Aucun film ne s’était jusqu’alors intéressé à la prodigieuse effervescence musicale qui s’est emparée de l’Hexagone dès le début des années 1990. Eden, le cinquième long-métrage de Mia Hansen-Løve, comblera cette lacune en suivant l’ascension de Paul, jeune DJ évoluant parmi les précurseurs de la French Touch.
Le film débute en 1992, alors que la France découvre la musique électronique en provenance du Royaume-Uni. Au début simple déclinaison de la house music, les artistes de la scène française vont très vite s’approprier ce style musical pour en faire un genre à part entière. Paul (Felix de Givry), le principal protagoniste du film, va donc assister et participer à l’émergence de ce mouvement au début cantonné aux clubs privés, aux entrepôts désaffectés et même aux bases sous-marines, comme l’illustre une scène du début du film. Car avant de connaitre le succès mondial qu’on lui connait, la French Touch a dû lutter contre la clandestinité. Trop facilement assimilée par les autorités aux raves parties, le long-métrage illustre bien la difficulté éprouvée pour organiser soirées et concerts.
Deux décennies résumées en un film
Le jeune DJ de 17 ans, étudiant en littérature, qui découvre le mouvement en fréquentant assidument les clubs, en fera vite le moteur de sa vie. Formant un duo avec son ami Stan (Hugo Conzelmann), il y croise une galerie de personnages représentatifs et attachants composée de musiciens, de parasites en tout genre, d’artistes expatriés et de femmes fatales. En parallèle, deux autres DJ, Thomas et Guy-Man (incarnés par Vincent Lacoste et Arnaud Azoulay) connaissent le succès avec leur groupe baptisé Daft Punk, contribuant à faire rayonner le genre bien au-delà des frontières françaises. Si le visage des deux artistes ne sera pas dévoilé, des figures marquantes du mouvement, tels que La India et Tony Humphries, feront une apparition dans le film.
Grandeur et désillusions
A travers le parcours de Paul, qui s’étale sur plus de vingt années, la réalisatrice a voulu saisir les joies, mais aussi les difficultés rencontrées par ces talents parfois brisés par un style de vie hédoniste et parfois dangereux. L’usage des drogues, l’ivresse d’un succès rencontré trop subitement, et les tentations de la vie nocturne auxquelles Paul est confronté se veut un compte-rendu fidèle des sensations qu’ont pu éprouver les musiciens de cette génération. Pour coller au plus près à la réalité, la réalisatrice a pu compter sur l’aide de son frère Sven, DJ et alter-ego du personnage principal. Quant au titre du film, Eden, il s’inspire d’un fanzine cher aux clubbers des années 1990. Le souci de réalisme et les clins d’œil à la réalité ne s’arrêtent pas là : de nombreuses scènes ont été tournées dans des endroits mythiques, dont le Queen et la Coupole. La bande originale, d’une importance capitale pour ce genre de film, est assurée par La India, Frankie Knuckles, Cassius et Sueño Latino. Sans oublier, bien sûr, Daft Punk, le duo ayant accepté de céder leurs droits pour une somme modique, enthousiasmés par la lecture du scenario et désireux d’encourager le projet.
Sortie le 19 novembre
Si le film sortira sur les écrans français le 19 novembre, une première projection a déjà eu lieu au festival de Toronto début septembre. Les critiques y ont été dans l’ensemble très positives, saluant la crédibilité du scenario, la qualité de la photographie, le jeu des acteurs et le choix de la bande son. Seule la longueur, de deux heures et onze minutes, en a rebuté quelques-uns. Le succès devrait donc être au rendez-vous et le film attirera très certainement de nombreux spectateurs nostalgiques de cet âge d’or de la musique électronique.
Eden, sortie le 19 novembre. Un film de Mia Hansen-Løve, avec Felix de Givry, Pauline Etienne. Durée : 131 minutes.
La bande annonce :
Sources des photos : www.welovemusic.fr / www.kdbuzz.com /