul endroit, avec l’hyper U, où on trouve du monde en hiver. C’est de plus un endroit très fécond sur le plan romanesque.

Dans son appétit vorace de « relation sociale » et philosophe comme il est, le bar représente un microcosme dans lequel les Hommes évoluent pour Jérôme Ferrari. D’ailleurs, dans sa tête, les gens se bousculent, se rencontrent, les mondes se composent, se décomposent. Une vision critique nourrie par la matière philosophique, même si l’auteur refuse à ce que ses ouvrages soient qualifiés de « philosophiques ». La discipline ne l’aide aucunement à bâtir ses univers romanesques, elle l’aide à avoir des visions critiques.

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Scènes obscènes

Sa personnalité dégouline dans ses œuvres littéraires. Un certain attrait, voire un attrait certain, pour le monde de « l’obscénité » à des années lumières de la pornographie, estime-t-il. Le « moment » et le choix de basculer vers cette obscénité le fascine. Ce qu’il traduit admirablement dans « Balco Atlantico » qui s’évertue à dresser le mécanisme selon lequel un homme et une femme bascule de l’autre côté de l’amour. Comment l’amour se mue en un acte extrême. L’univers de Jérôme Ferrari est complexe à son image.

Sa maturité d’écrivain prendra quelques années, même s’il a la plume facile. Les déboires et les déceptions auraient pu le marquer, mais comme son univers, il considère ces périodes creuses comme des « cycles » naturels. En effet, il a mis du temps à construire sa vie artistique et à s’imposer dans ce milieu. Sa première publication, chez Actes Sud, n’a pas eu l’effet escompté. En 2008, il a essayé de refaire avec Balco Atlantico, en vain. C’est sa troisième publication, « Un Dieu, un animal », qui lui permet de lancer réellement sa carrière dans le monde artistique. Très rapidement, il travaille sur son quatrième roman, « Où j’ai laissé mon âme, et réussi à vendre plus de 30 000 exemplaires.

Auteur du « sermon sur la chute de Rome », pour lequel il a gagné le prix Goncourt, Jérôme Ferrari aimait toujours les défis et l’inconnu.

Le sermon de la chute de Rome

C’est son ouvrage « Le sermon sur la chute de Rome » qui l’installera définitivement sur le panthéon des écrivains de la nouvelle vague. Le prix récompense sa patience. Bien qu’agnostique, il entretient des rapports littéraires avec la Bible et le Coran. Le menu de sa nourriture livresque se compose surtout des mets de Dostoïevski. Un écrivain lucide et mystique ayant sondé la complexité du monde et de la nature humaine ce qui fait écho à la personnalité des Jérôme Ferrari.

Pour certains, le prix Goncourt est une consécration laissant le champ libre à une carrière brillante…ou pas. Pour Jérôme Ferrari, c’est n’est pas une assurance tout risque. C’est même, au contraire, un fardeau car les recettes du succès ne sont jamais assurées de fonctionner pour les prochaines œuvres. Un cheminement tout en lucidité, pour ne pas terminer « idiot ».