Large victoire du parti pro-Poutine aux législatives russes
par Maria Kiselyova et Polina Devitt
MOSCOU (Reuters) – Russie unie, parti favorable au président Vladimir Poutine, a remporté une large victoire aux élections législatives de dimanche en Russie avec 54,2% des voix, contre 49% lors du scrutin de 2011, selon un décompte de la commission électorale portant sur 93% des bulletins.
Le Parti communiste arrive en deuxième position avec 13,5% des voix, juste devant les nationalistes du Parti libéral démocrate de Russie (PLDR), crédités de 13,3%. Le parti Russie juste obtient 6,2%.
Russie unie, qui occupait 238 des 450 sièges de la chambre basse sortante, devrait en récolter 343 dans la nouvelle Douma, selon une projection effectuée par la commission électorale après dépouillement de 93% des bulletins.
Les communistes devraient obtenir 42 sièges, contre 41 pour le PLDR et 21 pour Russie juste. Sur les principaux sujets, tous devraient voter avec Russie unie et éviter l’affrontement avec le Kremlin.
Les partis libéraux d’opposition ont quant à eux perdu le seul siège qu’ils détenaient lors de la précédente législature.
« Nous pouvons dire avec certitude que le parti a obtenu un très bon résultat, c’est gagné », a déclaré le président Vladimir Poutine au siège de Russie unie où il s’est rendu accompagné de son Premier ministre, Dmitri Medvedev.
Evoquant l’état de l’économie russe, qui devrait se contracter cette année de 0,3%, le chef d’Etat a déclaré: « Nous savons que la vie est dure pour le peuple, il y a beaucoup de problèmes, beaucoup de problèmes qui ne sont pas résolus. Pourtant, nous avons obtenu ce résultat. »
L’écrasante domination de ce parti fondé par Vladimir Poutine et dirigé par ses alliés est primordiale pour le maître du Kremlin, qui sera selon toute vraisemblance candidat à un nouveau mandat présidentiel en 2018.
Russie unie bénéficie elle-même de la popularité du président qui, à 63 ans et après 17 ans au pouvoir comme chef de l’Etat ou Premier ministre, jouit d’une cote d’environ 80% dans les sondages.
« Il est évident que l’écrasante majorité des électeurs ont exprimé leur soutien pour le président. Une fois de plus, le président a obtenu un vote de confiance impressionnant de la part du peuple », a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, lors d’une conférence de presse.
Interrogé sur la perspective de voir Vladimir Poutine se représenter à la présidence en 2018, il n’a pas répondu.
RAPPORT CRITIQUE DES OBSERVATEURS DE L’OSCE
Le taux de participation n’a cependant atteint que 47% des inscrits, contre 60% en 2011. Cette forte abstention s’expliquerait selon des analystes par le désenchantement de nombreux Russes face aux difficultés économiques, aggravées par les sanctions occidentales imposées depuis la crise ukrainienne.
Une majorité d’électeurs russes ne voient toutefois aucune alternative viable à Poutine et ses alliés et redoutent un retour au chaos et à l’instabilité des années 1990 qui ont suivi l’effondrement de l’Union soviétique.
Les Etats-Unis ont estimé que l’opposition avait été sérieusement désavantagée du fait des restrictions imposées à la liberté d’expression et des obstacles dressés pour l’enregistrement des partis et des candidats.
« L’organisation des élections a été bonne, mais il y a eu de fortes restrictions à la liberté d’expression et de rassemblement », a dit à la presse, lors d’une visite à Varsovie, Tom Malinowski, secrétaire d’Etat adjoint chargé de la démocratie et des droits de l’homme.
La mission d’observation de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a jugé de son côté que les élections n’avaient pas été à la hauteur des normes démocratiques.
Lors d’une conférence de presse lundi à Moscou, le parlementaire finlandais Ilkka Kanerva, coordinateur spécial de l’OSCE pour les élections, a indiqué que les observateurs avaient noté certaines améliorations, notamment une transparence accrue dans le dépouillement des bulletins de vote.
Mais il a ajouté que le tableau général restait marqué par des problèmes, déplorant notamment une restriction des droits fondamentaux et le contrôle des médias qui empêche un débat normal.
« L’environnement électoral a été négativement affecté par des limitations des libertés et droits politiques fondamentaux, des médias fermement contrôlés et une mainmise renforcée sur la société civile », a-t-il dit.
(avec Andrew Osborn et Dmitry Soloviov; Jean-Stéphane Brosse, Henri-Pierre André et Eric Faye pour le service français)