L'astrophysicien britannique Stephen Hawking est mort à 76 ans
LONDRES (Reuters) – L’astrophysicien britannique Stephen Hawking, qui a cherché à résoudre les secrets les plus complexes de l’univers tout en luttant contre une maladie dégénérative aiguë toute sa vie d’adulte, est mort mercredi à l’âge de 76 ans.
Devenu le scientifique le plus connu du grand public de par le monde, il était l’auteur de travaux sur les trous noirs, le Big Bang et la cosmologie quantique.
Sa renommée internationale remonte à la publication d’un livre de vulgarisation, dont le succès de librairie fut planétaire, « Une brève histoire du temps » paru en 1988.
Considéré comme l’un des plus grands esprits scientifiques contemporains et devenu un sorte de « star de l’astrophysique », Stephen Hawking s’est efforcé de comprendre aussi bien l’immensité de l’espace que l’univers sous-moléculaire de la théorie quantique qui, selon lui, était en mesure de prédire le début et la fin des temps.
Il s’est éteint paisiblement à son domicile, dans la ville de Cambridge, au cours des premières heures de la journée.
« Nous sommes immensément tristes d’annoncer que notre père adoré est décédé aujourd’hui », ont dit ses enfants, Lucy, Robert et Tim. « C’était un grand scientifique et un homme extraordinaire dont l’oeuvre et l’héritage vivront pendant des années », poursuit sa famille.
La puissance des facultés intellectuelles de Stephen Hawking contrastait cruellement avec la faiblesse d’un corps souffreteux, terrassé par une dystrophie neuromusculaire attribuée à une sclérose latérale amyotrophique (SLA).
Appelée familièrement en France la maladie de Charcot, elle conduit à une paralysie complète et, en général, à la mort en quelques années. Elle s’était déclaré chez lui à l’âge de 21 ans et les médecins ne lui avaient alors donné que deux ans à vivre.
CLOUÉ DANS UN FAUTEUIL
Stephen Hawking a ainsi été contraint de passer l’essentiel de son existence cloué dans un fauteuil roulant.
A mesure que son état empirait, il a dû avoir recours à un synthétiseur de voix pour parler, ne pouvant plus communiquer que par le mouvement de ses sourcils.
La maladie l’a conduit à travailler toujours davantage, ce qui a contribué à l’échec de ses deux mariages, a-t-il raconté dans son récit autobiographique « Ma brève histoire » (2013).
Lors de la parution d' »Une brève histoire du temps (‘A Brief History of Time’), il avait dit avoir écrit ce livre pour partager son propre enthousiasme à propos de récentes découvertes autour de l’origine de l’univers.
Et il s’était montré particulièrement fier du fait que son ouvrage ne contenait qu’une équation mathématique, le fameux E=MC² de la théorie de la relativité.
Son ambition, avec cet ouvrage, était de le voir « en vente dans toutes les boutiques d’aéroport ».
Pour s’assurer que la vulgarisation fonctionnait, il l’avait fait lire à ses infirmières. « Je pense qu’elles avaient pratiquement tout compris », dira-t-il.
En 2014, le film « Une merveilleuse histoire du temps », avec l’acteur Eddie Redmayne, racontait les débuts de sa maladie et ses premiers pas de brillant étudiant s’attaquant au concept du temps.
300 ANS APRÈS NEWTON
Né à Oxford le 8 janvier 1942, son père, biologiste en médecine tropicale, souhaite qu’il devienne médecin. Mais c’est la physique qui l’attire.
D’abord à l’Université d’Oxford puis à celle de Cambridge, où est diagnostiquée sa maladie dégénérative paralysante.
De son handicap, il tentera de faire, paradoxalement, un atout. Il raconte dans ses mémoires ne pas avoir eu à donner de cours ni « à passer des heures dans des réunions de commissions et avoir pu me consacrer complètement à la recherche ».
Reconnaissant être devenu « sans doute le scientifique le plus connu dans le monde », il avait estimé que c’était en partie dû au fait qu’il était « le stéréotype du génie handicapé ».
Une célébrité qui le voit jouer son propre rôle dans des séries télévisées, comme « Star Trek ».
Stephen Hawking avait obtenu en 1979 la chaire de professeur lucasien de mathématiques de l’université de Cambridge, un poste occupé 300 ans avant lui par Isaac Newton. Il la conserva jusqu’en 2009.
ESPACE-TEMPS
Dès les années 1970, Stephen Hawking s’intéresse aux trous noirs, ces zones dans l’espace-temps qui absorbent toute lumière et matière.
Et à partir de 1974, il se concentre sur l’idée de relier les deux grandes théories de la physique moderne, la théorie de la relativité d’Einstein – l’espace-temps ne forme qu’une seule entité et la gravité influence l’écoulement du temps – et les théories dites quantiques, qui décrivent le comportement des atomes et des particules.
Stephen Hawking propose alors la théorie d’un univers reposant sur deux concepts du temps : le « temps réel », à savoir celui que l’être humain ressent, et sur le mode quantique le « temps imaginaire ».
Le temps, explique-t-il alors, peut être perçu comme une ligne horizontale.
« A gauche, il y a le passé, à droite, l’avenir. Mais il existe une autre sorte de temps, en direction verticale. C’est ce qu’on appelle le temps imaginaire, parce qu’il s’agit d’un temps que nous ne percevons pas normalement mais qui, d’une certaine manière, est tout aussi réel que ce que nous appelons le temps ».
Lors d’un séminaire en 2002, Stephen Hawking avait admis que le but qu’il s’était fixé d’expliquer tout sur l’univers, son origine et son évolution, d’aboutir à une sorte de « théorie du déterminisme », ne serait sans doute jamais atteint.
Quant à la place de Dieu dans son oeuvre, il avait un jour répondu : « D’une certaine manière, si nous comprenons l’univers, nous sommes dans la position de Dieu ».
par Stephen Addison
(Benoit Van Overstraeten et Gilles Trequesser pour le service français)