L'ancien chef des Farc sollicite le pardon du pape
BOGOTA (Reuters) – L’ancien leader de la guérilla des Farc a demandé pardon au pape François pour les souffrances infligées au peuple colombien durant près d’un demi-siècle de conflit.
Le souverain pontife effectue depuis mercredi une visite de cinq jours en Colombie, pays profondément catholique qui lui réserve un accueil particulièrement chaleureux.
Dans une lettre ouverte adressée au pape argentin, Rodrigo Londoño répond à l’appel à la réconciliation lancé par le souverain pontife afin d’apaiser les divisions nées de la rébellion qui a fait 220.000 morts et des millions de déplacés.
« Vos nombreuses références à la miséricorde infinie de Dieu m’amènent à solliciter votre pardon pour toutes les larmes et les douleurs que nous avons infligées au peuple de Colombie », écrit-il dans cette missive rendue publique vendredi.
Après leur démobilisation consécutive à l’accord de paix conclu l’an dernier, les Farc viennent d’achever leur mue en formation politique, tout en conservant le même acronyme en espagnol, Fuerza Alternativa Revolucionaria del Común.
Le pape François, qui effectue son vingtième déplacement à l’étranger et son cinquième en Amérique latine, s’est rendu vendredi à Villavicencio, dans l’est du pays, au bord des grandes plaines tropicales, la région des Llanos.
Lors de la messe qu’il y a célébrée, il a notamment dénoncé les violences faites aux femmes.
« Dans des communautés où nous décelons encore des styles patriarcaux et machistes, il est bon d’annoncer que l’Évangile commence en mettant en relief des femmes qui ont marqué leur époque et fait l’histoire », a-t-il déclaré, avant de plaider à nouveau pour la réconciliation.
« Se réconcilier, c’est ouvrir une porte à toutes les personnes et à chaque personne, qui ont vécu la réalité dramatique du conflit. Quand les victimes surmontent la tentation compréhensible de vengeance, elles deviennent des protagonistes plus crédibles des processus de construction de la paix », a ajouté le pape.
Spécialement acheminée pour l’occasion, une statue du Christ endommagée lors de l’attaque en 2002 par les Farc d’une église à Bojaya dans la province du Choco, sur la côte Pacifique, devait recevoir sa bénédiction.
Ce Christ en plâtre, sans bras ni jambes, est devenu le symbole de la violence qui a pendant des décennies ravagé la Colombie. L’attaque à Bojaya avait fait environ 80 morts parmi la population locale.
(Helen Murphy, avec Nelson Bocanegra et Anastasia Moloney à Villavicencio, Gilles Trequesser et Jean-Philippe Lefief pour le service français)