Jerome Powell choisi par Donald Trump pour présider la Fed
WASHINGTON (Reuters) – Donald Trump a fait le choix de la continuité en nommant jeudi Jerome Powell, un des gouverneurs de la Réserve fédérale, pour succéder à Janet Yellen à la présidence de la banque centrale américaine.
Jerome Powell, qui est âgé de 64 ans, avait été nommé au conseil des gouverneurs de la Fed en 2012 par le président démocrate Barack Obama. Ce républicain modéré, juriste et banquier d’affaires, faisait figure de favori pour le poste et sa nomination n’a pas fait réagir les marchés qui l’avaient largement anticipée.
Janet Yellen, 71 ans, préside la Fed depuis 2014. Elle avait été choisie par Barack Obama pour succéder à Ben Bernanke, devenant ainsi la première femme à diriger l’institution. Son mandat de quatre ans, qui prend fin en février, n’a pas été renouvelé. C’est la première fois depuis 1979 que le chef de la banque centrale américaine n’est pas reconduit pour un second mandat.
En choisissant Jerome Powell, Donald Trump peut imprimer sa marque à la tête de la banque centrale sans rompre avec la politique monétaire prudente de relèvement progressif des taux d’intérêt mise en place par Janet Yellen pour accompagner la reprise économique.
« C’est presque comme s’il avait choisi Yellen », commente Sarah Binder, professeur de Sciences politiques à l’université George Washington.
Le président républicain a déclaré à plusieurs reprises qu’il préférerait que les taux d’intérêt restent bas, une position apparemment à l’opposé de celle professée par une partie des candidats qui étaient sur sa liste restreinte, notamment l’économiste John Taylor ou l’ancien gouverneur de la Fed, Kevin Warsh.
En annonçant son choix devant la presse dans la roseraie de la Maison blanche, Donald Trump a décrit Jerome Powell comme un dirigeant intelligent et dévoué qui poursuivrait les réalisations de Janet Yellen sur le plan économique après la reprise qui a suivi la crise financière de 2007-2009.
« POUR LES FAMILLES »
« Si nous voulons maintenir tous ces progrès, notre économie aura besoin d’une politique monétaire saine et d’une supervision prudente », a déclaré Donald Trump en présence de Jerome Powell.
« Nous avons besoin d’une direction forte et stable à la Réserve fédérale des Etats-Unis (…). C’est exactement ce qu’il assurera », a ajouté le président.
Donald Trump a salué la gestion de Janet Yellen mais n’a pas dit pourquoi il avait décidé de ne pas la reconduire. Il avait dit mercredi qu’elle était « excellente ».
Le président républicain s’est dit impressionné par l’expérience de Jerome Powell dans le secteur privé. Le futur président de la Fed a connu un parcours professionnel typique à Washington avec des postes dans la fonction publique, dans le privé et dans des cercles de réflexion.
« Il comprend ce qu’il faut pour faire croître l’économie », a dit Donald Trump
En travaillant aux côtés de Janet Yellen, Jerome Powell a soutenu ses orientations en matière de politique monétaire et a partagé, ces dernières années, son idée que la faiblesse de l’inflation justifiait la poursuite d’une approche prudente en matière de taux d’intérêt.
Les taux d’intérêt ont été relevés deux fois cette année par la Fed et devraient l’être une nouvelle fois en décembre.
Jerome Powell a promis de faire attention à l’apparition des risques financiers et des conséquences qu’ont les décisions de la Fed sur l’Américain moyen.
« Les décisions de politique monétaire comptent pour les familles et les communautés américaines », a dit le futur président de la Fed. « Je partage fortement ce sentiment d’une mission et je m’engage à prendre des décisions avec objectivité et qui soient basées sur les données les meilleures à notre disposition ».
Sa nomination doit maintenant être confirmée par le Sénat.
Janet Yellen a pour sa part fait savoir qu’elle veillerait à assurer une transition « en douceur » à la tête de la Fed.
Sous la direction de Yellen, le taux de chômage a été ramené de 6,7% à 4,2% – le plein emploi est l’un des mandats de la Fed – et l’économie a poursuivi sa croissance – elle progresse depuis plus de huit ans – à un rythme toutefois plus faible que lors des précédentes sorties de récession.
Janet Yellen peut en principe rester au conseil des gouverneurs de la Fed jusqu’en 2024, mais la pratique veut que les ex-présidents ne siègent plus au conseil une fois leur successeur en poste.
(par Howard Schneider et Jeff Mason. Avec Lindsay Dunsmuir à Washington et Jonathan Spicer à New York; Véronique Tison et Danielle Rouquié pour le service français)