Lapo Elkann, de Fiat au prêt-à-porter de luxe

Lapo Elkann voit le jour en octobre 1977. Sa mère, Margherita Agnelli, est la fille unique de Giovanni Agnelli, aussi connu sous le surnom de « l’Avvocato », ancien président du groupe Fiat, sénateur et dirigeant de la Juventus de Turin. Son père, Alain Elkann, est un intellectuel franco-italien, très proche des milieux littéraires et politiques. Le couple voyage énormément et Lapo, ainsi que son frère aîné John et sa sœur cadette Ginevra, passent leurs premières années à New-York, à Rio de Janeiro, puis à Londres, avant de s’établir en France. Son bac en poche, Lapo effectue des stages incognito sur les chaines de montage d’une usine Piaggio, avant de servir sous les drapeaux en tant que chasseur alpin.

En 1998, il est engagé à Modène, chez Ferrari-Maserati, où il s’occupera durant quatre ans de la promotion de la marque. Après un intermède d’un an passé en tant qu’assistant personnel d’Henry Kissinger, très bon ami de la famille Agnelli, Lapo revient en Italie avec pour charge la promotion des marques du groupe Fiat, se spécialisant dans l’usage des nouveaux canaux de communication. La marque, présidée par son frère John, lui doit aussi le renouveau de la Fiat 500.

Et pourtant quelques zones d’ombres

Enfant hyperactif, élève dissipé renvoyé de nombreux lycées, la jeunesse de Lapo Elkann ne se déroule pas sans heurts. Il lui faut d’abord faire face au divorce de ses parents. Il lui faudra aussi s’adapter aux fréquents déménagements de la famille, provoquant des problèmes relationnels et lui demandant de constants efforts d’adaptation. Il y a aussi le poids, très difficile à porter, d’héritier du plus grand industriel de la Péninsule. Et, puis, surtout, ce lourd secret qu’il n’est parvenu à avouer qu’en 2013 : alors qu’il était scolarisé dans un établissement religieux, le jeune Lapo a été violenté et abusé sexuellement. Pour s’extraire de ces difficultés, Lapo Elkann développe deux cotés bien distincts de sa personnalité. Volontaire, combatif, il fait preuve d’une réelle détermination et s’investit sans compter dans le travail. Noceur et séducteur, il se réfugie aussi dans les paradis artificiels, au point de frôler la mort en 2005 suite à une overdose.

Renaissance personnelle et professionnelle

Après cet incident, Lapo décide de quitter Fiat et de monter sa propre société de design et de prêt-à-porter de luxe. Période délicate ; il lui faut en finir avec ses démons et s’investir professionnellement sur un secteur qu’il ne maitrise pas encore. Mais le pari est réussi et Italia Independent engrange vite les bénéfices. La marque, en proposant des produits déclinables « à l’infini », comme l’affirme son fondateur, vend lunettes de soleil, vêtements, mobilier et personnalise même certaines voitures, dont des Fiat et des Ferrari. En choisissant d’utiliser des produits innovants et en misant sur le concept « créé, élaboré, et conçu en Italie », l’entreprise a réalisé 18 millions de chiffre d’affaires en 2012, et est régulièrement saluée par la presse internationale.

Jamais à court de projets, l’ancien enfant terrible du clan Agnelli a aussi fondé une entreprise de communication (Independent Ideas), ainsi qu’une marque de vodka. Lapo Elkann, « homme le mieux habillé » selon le magazine Vanity Fair, semble avoir enfin trouvé l’apaisement et l’équilibre qui lui manquaient auparavant.

Sources des photos : www.autocult.fr / www.thesartorialist.com /

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