L’après présidentielle pour Alexis Corbière, porte-parole de la France insoumise
Candidat pour la deuxième fois à l’élection présidentielle, Jean-Luc Mélenchon est parvenu à supplanter le Parti socialiste avec 19,6 % des suffrages, représentant trois fois le score de Benoît Hamon. Le défi est désormais de taille pour le leader de France insoumise qui devra transformer ces scores en réalité politique durable. Pour cela, Jean-Luc Mélenchon peut compter sur ses plus fidèles soutiens, dont Alexis Corbière qu’il a choisi comme porte-parole durant sa campagne. Vieille de 20 ans, l’amitié entre les deux hommes a débuté en 1996 lors d’un meeting du Parti Socialiste. Depuis, les deux hommes ne se sont plus quittés. Et Alexis Corbière s’est battu aux côtés de son mentor dans tous ses combats que ce soit au Parti socialiste, au Parti de gauche, au Front de gauche et aujourd’hui au sien de La France insoumise.
Un engagement politique qui remonte à l’adolescence
Né à Béziers le 17 août 1968, Alexis Corbière est issu de la classe moyenne avec un père comptable EDF et une mère aide-laborantine. Cadet d’une famille de trois enfants, la famille réside tout d’abord en HLM avant d’accéder à une petite villa pavillonnaire. L’engagement politique d’Alexis Corbière remonte à l’adolescence où lycéen, il mène campagne contre l’apartheid et le racisme. En 1986, il se mobilise contre le projet de loi Devaquet qui introduit une sélection à l’entrée de l’université, et il participe activement à la grande grève générale des lycéens et étudiants.
Après le lycée, le jeune bachelier s’inscrit en fac de philosophie avant de bifurquer vers des études d’histoire tout d’abord à Montpellier puis à Paris. Durant ses études, il milite au sein de d’organisations trotskistes : OCI (Organisation communiste internationaliste) puis LCR (Ligue communiste révolutionnaire). L’appartenance à l’OCI est d’ailleurs un point commun entre Corbière et Mélenchon. Successivement, Alexis Corbière sera membre du comité central des deux organisations. Parmi les combats que le jeune militant mènera, on peut citer son opposition à la guerre du Golfe en 1991 et sa campagne en faveur du « Non » au référendum sur le traité de Maastricht.
Il s’engage ensuite dans le syndicat étudiant Unef-ID (Union nationale des étudiants de France indépendante et démocratique) dont il est élu vice-président en 1995. En 1996, après sa réussite au concours, il devient professeur d’histoire en lycée professionnel et enseigne pendant plusieurs années en Seine-Saint-Denis puis dans un établissement parisien du 12e arrondissement.
Alexis Corbière : un anti-FN de longue date
C’est en 1997 qu’Alexis Corbière rejoint la tendance Gauche socialiste (GS) du PS animée par Jean-Luc Mélenchon dont il est devenu proche. Parallèlement, il est élu au bureau national de l’association SOS Racisme et s’engage dans la lutte contre le Front national. En 1998, il co-écrit un ouvrage militant antiraciste et antifasciste : « Un apartheid à la française, 10 réponses à la préférence nationale » ( Cétacé, 1998) suivi par « Le Parti de l’étrangère » (Editions Tribord, 2012).
En 2000, il rejoint le cabinet de Mélenchon nommé ministre délégué à l’Enseignement professionnel par Lionel Jospin avant de devenir en 2001 conseiller de Paris, premier adjoint en charge des affaires scolaires, du XIIe arrondissement.
Après le 21 avril 2002 et l’évincement de la gauche du second tour de l’élection présidentielle, Alexis Corbière participe en 2003 à la création du club PRS (Pour la République sociale) alliant combats socialistes et républicains. Avec les militants de PRS, il fait campagne en 2005 pour le « Non » au référendum sur la Constitution européenne.
Création du Parti de gauche
En 2008, il rend sa carte du PS pour former avec Jean-Luc Mélenchon le Parti de gauche dont il devient secrétaire national. Lors de la campagne présidentielle de 2012, il est l’un des principaux animateurs du Front de gauche en charge de la riposte contre le FN dans l’équipe de campagne de Jean-Luc Mélenchon qui recueillera 11,1 % des suffrages.
Lors de l’élection de 2017, Jean-Luc Mélenchon réalise une progression spectaculaire avec 19,6 % des suffrages, toutefois insuffisante pour permettre sa qualification au second tour de la présidentielle. La défaite est difficile à digérer pour son porte-parole Alexis Corbière : « je suis un homme déchiré entre deux sentiments : la grande fierté d’avoir fait une campagne magnifique et le fait d’échouer de peu. »
L’après élection présidentielle
A quelques dixièmes de points de la troisième place, Jean-Luc Mélenchon réalise trois fois le score du Parti socialiste et fait jeu égal avec Les Républicains. Si on ajoute à ce score les déçus du socialisme qui ne se reconnaîtront pas dans la nouvelle majorité, cela laisse la place à un espace politique important pour restructurer et recomposer la gauche.
L’avenir du mouvement est essentiel pour ne pas gâcher cet élan qui a fait progresser Jean-Luc Mélenchon de 8 points depuis 2012. Aujourd’hui, il s’agit pour ses proches collaborateurs et ses soutiens de continuer à ancrer le mouvement localement en gagnant des députés, en remportant des élections locales et en faisant émerger des cadres. Car la question de la relève se pose. Aux prochaines élections présidentielles, Jean-Luc Mélenchon aura 71 ans ; mais le leader des insoumis devra-t-il lui aussi se plier aux reproches fait à cette « classe politique vieillissante » ?
Sources des photos : le figaro.fr / bfmtv.com /