Laurence Boone remplace Emmanuel Macron depuis l’été 2014 pour conseiller l’Elysée sur les questions macro-économiques. Même si elle affirme avoir des « inclinations de gauche », son passé de banquière d’affaires dérange.
Peut-on travailler pour de grandes banques sans être ultralibéral ? Le monde des affaires doit-il être un ennemi ou doit-on au contraire en faire un allié de la politique économique gouvernementale ? Le sujet divise tout autant les citoyens que la classe politique. Mais les choix de François Hollande pour se faire conseiller sur les questions macro-économiques font jaser tant ils ne semblent pas en adéquation avec son ambition affichée au Bourget de faire du monde de la finance son ennemi. Pour remplacer Emmanuel Macron, ancien banquier d’affaire débauché du groupe Rothschild, l’Elysée a fait appel à Laurence Boone qui cumulait encore il y a quelques mois les fonctions de chef économiste chez Bank of America Europe et de membre du conseil d’administration de Kering.
Une économiste tournée vers l’international
Cette française d’origine irlandaise aime à se présenter comme une « enfant d’Erasmus », en référence au programme d’échanges universitaires entre pays européens. Diplômée tour à tour de l’université de Nanterre où elle obtient un DEA en modélisation et analyse quantitative, de la London Business School qui lui remet un doctorat en économie, puis de l’université de Reading au Royaume-Uni où elle se spécialise dans l’économétrie, Laurence Boone est une économiste pluridisciplinaire.
Son parcours professionnel est tout autant fourni, alternant expertise pour des organisations publiques telles que le Centre d’études prospectives et d’informations internationales (CEPII) ou l’OCDE, des postes de direction pour des grands groupes bancaires comme Barclays ou Bank of America Merrill Lynch et une vocation pour l’enseignement, qu’elle exerce notamment à Sciences Po Paris, Polytechnique ou encore l’Ecole normale supérieure de Cachan.
Laurence Boone une spécialiste du chômage à l’Elysée
La présence de Laurence Boone à l’Elysée depuis bientôt un an a beau ne pas plaire à tout le monde, elle a un atout indéniable : elle est une spécialiste de la question du chômage. C’était d’ailleurs le sujet de sa thèse de doctorat qui portait sur le « filtre de Kalman appliqué aux taux structurels de croissance et de chômage ». La « croissance », le mot qui fait rêver notre président.
Mais malgré les compétences certaines de Laurence Boone et son expertise dans le domaine des sorties de crises, certains s’interrogent, y compris au sein du parti socialiste sur la légitimité d’une banquière d’affaire à conseiller notre président sur ses choix stratégiques en matière d’économie. Lui même qui assurait vouloir déclarer la guerre au monde de la finance ne s’est pas montré très coercitif dans la lutte contre la dérégulation bancaire. A-t-il décidé de combattre le mal par le mal en s’entourant de spécialistes du sujet (Emmanuel Macron et Laurence Boone), ou doit-on y voir un changement de cap dans la politique gouvernementale, un « virage à droite », faisant suite à la nomination de Manuel Valls au poste de Premier ministre ?
On ne peut toutefois pas accuser Laurence Boone de conflit d’intérêt, cette dernière ayant quitté ses fonctions au sein de la Bank of America et son siège au conseil d’administration de Kering au début de ses nouvelles fonctions élyséennes.
Quoiqu’il en soit, l’actualité politique nous prouve, jour après jour, que n’avoir jamais fait carrière en dehors des partis n’est aucunement un gage d’exemplarité. Peut-être cette jeune professionnelle de quarante-cinq ans seulement apportera-t-elle un peu d’énergie et des idées nouvelles à la politique gouvernementale!
Sources des photos : www.france24.com / www.contexte.com