La Belgique germanophone veut réinventer la démocratie en tirant au sort La Belgique germanophone veut réinventer la démocratie en tirant au sort La Belgique germanophone veut réinventer la démocratie en tirant au sort
Politique

La Belgique germanophone veut réinventer la démocratie en tirant au sort

Publié le 18 juillet 2019,
par VisionsMag.
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Nous connaîssons la Belgique flamande et la Belgique wallonne mais moins la Belgique germanophone. Pourtant, les 76.000 habitants qui la composent depuis un siècle et le traité de Versailles (1919) mettant fin à la Première Guerre mondiale, font parler d’eux ces derniers mois. Ils ont décidé, à partir de septembre 2019, de modifier les règles de leur démocratie en intégrant directement au parlement des citoyens tirés au sort.

L’œuvre de David Van Reybrouck

Supprimer les élections au profit de tirages au sort, telle est l’idée de l’historien et archéologue David Van Reybrouck. Dès 2013, il publie « contre les élections », un texte visant à remettre en cause le système d’élections et de référendums. Le jeune intellectuel prône une démocratie plus directe et a déjà mis en place en 2011 un G1000 qui avait regroupé à Bruxelles plus de 700 citoyens belges ordinaires néerlandophones ou francophones qui avaient débattu de thèmes sélectionnés au préalable lors d’une consultation en ligne.

Pendant les années suivantes, le G1000, qui trouve un écho favorable dans certains pays de l’Est et dans certaines grandes municipalités (Madrid ou Gdansk en Pologne) fait l’objet de moqueries et railleries dans les cercles politiques belges mais Van Reybrouck, loin de lâcher l’affaire, parvient à convaincre la communauté germanophone de Belgique de tenter une nouvelle forme de démocratie après qu’Olivier Paasch, ministre-président des germanophones, ait achevé de lire « contre les élections ».

Début 2019, le parlement de la Belgique germanophone décide de se doter d’un système de consultation permanent qui repose sur le tirage au sort. Le décret est voté le 26 février à l’unanimité par la troisième communauté de Belgique. Concrètement, il y aura un conseil composé de 24 citoyens qui établira l’agenda des consultations et en parallèle, il y aura une assemblée citoyenne composée de 25 à 50 citoyens âgés à partir de 16 ans et tirés au sort. Elle devrait se réunir entre une et trois fois par an et sera renouvelée par tiers tous les six mois. Les citoyens qui la composent seront dédommagés pour leur travail et par rapport à leurs employeurs. Les conclusions tirées par les réunions devront être soumises au parlement et au gouvernement qui s’engagent officiellement à en tenir compte.

Les décideurs politiques de la communauté germanophone sont convaincus que face au mécontentement grandissant des électeurs qui font de moins en moins confiance en la démocratie actuelle, il est temps de faire évoluer le système. Ainsi, la participation citoyenne permet de renforcer les institutions et l’amélioration de la compréhension du processus de décisions par des électeurs souvent déçus ces dernières années.

Une initiative qui attire la curiosité d’Emmanuel Macron

Certes, la communauté germanophone de Belgique n’est pas très nombreuse et rien ne dit que cette nouvelle démocratie-test puisse s’appliquer à des pays composés de plusieurs millions d’habitants. Toutefois, les prérogatives de cette région sont au moins aussi importantes en Europe que l’Ecosse ou la Catalogne, ce qui permettra tout de même d’en faire un laboratoire crédible et de tirer des conclusions très sérieuses de cette expérience.

Après l’officialisation de cette future organisation, de nombreux gouvernements se sont intéressés à cette initiative. Lors de la dernière visite d’Emmanuel Macron en Belgique il y a quelques mois, le président de la République française a longuement discuté avec David Van Reybrouck et il se dit que le chef de l’Etat, qui a beaucoup apprécié l’expérience du grand débat national en pleine crise des « gilets jaunes », souhaiterait se pencher vers cette idée de représentation citoyenne.

A partir du mois de septembre prochain, les yeux seront rivés sur l’évolution de cette petite communauté de Belgique, dont beaucoup en Europe ignoraient jusqu’alors l’existence, et qui pourrait devenir le point de départ d’une nouvelle forme de démocratie.

Sources des photos : wikimedia.org / tv5monde.com / rtbf.be / moustique.cdnartwhere.eu

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